C’est l’ultime preuve de l’échec de la sonde japonaise. Le 25 avril, la compagnie iSpace avait tenté de poser sa sonde Hakuto-R à la surface de la Lune, mais échoua. Le Lunar Reconnaissance Orbiter (LRO) de la Nasa a pu repérer et imager le site du crash.


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    En orbite lunaire, le LROLRO a pu prendre plusieurs images du site où était censée se poser la sonde. Dix images ont été prises au lendemain du crash par les caméras à haute résolutionrésolution. Elles ont couvert la surface sur des dizaines de kilomètres. À partir de ces images, les équipes se sont mises à chercher des traces d'impact.

    Site initialement prévu pour le posé (qui était censé se produire à l'emplacement indiqué par la croix bleue). © Nasa, GSFC, <em>Arizona State University</em>
    Site initialement prévu pour le posé (qui était censé se produire à l'emplacement indiqué par la croix bleue). © Nasa, GSFC, Arizona State University

    L'analyse du crash va se poursuivre

    En comparant avec une image prise avant le crash, les équipes ont pu localiser des pixelspixels avec une brillance différente, mettant en évidence différents débris, ainsi que l'endroit précis de l'impact. L'analyse continuera encore dans les prochains mois, à l'aide d'images supplémentaires prises depuis différents points de vue, et avec un différent ensoleillement de la surface.

    Avant et après le crash. En A : traces de débris et une petite zone assombrie, sans doute par l'impact. En B, C et D : autres emplacements de débris. © Nasa, GSFC, <em>Arizona State University</em>
    Avant et après le crash. En A : traces de débris et une petite zone assombrie, sans doute par l'impact. En B, C et D : autres emplacements de débris. © Nasa, GSFC, Arizona State University

    C'était une des premières tentatives d'alunissage par une sonde privée. Au bout d'un voyage long de plusieurs mois, la sonde a subi une anomalieanomalie au cours de sa descente et les opérateurs ont perdu contact. Les données de vol sont encore en cours d'analyse, mais l'hypothèse que la sonde ait manqué de carburant au cours de sa descente, est désormais hors de cause. Une autre mission lunaire est prévue à la fin 2024 pour iSpace. Elle comprendra un lander identique à Hakuto-R, ainsi qu'un rover développé par la compagnie japonaise. Il remplacera le rover émirati Rashid, perdu dans le crash.

    Image des modifications de la topologie de la surface, conséquente du crash. L'image a été obtenue en faisant le rapport entre les images prises avant et après. © Nasa, GSFC, <em>Arizona State University</em>
    Image des modifications de la topologie de la surface, conséquente du crash. L'image a été obtenue en faisant le rapport entre les images prises avant et après. © Nasa, GSFC, Arizona State University

    La sonde privée Hakuto-R n'a pas réussi à se poser sur la Lune mais l'aventure ne s'arrête pas là

    Ce mardi 25 avril, l'atterrisseur Hakuto-R a tenté de se poser à la surface de la Lune, mais a échoué. Le contact a été perdu peu de temps avant le posé et l'échec a été confirmé quelques heures plus tard. La sonde a été développée par la compagnie japonaise iSpace. C'est une des premières tentatives d'alunissage par une sonde privée.

    Article de Daniel ChrétienDaniel Chrétien, publié le 26 avril 2023

    La mission 1 (M1M1) de la sonde Hakuto-R avait décollé en décembre 2022. Son voyage de la Terre à la Lune avait duré plus d'une centaine de jours, le long d'une trajectoire particulière qui l'emmena jusqu'à 1 500 000 kilomètres de notre Planète, avant de venir s'insérer en orbite lunaire.

    La périlleuse descente à la surface

    La mission se déclinait en dix jalons. Les huit premiers concernaient le décollage, le voyage et des opérations en orbite lunaire. Tous ont été franchis avec succès. L'alunissage devait se dérouler sur la face visible, ce mardi 26 avril à 18 h 40 heure de Paris (01 h 40 heure de Tokyo, où se trouve le centre de contrôle - MCC). Mais le posé a échoué. Quelques minutes avant l'heure H, Hakuto-R cesse d'émettre. Après 20 minutes de tentatives infructueuses, iSpace conclut avoir échoué à reprendre contact avec le lander. Plus tard, iSpace confirme l'échec dans un communiqué. Les équipes ont déduit des données de vol reçues que le lander a terminé sa descente verticalement pendant l'approche finale, mais a manqué de carburant pour finir le freinage. La vitesse avait commencé à remonter avant la perte de contact, signifiant un crash certain.

