Au lendemain d'incidents d’une ampleur inédite sur le réseau fibré en France, le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire pour « détérioration de biens de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation », « entrave à un système de traitement automatisé de données » et « association de malfaiteurs ». Les différents fournisseurs d'accès à Internet et opérateurs se sont portés parties civiles.


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    Si vous avez rencontré des difficultés d'accès à Internet mercredi 27 avril, vous n'étiez pas seul. Les liaisons fibrées de plusieurs villes de France ont été sectionnées dans la nuit de mardi à mercredi, et des milliers d'internautes ont été privés de connexion. Ce ne sont pas uniquement les connexions fibrées qui ont été impactées. Ces liaisons, ou backbones, transportent toutes les données de certains opérateurs, y compris pour les connexions ADSL, les antennes mobiles et certains centres de donnéescentres de données. Les câbles sont gérés par SFR et constituent le cœur des réseaux de Free et SFR.

    Selon Le Parisien, ce sont des câbles souterrains qui ont été sectionnés à Fresnes-en-Woëvre (Meuse), Meaux et Souppes-sur-Loing (Seine-et-Marne) et Le Coudray-Montceaux (Essonne) à des dizaines de minutes d'intervalle. Il s'agit du cœur du réseau fibré national qui relie Paris aux villes de Lyon, Strasbourg et Lille ainsi que les régions autour. Selon l’Obs, la liaison avec Lyon serait aussi sectionnée au niveau de La Chapelle-la-Reine (Seine-et-Marne).

    Les auteurs n’ont pas encore été identifiés

    Free signale sur Twitter de « multiples actes de malveillance » et a partagé des photos de certains des câbles sectionnés. Pour l'instant, il n'existe pas d'explication officielle à ces actes de vandalisme mais, selon l'AFP, les autorités ont été saisies. Sur Twitter, les avis divergent. Certains pensent que ce sont des voleurs qui ont sectionné les câbles afin de voir s'ils contenaient du cuivrecuivre. Toutefois, la manière dont ils ont été coupés et les différents lieux visés suggèrent plutôt un sabotage intentionnel.

    Free indique que ses équipes sont mobilisées depuis 4 heures du matin et avoir réussi à circonscrire les incidents, sauf à Reims et Gravelines. Free et SFR ont pu rediriger l'essentiel du trafic sur des liaisons de secours et des réparations sont en cours. En revanche, les réseaux d'Orange et de Bouygues ne seraient pas affectés.

    Une plainte au pénal

    Conséquence directe de ces actes malveillants, une enquête préliminaire a été ouverte mercredi 27 avril a indiqué le parquetparquet de Paris avec des chefs d'inculpation de « détérioration de bien de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation », « entrave à un système de traitement automatisé de données » et « association de malfaiteurs ». Selon l'AFP, les investigations sont confiées à la DGSI, le Renseignement intérieur, et à la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ).

    « L'ensemble des opérateurs a porté plainte et s'est constitué partie civile, a précisé sur France Info Michel Combot, directeur général de la FFT (Fédération française des Télécoms). Dans le cas de ce mercredi, c'est un acte quasiment professionnel, ce sont plusieurs attaques coordonnées à travers le pays avec quelques minutes d'intervalle. C'est une attaque d'une ampleur sans précédent. »

    Comment mieux protéger les câbles ?

    Autre réaction, celle de Philippe Le Grand, le président d'Infranum, fédération qui regroupe les différents acteurs de l'industrie des infrastructures numériques en France. « Compte tenu du caractère essentiel et stratégique des réseaux aujourd'hui, de telles coupures sont susceptibles d'engendrer des conséquences dramatiques, comme par exemple le retardement d'opérations de secours à la personne », rappelle-t-il sur BFM TV, en faisant référence aux liaisons haut débit nécessaires dans le domaine de la santé. « La fédération insiste une nouvelle fois sur la nécessité de lancer un grand plan de résiliencerésilience des réseaux. »

    Ce sabotage met, en effet, en lumièrelumière le manque de sécurité et de surveillance des pylônes et des câbles, même si, selon Michel Combot, « il est un peu illusoire de vouloir tout protéger (...) Pour mieux protéger les accès aux câbles, on peut mettre en place des périmètres de sécurité et renforcer l'accès des trappes ».