Le 10 septembre 2022, le satellite BlueWalker 3 était placé en orbite autour de la Terre, à bord d'un lanceur Falcon 9 de SpaceX. Maintenant que toutes ses antennes réfléchissantes ont été déployées, sa luminosité a été multipliée par 40, si bien qu'il provoque une pollution lumineuse très importante, selon les astronomes.


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    En septembre 2022, le tout premier satellite de l'entreprise AST SpaceMobile, BlueWalker3, a été mis en orbite autour de la Terre à l'aide d'une fuséefusée Falcon 9 de SpaceXSpaceX. Le but rejoint celui de la constellation Starlink : transmettre InternetInternet, ici la 4G4G et la 5G5G directement depuis l'espace, donc sans connexion filaire. L'idée est destinée aux populations rurales ou dans des zones de faible densité, dans lesquelles le réseau filaire est inexistant. Pour le moment, seul BlueWalker3 a été placé en orbite à 500 kilomètres d'altitude. Mais l'objectif pour AST SpaceMobile est d'en rajouter 110 autres, appelés BlueBirds, pour former une constellation pouvant amener Internet partout sur Terre. Ce réseau serait alors le « premier et le seul réseau cellulaire à large bandeà large bande basé dans l'espace à être accessible par les smartphones standard », explique l'entreprise sur son site.

    Assemblage, lancement et déploiement du satellite BlueWalker3. © AST SpaceMobile, YouTube

    Les constellations satellitaires rendent le ciel trop brillant

    Mais, problème : depuis que BlueWalker 3 a déployé son réseau d'antennes, sa luminositéluminosité a été multipliée par 40, si bien que le satellite éclipse toute une partie du ciel nocturnenocturne et rivalise avec les étoiles les plus lumineuses. D'une surface de 64 m², et avec une massemasse de 1 500 kilos, l'engin n'atteint pourtant pas la taille des futurs BlueBirds, censés être lancés courant 2023. Un communiqué de Science, faisant intervenir des astronomesastronomes, alerte sur les conséquences de la pollution lumineuse créée depuis 2020, et qui continue d'augmenter. « C'est exactement ce que les astronomes ne veulent pas », s'est alarmée l'astronome Meredith Rawls de l'université de Washington, qui aide à diriger le Centre de l'Union astronomique internationaleUnion astronomique internationale pour la protection du ciel sombre et calme contre les interférencesinterférences des constellations satellitaires. « Cela apparaîtra comme une séquence super brillante dans les images et saturera potentiellement les détecteurs de caméras dans les observatoires. »

    Actuellement, d'autres objets artificiels dépassent la luminosité de BlueWalker 3, notamment la Station spatiale internationale (ISS). Cependant, chacun de ses passages dans le ciel est connu des astronomes, si bien que leurs observations s'y adaptent ! « Nous essayons de le faire dans un esprit de coopération », explique John Barentine, astronome chez Dark Sky Consulting, « mais il y a encore beaucoup d'entreprises dont nous n'avons pas encore entendu parler. »

    Une carte des débris spatiaux, naturels et artificiels : il en existe plus de 27 000. © Nasa
    Une carte des débris spatiaux, naturels et artificiels : il en existe plus de 27 000. © Nasa

    Des lois insuffisantes pour encadrer la pollution lumineuse

    En plus de sa luminosité, BlueWalker 3 inquiète à cause de la technologie qu'il utilise. En effet, celui-ci transmettra directement des ondes radio aux téléphones, afin d'éviter le passage par les tours de téléphonie cellulaire. Mais là encore, problème : la bande de fréquencefréquence qu'il utilise, très large, empiète sur les fréquences radio utilisées dans les observatoires, si bien que certains objets deviendraient indétectables si la constellation venait à être lancée, y compris des astéroïdesastéroïdes potentiellement dangereux. Ce à quoi a répondu un porteporte-parole d'AST SpaceMobile : « Nous sommes impatients d'utiliser les technologies et les stratégies les plus récentes pour atténuer les impacts potentiels sur l'astronomie. Nous travaillons activement avec des experts de l'industrie sur les dernières innovations, y compris les matériaux antireflets de nouvelle génération. »

    Mais, bonne volonté des entreprises ou non, le fond du problème se trouve dans la législation : sur Terre, certaines zones doivent rester silencieuses dans les ondes radio, pour ne pas gêner les observatoires. Mais dans l'espace, aucune règle. « Le système que nous avons actuellement n'est pas très bien équipé pour faire face à un scénario comme celui-ci, qui avance à toute vitessevitesse », a regretté John Barentine.