    Revivez le direct du lancement. © iSpace

    La descente comportait six phases :

    • phase 1 (1 min) : désorbitation et insertion en trajectoire de descente avec allumage des moteurs principal et auxiliaires (altitude : 100 km, vitesse : 5800 km/h) ;
    • phase 2 (53 min) : chute libre, moteurs éteints. Jusqu'à quelques minutes avant la fin de cette phase, le MCC ne reçoit aucune télémétrietélémétrie car la sonde est derrière la Lune (altitude descendant à 25 km, vitesse : 6 000 km/h) ;
    • phase 3 (10 min) : freinage à l'aide des moteurs (altitude descendant à 3 km, vitesse descendant à 380 km/h) ;
    • phase 4 (1 min) : la sonde change d'orientation tout en continuant de freiner, et se positionne face à la surface (altitude descendant à 1 000 m, vitesse descendant à 120 km/h) ;
    • phase 5 (40 s) : descente finale verticale (altitude descendant à 20 m, vitesse descendant à 17 km/h) ;
    • phase 6 (20 s) : posé avec une vitesse finale de 2,6 km/h, uniquement à l'aide des moteurs auxiliaires.
    Séquence de l'alunissage. © iSpace
    Séquence de l'alunissage. © iSpace

    La Lune est bien rude avec les novices

    iSpace est en train d'investiguer sur les origines de cet échec. C'était la première tentative, ce qui veut dire qu'un succès aurait été une sacrée performance ! Ces dernières décennies, la Lune n'a souri qu'aux missions chinoises. L’Inde et la mission israélienne Beresheet avaient échoué ces dernières années. Hakuto-R est d'ailleurs de la même génération de sondes lunaires privées que Beresheet. Toutes deux étaient finalistes du challenge X-Prize sponsorisé par GoogleGoogle.

    Comme eux, iSpace n'abandonne pas et prévoit une seconde mission en 2024 (déjà financée), et une troisième en 2025. La sonde Hakuto-R est d'ailleurs en partie construite en Europe (son système de propulsion est fourni par ArianeGroup). La compagnie est partenaire d'ArianeGroup pour poser un lander européen qui décollera avec Ariane 6.

    Détails techniques d'Hakuto-R. La sonde peut embarquer jusqu'à deux petits rovers de 10 kilos, ainsi que d'autres charges utiles gouvernementales ou commerciales. La mission 1 avait notamment à bord le mini-rover expérimental Rashid, de l'agence spatiale émiratie. © iSpace


    Pour la première fois de l’histoire, une sonde privée va se poser sur la Lune demain et déployer un rover

    L'événement sera à inscrire d'une pierre blanche dans l'histoire de l'exploration spatiale : pour la première fois, une sonde privée va se poser sur la Lune. C'est la sonde Hakuto-R de la compagnie japonaise iSpace. Le posé est prévu demain mardi 25 avril à 18 h 40 heure de Paris.

    Article de Daniel Chrétien, publié le 24 avril 2023

    Le voyage a été long pour arriver jusqu'à aujourd'hui. Contrairement aux missions ApolloApollo qui ont mis 4 jours pour rejoindre la Lune, Hakuto-R a mis plusieurs mois. Elle avait décollé le 11 décembre de Cap CanaveralCap Canaveral à bord d'une Falcon 9Falcon 9 de SpaceXSpaceX.

    Sublime cliché pris par la sonde le 20 avril. Hakuto-R se trouvait alors à 100 kilomètres au-dessus de la surface. On voit l'ombre de la Lune sur la Terre au fond, car c'était au moment où il y avait une éclipse solaire totale en Australie ! © iSpace
    Sublime cliché pris par la sonde le 20 avril. Hakuto-R se trouvait alors à 100 kilomètres au-dessus de la surface. On voit l'ombre de la Lune sur la Terre au fond, car c'était au moment où il y avait une éclipse solaire totale en Australie ! © iSpace

    De la Terre à la Lune

    Hakuto-R pèse une tonne, dont 660 kgkg de carburant. C'est trop peu pour assurer un trajet direct jusqu'à la Lune. La sonde a donc suivi une trajectoire très longue similaire à celle de la sonde sud-coréenne Danuri. La sonde s'est d'abord éloignée à 1 500 000 kilomètres de la Terre avant de revenir pour s'insérer en orbite lunaire. Petit à petit, la sonde a réduit son altitude jusqu'à 100 kilomètres au-dessus de la surface, dernier jalon avant le posé.

    La trajectoire suivie par la sonde. © iSpace
    La trajectoire suivie par la sonde. © iSpace

    Le posé se fera dans la plaine basaltiquebasaltique Lacus Somniorum, sur la face visible. La descente suivra plusieurs séquences de freinage et de corrections de trajectoire. La descente se terminera verticalement avant de se poser à la surface.

    Séquence de l'alunissage. © iSpace
    Séquence du posé lunaire d'Hakuto-R. © iSpace

    Plusieurs passagers inédits à bord

    Hakuto-R est un lander lunaire automatique dont le développement remonte au challenge X-Prize sponsorisé par Google, et dont l'objectif était d'envoyer des sondes à la surface de la Lune avant 2018. Faute de vainqueur, le concours a été annulé mais les finalistes sont restés dans la course, parmi eux : iSpace.

