Les idées reçues sur ces animaux ont la vie dure : renard roux, belette, fouine et martre des pins sont classés par les services de l'État dans la catégorie des animaux nuisibles pouvant occasionner des dégâts. Or ces petites bêtes rendent bien des services, notamment aux agriculteurs, en évitant la prolifération des rongeurs. Une société savante milite pour changer notre regard sur ces animaux.


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    Saviez-vous que le renard roux, la fouine, la belette et la martre des pins, aussi attachantes soient-elles, étaient toutes considérées comme des nuisibles ? Une société savante milite pour que ces animaux ne soient plus perçus comme tels, en raison de leur rôle précieux pour la Planète, et plus particulièrement pour la régulation des écosystèmes.

    C'est un combat de longue haleine qui connaîtra peut-être une issue favorable d'ici cet été. Depuis plusieurs mois, la Société française pour l'étude et la protection des mammifères (SFEPM) milite pour que le renard roux, la belette, la fouine et la martre des pins ne soient plus perçues comme des espècesespèces « nuisibles ». Ces mammifères figurent en effet officiellement dans la liste des « espèces susceptibles d'occasionner des dégâts » (ESOD). Fixée par arrêt ministériel tous les trois ans, la prochaine liste sera renouvelée par le ministère de la Transition écologique en juillet 2023. Une occasion que la SFEPM ne compte pas laisser passer.

    La société savante milite en effet pour que ces animaux ne figurent plus sur ladite liste. Il faut dire que cette étiquette n'est pas dénuée de conséquences pour ces bêtes, puisque le fait d'être considéré comme espèce nuisible ouvre le droit à leur chasse et à leur capture. « Certains mammifères et carnivorescarnivores font l'objet d'opérations de destruction. La loi prévoit en effet leur abattage dans le but de réduire les dégâts à l'agricultureagriculture, à la sylviculturesylviculture, à l'élevage, à la biodiversitébiodiversité ainsi que les risques sanitaires », rappelle la SFEPM.

    Le renard, petit mammifère canidé, la fouine, la belette et la martre (notre photo), de la famille des mustélidés, sont des petits prédateurs dont le rôle d'auxiliaire régulateur est précieux pour l'agriculture. © ondrejprosicky
    Le renard, petit mammifère canidé, la fouine, la belette et la martre (notre photo), de la famille des mustélidés, sont des petits prédateurs dont le rôle d'auxiliaire régulateur est précieux pour l'agriculture. © ondrejprosicky

    Des réputations injustifiées

    Diabolisé depuis des siècles, le renard est affublé de réputations peu flatteuses : fourbe, porteur de maladie, destructeur de poulailler, semeur de troubles en tout genre... Plus discrètes et moins stigmatisées que le renard dans l'imaginaire collectif, la belette, la martre des boisbois et la fouine (qui appartiennent toutes trois à la famille des mustélidés) sont également pointées du doigt pour les risques qu'elles peuvent causer dans les champs agricoles, notamment les poulaillers.

    Mais les réputations de ces animaux sont largement usurpées. Le renard est par exemple plutôt discret et craint les humains. Certes, c'est un prédateur avide de volatiles, mais il se nourrit aussi d'insectesinsectes et de rongeursrongeurs, eux-mêmes responsables de dégâts dans les champs, ce qui permet en fait de protéger les cultures agricoles de nuisibles, ainsi que de limiter l'usage de pesticidespesticides.

    La fouine, la belette et la martre qui se nourrissent également de rongeurs, remplissent un rôle similaire dans la régulation des écosystèmes et la protection des champs agricoles. Les potentiels dommages qu'elles peuvent causer dans les combles des maisons ou dans les jardins sont par ailleurs facilement évitables. Il suffit par exemple d'installer des grilles épaisses autour des poulaillers ou de combler les trous dans les maisons afin que ces petits mammifères ne puissent pas se faufiler à travers.

    Des risques sanitaires qui ne sont plus d'actualité

    Quant aux risques sanitaires, notamment ceux attribués aux renards, ils ne sont plus d'actualité. Comme le souligne France Nature Environnement, le renard rouxrenard roux n'est aujourd'hui plus porteur de la rage. « En 2001, la ragerage du renard a été éradiquée, le dernier cas de rage "vulpine" datant de 1998. Un réseau de surveillance de la faunefaune sauvage est en place sur tout le territoire national et permet de repérer tout animal présentant des signes de la maladie », précise la Fédération sur son site internet.

    D'après une étude réalisée en 2017 par The Royal Society, le renard roux et la fouine, qui consomment tous deux des insectes, pourraient même représenter des armes efficaces pour réduire le risque d'infections transmises par les tiques telles que la maladie de Lyme.