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    Dans la seconde moitié du XVIsiècle, l'astronomeastronome danois Tycho Brahe fit une étonnante découverte, remettant en cause l'immuabilité du ciel.

    Échos lumineux de V838 Mon. © Nasa, ESA, DP

    Échos lumineux de V838 Mon. © Nasa, ESA, DP

    Qu'est-ce qu'une nova ? À l'origine, en 1573, ce nom désignait une « nouvelle étoile ». Il vient du titre abrégé d'un livre de Tycho Brahe, De Nova Stella.

    Comme la totalité des savants de son époque, Tycho ignorait que l'objet qu'il décrivait dans cet ouvrage n'était pas un nouvel astre dans le ciel, mais tout simplement une étoile jusqu'alors invisible à l'œilœil nu, et dont la luminositéluminosité avait augmenté soudainement. Au XXe siècle, Walter Baade et Fritz Zwicky forgeront le terme de supernova pour parler du même phénomène lorsqu'il est particulièrement violent. Une supernova peut en effet dégager en quelques heures l'équivalent de l'énergie émise par le Soleil en 10 milliards d'années ! Sans entrer dans les explications scientifiques, je voudrais ici m'intéresser au seul aspect historique.

    Une « nouvelle étoile » dans le ciel immuable ?

    Lorsque Tycho Brahe découvrit en novembre 1572 l'existence d'une « nouvelle étoile », les érudits européens croyaient mordicus à l'immuabilité du ciel, fait qu'ils acceptaient sans discussion. Cette idée héritée de Pythagore, qui fut ensuite adoptée par Platon et AristoteAristote, avait presque acquis le statut d'un dogme quand l'Église catholique s'en empara à l'instigation notamment de Thomas d'Aquin. Or, Aristote n'admettait de changements dans le ciel que pour les phénomènes atmosphériques, pluies, nuagesnuages, étoiles filantesétoiles filantes, etc., c'est-à-dire se passant dans l'airair, donc dans ce qu'il appelait le monde sublunaire. Au-dessus, il faisait valoir que les phases de la Lunephases de la Lune et le mouvementmouvement erratique des planètes n'étaient pas des « changements » puisqu'ils étaient périodiques, donc prévisibles.

    Orion dans la mythologie.

    Orion dans la mythologie.

    Il fallait du courage à Tycho Brahe pour évoquer une « nouvelle étoile ». En l'absence de cartes fiables et complètes du ciel, qui pouvait garantir qu'elle était vraiment nouvelle ? Combien d'astronomes n'auraient-ils pas préféré en attribuer l'image à une illusion d'optique plutôt que de courir le risque de se couvrir de ridicule ? Tycho attendit donc sa disparition en mars 1573 pour acquérir la certitude qu'il se passait quelque chose d'étrange, quelque chose qui contredisait formellement le dogme de l'immuabilité du ciel.

    Il existe tout de même des témoignages antérieurs d'observations de novaenovae. Selon Pline, Hipparque, au deuxième siècle avant notre ère, avait eu l'idée de préparer son catalogue après avoir découvert une « nouvelle étoile » dans la constellation du Scorpionconstellation du Scorpion. Il semble qu'aucun texte antérieur, babylonien ou grec, ne fait mention de ce genre d'astre. Il est vrai que les repérer n'est pas aisé si l'on ne dispose pas de bonnes cartes du ciel : c'était le cas à Babylone et en Grèce. D'ailleurs, dans le monde pré-télescopique, il a fallu attendre Tycho Brahe pour en avoir un relevé fiable : son Astronomiae instauratae progymnasmata (1602) contient un catalogue précis des 777 principales étoiles.