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Le président de la République et le ministre Arnaud Montebourg ont dévoilé une liste de 34 projets dits d'avenir pour aider l'industrie. De nombreux secteurs sont concernés, notamment ceux des technologies de l'information et du transport, où l'on imagine des voitures sans pilote ou à faible consommation, des TGV de nouvelle génération, des dirigeables pour les charges lourdes, ou encore des avions et des satellites à propulsion électrique. Dans ce contexte, le Cnes (Centre national d'études spatiales) a été nommé chef de projet des satellites à propulsion électrique.
L'idée de cette liste, préparée par le cabinet d'audit McKinsey (et non pas par le gouvernement), est de soutenir les filières identifiées comme les plus porteuses dans l'économie mondiale et s'appuyant sur des technologies que la France maîtrise. Il s'agit également de défendre et pérenniser les secteurs d'activité d'avenir qui occupent aujourd'hui une position forte sur leurs marchés respectifs. C'est le cas du secteur de l'industrie spatiale, dans lequel la France est numéro un européen : si elle ne veut pas perdre sa place de leader, elle se doit de suivre l'évolution du marché et de la demande. Et la propulsion électrique est particulièrement attendue des opérateurs de satellites, notamment pour les satellites utilisés depuis l'orbite géostationnaire.
La France parie sur la propulsion électrique pour les satellites
L'intérêt de la propulsion électrique pour un satellite de télécommunications est qu'elle optimise la masse du satellite au profit de la charge utile, en réduisant la masse d'ergols chimiques embarqués. Principal inconvénient, le délai de la mise à poste est allongé. Alors qu'il faut quelques jours pour qu'un satellite classique (en propulsion chimique) rejoigne sa position géostationnaire, c'est plusieurs mois qui sont nécessaires à un satellite mû par la seule propulsion électrique.
Le module de service d'Alphabus, ici vu dans les locaux cannois de Thales Alenia Space, utilise la propulsion électrique afin d’optimiser la masse du satellite au profit de la charge utile, en réduisant la masse d’ergols chimiques embarqués. © Thales Alenia Space
L'industrie spatiale française, l'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne (Esa) et le Cnes n'ont évidemment pas attendu le gouvernement français pour prendre le virage de la propulsion électrique et répondre à ces besoins futurs clairement identifiés. Nos deux grands champions, Astrium et Thales Alenia Space, ont chacun des produits en cours de développement. On citera en exemple la plateforme Alphabus de nouvelle génération qui comprend une alimentation électrique : le premier satellite qui l'utilise, Alphasat, a été lancé cet été par une Ariane 5Ariane 5. Et que dire du projet de l'Esa de la plateforme électrique Neosat auquel participe le Cnes. Cette future installation, destinées à des satellites de 3 à 6 t, devrait amener un gain de compétitivité de l'ordre de 30 % en s'appuyant notamment sur la propulsion électrique. Cependant, si la propulsion électrique est une des solutions d'avenir, elle n'est pas une fin en soi. Comme le souligne Eric Béranger, le patron de la branche satellites d'Astrium, les satellites du futur ne seront pas tous « uniquement électriques mais plutôt "plus électriques" ».
Enfin, on citera le projet d'avion électrique, un vrai pari sur l'avenir - lointain -, tant cette technologie n'est pas suffisamment mûre pour envisager à court et moyen terme (une dizaine d'années) la mise sur le marché d'un avion de transport de passagers. Dans ce domaine, les initiatives les plus visibles sont celles d'EADSEADS qui, lors du Salon du Bourget 2013, a présenté l'E-fan, un concept d’avion de tourisme électrique après son Cri-Cri, le premier quadrimoteur de voltige tout électrique au monde dévoilé lors du Salon de 2011. La présentation générale des 34 projets est accessible sur le portail du gouvernement, et le détail sur le site du ministère du Redressement productif.