Si notre génome est le témoin incontestable des amours passés entre Sapiens et Néandertal, la question de quand cette hybridation s’était produite restait relativement floue. Une nouvelle étude suggère cependant que les premiers bébés métis seraient nés il y a environ 47 000 ans.


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    Bien que nous soyons des Homo sapiensHomo sapiens, l'analyse de notre génomegénome révèle que nous possédons tous des gènesgènes néandertaliens, preuve que dans le passé, ces deux espèces humaines se sont côtoyées et hybridées. L'on sait que les lignées de Sapiens et de NéandertalNéandertal se sont séparées en Afrique il y a approximativement 500 000 ans lors du départ du second vers l'Europe et l'Asie, et que les deux communautés se sont ensuite retrouvées sur le territoire eurasiatique lors de la migration vers le nord d'Homo sapiens il y a 70 000 ans environ. Mais un flou persistait sur quand exactement ce métissage avait pu commencer.

    Néandertal était présent sur le territoire eurasiatique bien avant l'arrivée d'<em>Homo sapiens</em>. © Tom Bjorklund, Laurits Skov et al. (2022)
    Néandertal était présent sur le territoire eurasiatique bien avant l'arrivée d'Homo sapiens. © Tom Bjorklund, Laurits Skov et al. (2022)

    Des premiers bébés métis il y a 47 000 ans

    Une nouvelle étude avance cependant une date. Elle se base sur l'analyse du génome de 59 individus Homo sapiens ayant vécu il y a 45 000 à 2 200 ans, et la comparaison avec 275 personnes vivant actuellement un peu partout sur le globe. Les chercheurs ont identifié dans les génomes analysés les traces d'ADNADN hérité de Néandertal. Puis ils ont utilisé des modèles pour reconstruire l'évolution de ces gènes au cours du temps. Ceci leur a permis d'estimer combien de générations ont été nécessaires pour produire les déviations subtiles du génome qui ont été observées. Les scientifiques sont ainsi arrivés à la conclusion que les premiers bébés métis seraient nés il y a environ 47 000 ans et que cette hybridationhybridation aurait perduré pendant 6 000 à 7 000 ans. C’est-à-dire jusqu’à l’extinction de Néandertal.

    Une hybridation pas forcément très avantageuse pour Sapiens

    Dans un article publié sur le site de Science, et qui présente les résultats de cette nouvelle étude (sous forme de prépublication), un généticiengénéticien de l'université de Colorado Boulder explique d'ailleurs que les accouplementsaccouplements entre les deux espècesespèces ne devaient pas être rares. Le génome des plus vieux individus Homo sapiens analysés indique en effet un taux relativement important de gènes néandertaliens. Des gènes qui ont semble-il en grande partie rapidement disparu par la suite. Cette réduction de la signature génétiquegénétique de Néandertal après la disparition de ce dernier indique que cette hybridation n'a certainement pas été très favorable à Homo sapiens, apportant certainement des mutations néfastes ou des progénitures stériles.

    Homo sapiens aurait cependant conservé quelques gènes lui étant avantageux pour survivre dans ce nouvel environnement que représentait le territoire eurasiatique.

    Les scientifiques estiment qu'au début de cette hybridation, un individu sur vingt dans cette population était Néandertalien.

    Les deux espèces vivaient certainement en grande proximité il y a 47 000 ans. © Gorodenkoff, Adobe Stock
    Les deux espèces vivaient certainement en grande proximité il y a 47 000 ans. © Gorodenkoff, Adobe Stock

    Cette période de métissage entre les deux espèces n'aurait cependant pas été la première. De précédentes études ont en effet montré qu'au cours de l'Histoire, Sapiens et Néandertal s’étaient déjà rencontrés et hybridés il y a environ 250 000 ans, quand quelques groupes Homo sapiens se seraient aventurés hors d'Afrique. Cette première rencontre n'aurait cependant laissé que très peu de marques génétiques.

    Une meilleure compréhension de l’histoire des flux migratoires

    Les nouveaux résultats permettent également de mieux dater les principales étapes migratoires d'Homo sapiens, notamment celle vers l'Australie. On sait en effet que les indigènesindigènes australiens possèdent aujourd'hui un héritage génétique néandertalien similaire à celui des populations eurasiatiques, ce qui suggère que la colonisation principale de l'Australie s'est faite après cette période d'hybridation, soit après 47 000 ans. Certaines découvertes archéologiques suggèrent cependant qu'Homo sapiens serait arrivé bien plus tôt, dès 65 000 ans. Si le scénario d'une hybridation il y a 47 000 ans est juste, cela signifierait que la lignée de ce premier peuplement se soit éteinte ou ait été remplacée par l'arrivée d'une nouvelle vaguevague d'individus issus du métissage.