    À l'occasion de sa première mission (M1), la sonde Hakuto-R emporte avec elle plusieurs charges utiles. La plus notable est le mini rover lunaire Rashid de l'agence spatiale émiratie, pesant 10 kilos et équipé de caméras de guidage fournies par le Cnes. Se trouve également à bord un micro-rover de 255 grammes ! Il a été développé par le fabricant de jouets Tomy avec l'aide de Mitsubishi Electric et Sony. Un autre micro-rover de la Jaxa (agence spatiale japonaiseagence spatiale japonaise) est également à bord. Enfin, le lander héberge d'autres expériences de démonstration technologique.

    Plan de vol de la mission M1. Actuellement, la sonde en est au succès n° 8. Le posé sera-t-il le suivant ? © iSpace
    Plan de vol de la mission M1. Actuellement, la sonde en est au succès n° 8. Le posé sera-t-il le suivant ? © iSpace

    SpaceX va envoyer sur la Lune un atterrisseur japonais et un rover émirati

    Pour la première fois de son histoire, le Japon va envoyer une sonde sur la Lune. Il s'agit de la sonde privée Hakuto-R M1, premier jalon du programme de la société japonaise iSpace. Se trouve également à bord le mini-rover émirati Rashid.

    Article de Daniel Chrétien, publié le 1er décembre 2022

    Le décollage par Falcon 9 de SpaceX devait se faire depuis Cap Canaveral il y a déjà quelques jours. Suite à un premier report le 30 novembre pour permettre d'ultimes vérifications, le résultat a conduit à un nouveau report de durée indéterminée.

    La fusée Falcon 9 avec Hakuto-R M1 à bord. Initialement, la sonde devait embarquer comme passager secondaire d'un satellite géostationnaire mais finalement se retrouve seule. Cela lui permet d'avoir une trajectoire qui la rapproche du pôle Sud lunaire. © SpaceX
    La fusée Falcon 9 avec Hakuto-R M1 à bord. Initialement, la sonde devait embarquer comme passager secondaire d'un satellite géostationnaire mais finalement se retrouve seule. Cela lui permet d'avoir une trajectoire qui la rapproche du pôle Sud lunaire. © SpaceX

    iSpace est une start-upstart-up qui a survécu au temps. Elle s'est fondée à partir du travail d'une équipe qui avait répondu au challenge XPrize, dont l'objectif était d'envoyer un rover sur la Lune avant 2018. Aucun vainqueur. Google se retire du challenge qui finit par disparaître, mais iSpace a continué à travailler sur son lander lunaire avec son programme Hakuto-R.

    La sonde Hakuto-R M1 lors de sa mise sous coiffe. © SpaceX
    La sonde Hakuto-R M1 lors de sa mise sous coiffe. © SpaceX

    La première mission privée sur la Lune de l’histoire

    Le programme Hakuto-R d'iSpace compte deux missions : une première dans les prochains jours pour tester la capacité du lander à se poser sur le sol sélène, et une seconde en 2024 avec en plus un rover. Comme toute mission du programme à venir, Hakuto-R M1 emporte des charges utiles privées et gouvernementales.

    Maquettes de Hakuto-R et du rover Rashid à taille réelle, exposées à l'IAC en septembre 2022. Sur ses jambes déployées, le lander mesure 2,3 m de haut et 2,6 m de large, pour une masse de 340 kilos. Le rover pèse 10 kilos. © Daniel Chrétien, Futura
    Maquettes de Hakuto-R et du rover Rashid à taille réelle, exposées à l'IAC en septembre 2022. Sur ses jambes déployées, le lander mesure 2,3 m de haut et 2,6 m de large, pour une masse de 340 kilos. Le rover pèse 10 kilos. © Daniel Chrétien, Futura

    Après le décollage, le voyage d'Hakuto-R M1 durera plusieurs mois, au cours desquels la sonde augmentera progressivement son altitude en orbite terrestre, jusqu'à s'injecter en orbite translunaire. Ensuite, la sonde restera en orbite lunaire pendant deux semaines avant de se poser dans le cratère Atlas, au bord sud-est de la mer Frigoris, un endroit permettant à la sonde d'être éclairée par le SoleilSoleil.

    Plan de vol de la mission M1. Actuellement, la sonde en est au succès n° 8. Le posé sera-t-il le suivant ? © iSpace
    Plan de vol de la mission 1 de Hakuto-R. © iSpace

    Une fois posée, Hakuto-R M1 déploiera le rover émirati Rashid, qui fera quelques tours de roue sur le sol sélène. Le vol embarque également le cubesatcubesat Lunar Flashlight du Jet Propulsion LaboratoryJet Propulsion Laboratory, qui tirera au laserlaser dans des cratères du pôle Sud lunaire qui sont à l'ombre en permanence, afin d'y révéler la présence de glace d’eau.

    Prototype du rover Rashid en test. © MBRSC
    Prototype du rover Rashid en test. © MBRSC

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