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    La propulsion liquide

    La propulsion liquide

    Le principe de la propulsion liquide est plus complexe. Ici le combustible et le comburant (les deux « ergols ») sont stockés séparément, à l'état liquideétat liquide et à basse pression (de l'ordre de 2 bars), dans deux sphères de stockage. A l'allumage du moteur, ils montent en pression et sont injectés conjointement dans la chambre de combustionchambre de combustion du moteur. La réaction chimiqueréaction chimique crée alors une combustion très vive qui produit une grande quantité de gazgaz à hautes températures et pressions. Ces gaz sont accélérés dans la tuyèretuyère à des vitessesvitesses de 2000 m/s à 3000m/s puis éjectés.

    A - Une prouesse technologique et un cauchemar d'horloger

    Les contraintes de ce type de propulsion sont nombreuses. En effet, contrairement à la propulsion solidesolide, il ne suffit plus d'insérer un bloc de propergolspropergols dans le moteur, puis de « mettre le feufeu aux poudres » pour l'allumer. L'extrême réactivité des deux ergols impose qu'ils ne soient pas mis en présence avant leur entrée dans la chambre de combustion. En effet, avec la tuyère, seule cette partie du moteur dispose de suffisamment de protections thermiques pour ne pas fondre sous la chaleurchaleur.

    Ainsi, le moteur n'est plus simplement constitué d'une chambre de combustion, d'une tuyère et d'un allumeur comme dans le cas du solide, mais également de réservoirs, de turbopompesturbopompes et d'un important réseau de lignes d'alimentation.

    Image du site Futura Sciences


    Sur cette photo du moteur Vulcain - © ESAESA, on peut mieux apprécier la densité du réseau de lignes et de vannes d'alimentation qui entourent la chambre de combustion d'un moteur à ergols liquides. Une tuyauterie à faire blêmir le plus patient des plombiers...

    La seconde grande difficulté provient de la pressurisation des ergols. En effet, si ceux-ci doivent être injectés à haute pression (supérieure à cent bars) dans le divergent (pour améliorer les performances de la combustion et donc la poussée), ils ne peuvent être stockés à une telle pression. Pourquoi ? Simplement parce que plus un liquide est pressurisé, plus il pèse lourd. Et il est facilement compréhensible que plus la massemasse de la fuséefusée est importante, plus il est difficile de l'arracher au sol. Ainsi, les ergols sont stockés à des pressions de 2 ou 3 bars (2 à 3 fois la pression atmosphériquepression atmosphérique) et doivent être pressurisés avant leur entrée dans le moteur. Il faut donc ajouter à cette « plomberie » complexe un cauchemar d'horlogerhorloger, sous la forme de deux turbopompes qui pressurisent les ergols et doivent tourner pour ce faire à plusieurs dizaines de milliers de tours par minutes. Une particule de la taille d'un grain de sablesable dans les rouages, et c'est l'explosion !

    <br />Pressurisation de l'hydrogène et de l'oxygène par turbopompes <br />du moteur cryotechnique Vulcain 2, (d'après un document CNES - ARIANESPACE).


    Pressurisation de l'hydrogène et de l'oxygène par turbopompes
    du moteur cryotechnique Vulcain 2, (d'après un document CNES - ARIANESPACE).

    B - La question du stockage des ergols

    Les ergols susceptibles d'être utilisés dans les moteurs liquides sont nombreux, et se distinguent par leur température de stockage. Ce que les motoristes recherchent quand ils font le choix des composants chimiques est une réaction qui dégage le plus d'énergieénergie possible, mais aussi des constituants très légers. Encore une fois, tout est une affaire de compromis.

    Si le kérosènekérosène peut être conservé à température ambiante, il n'en est pas de même du couple OxygèneOxygène - HydrogèneHydrogène (ou plus précisément LOXLOX/LH2LH2) utilisés dans les moteurs Vulcain et Vulcain 2 des fusées Ariane, qui, pour être stockés puis utilisés à l'état liquide, doivent être maintenus à des températures nettement inférieures à zéro degré celsiusdegré celsius. Ces ergols, dits cryotechniquescryotechniques, doivent faire l'objet de précautions particulières, et imposent en particulier ce que l'on nomme une mise en froid du moteur avant la mise à feu.

    <br />Sphères de stockage d'ergols &copy; EADS


    Sphères de stockage d'ergols © EADS

    La mise en froid, qui a souvent lieu à H0 - 5 secondes, consiste en un balayage au gaz neutre (ne réagissant pas avec les ergols, tel l'héliumhélium) et cryogénique des lignes et vannes d'alimentation du moteur, afin que lors du début de l'injection, tout le circuit de distribution soit assez froid pour le passage des ergols cryotechniques.

    C - Les avantages de la propulsion liquide

    Ils sont très nombreux. Une fois qu'on arrive à passer outre la complexité de moteur liquide, il offre tout un champ de nouvelles possibilités.

    Tout d'abord, il est réallumable. Ceci permet de le tester sur banc d'essai et de réaliser une expertise complète en terme de pressions, de températures et de poussée avant de l'intégrer au lanceurlanceur. Cela signifie également qu'il peut être éteint en vol si un incident survient dans l'étage, et qu'il peut être utilisé pour plusieurs manœuvres séparées dans le temps, ce qui lui confère un avantage non négligeable par rapport aux moteurs solides.

    Ensuite, le moteur liquide peut être à poussée variable, c'est-à-dire qu'en théorie, son accélération peut être contrôlée en temps réel. Néanmoins, il n'est pas possible de piloter une fusée comme une voiturevoiture et, dans la pratique, un moteur ne fonctionne que sur un ou deux points de réglage. Dans le cas d'Ariane 5Ariane 5 équipée d'un moteur Vulcain 2 et deux boostersboosters à propergol solide :

    - Le moteur Vulcain 2 fonctionne sur un point de réglage « bas » entre H0 et H0+110 secondes. Ce choix est motivé par le co-allumage des deux boosters à poudre, dont les poussées cumulées suffisent à arracher la fusée du sol ;

    <br />Fusée Ariane 5 au décollage &copy; Crédit Arianespace


    Fusée Ariane 5 au décollage © Crédit Arianespace

    - Les deux boosters à propergol solide sont allumés, ainsi que le moteur liquide cryotechnique Vulcain 2 ;

    - Pendant les cent premières secondes de vol, de par la présence des boosters, le moteur fonctionne sur un point « bas » ;

    - Ensuite il fonctionne sur un point supérieur, afin de pallier à la perte de poussée due au largage des boosters ;

    - Enfin, au terme de la traversée de l'atmosphèreatmosphère il repasse sur le même point « bas ». Ici, c'est la pression atmosphérique qui est moins élevée, et la poussée du moteur qui s'en trouve accrue.