« Bêtes de science », c’est comme un recueil d’histoires. De belles histoires qui racontent le vivant dans toute sa fraîcheur. Mais aussi dans toute sa complexité. Une parenthèse pour s’émerveiller des trésors du monde. Pour ce nouvel épisode, embarquons pour le monde des émotions. Pour tenter de mieux comprendre ce que ressentent les animaux. En écoutant battre leur cœur !


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    Vous est-il déjà arrivé de rentrer chez vous et de trouver un paquetpaquet de biscuit éventré, jonchant le sol ? Le paquet de biscuit que vous aviez laissé négligemment traîné sur la table. Et, à côté du paquet de biscuit éventré, un chien au regard triste, les oreilles basses et la queue entre les pattes ? Normal, votre compagnon sait qu'il a fait quelque chose de mal. Il se sent coupable. Erreur, disent les chercheurs. En pareille situation, votre chien se sent très probablement triste - d'autant plus si vous êtes proches l'un de l'autre. Mais ce n'est certainement pas parce qu'il a conscience de sa bêtise. Seulement parce qu'il réagit ainsi à votre propre irritation.

    Le saviez-vous ?

    En 1872 déjà, Charles Darwin décrivait une gamme d’émotions « innées » et « évoluées », entre autres chez les chiens, les chats, les chimpanzés et les cygnes.

    La question de la distinction délicate entre sentiment et émotion. Pour les spécialistes, une émotion devient sentiment lorsque la personne qui la ressent est capable d'en identifier les causes et les effets. Ce point très précis reste débattu. Cependant, après plus de 40 années de débats nourris, les éthologues semblent aujourd'hui s'accorder sur le fait que les animaux peuvent, a minima, ressentir des émotions. L'Union européenne reconnaît d'ailleurs les animaux comme des « êtres vivants sensibles » depuis 2008. Pour la France, il a fallu attendre 2015.

    L'amour, la tristesse, ressentie par les mamans dauphins lorsqu'elles perdent un petit, la colère, la joie exprimée par votre chien lorsque vous rentrez auprès de lui après une journée de travail, et la peur sont donc autant d'émotions que peuvent ressentir nos amis les animaux. L'ennui, pour nous, humains qui vivons à leurs côtés, c'est qu'ils ne peuvent pas exprimer ces émotions par des mots. Résultat : il nous arrive régulièrement de mal les interpréter.

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    Les chiens seraient capables de lire nos émotions

    Pourtant, apprendre à lire les émotions de nos animaux pourrait être d'une grande importance. Comprendre ce qui les stresse ou ce qui les rend malheureux pourrait nous aider à améliorer leur bien-être, aussi bien dans les zoos que dans les fermes ou dans nos maisons.

    En écoutant battre le cœur de nos animaux, les chercheurs espèrent mieux comprendre les émotions qu’ils ressentent. © Ermolaev Alexandr, Adobe Stock
    En écoutant battre le cœur de nos animaux, les chercheurs espèrent mieux comprendre les émotions qu’ils ressentent. © Ermolaev Alexandr, Adobe Stock

    Le cœur, révélateur d’émotions

    Pour y voir plus clair, des chercheurs ont décidé non pas d'ouvrir leur cœur, mais de se pencher sur celui des animaux. De manière un peu moins poétique, ils ont mesuré des fréquences cardiaques dans diverses situations. Et voici ce qu'ils ont appris.

    Lorsque des oies cendrées se battent, leur fréquence cardiaque augmente, passant de 84 battements par minute à quelque 157. Même observation lorsqu'elles assistent simplement à un combat entre des congénères. Les signes évidents d'une intense excitation émotionnelle. La fréquence cardiaque augmente encore plus lorsque l'une des oies impliquées dans le combat est parente de l'observatrice. Et encore un peu plus lorsque ses chances de l'emporter sont faibles. Les chercheurs parlent de contagion émotionnelle. Lorsqu'un individu est affecté par les émotions d'un autre. Une contagion qui s'observe à un autre niveau encore chez le chien. Capable de synchroniser son rythme cardiaque -- ses émotions -- sur celui d'un individu d'une autre espèce. Sur celui de son humain, bien sûr.

    La fréquence cardiaque d'un chimpanzéchimpanzé, quant à elle, peut varier du simple fait de lui montrer des images de chimpanzés agressifs ou amicaux. De quoi supposer qu'il est capable de reconnaître les émotions de ses semblables. Pour d'autres -- les chèvres ou les chevaux, par exemple --, c'est l'engagement dans une activité d’apprentissage qui fait battre leur cœur.

    Les chats peuvent être stressés par nos caresses sans trop en laisser paraître. © Kristina Blokhin, Adobe Stock
    Les chats peuvent être stressés par nos caresses sans trop en laisser paraître. © Kristina Blokhin, Adobe Stock

    Des mesures de fréquences cardiaques ont même permis de lire les émotions bien cachées de certaines bêtes. Celles d'ours noirsours noirs, stressés par la présence de drones, mais qui n'en laissent jamais rien paraître, par exemple.

    Elles ont aussi montré que des chiens effrayés par les feux d'artifice étaient rassurés par la présence de leur humain, que les chats peuvent se sentir stressés par certains types de caresses ou que les chiens abandonnés sont apaisés lorsqu'on leur joue de la musique. Autant de manières d'améliorer le bien-être de nos animaux de compagnie. Et autant de preuves qu'écouter leur cœur -- nos cœurs -- n'est pas si bête !