Des douze missions en compétition dans programme New Frontiers de la Nasa pour un financement et un lancement en 2025, il n'en reste que deux : une nouvelle visite à la comète Tchouri (celle de Rosetta), avec retour d'échantillons, et une exploration de Titan. Bientôt, il n'y aura qu'un gagnant.

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    Au printemps 2019, la Nasa va devoir choisir entre un retour sur TitanTitan ou sur la comète Churyumov-Gerasimenko. Il y a quelques jours, l'Agence spatiale américaine a en effet dévoilé les noms des deux finalistes de son programme d'exploration planétaire New Frontiers. Une seule de ces deux missions sera retenue et financée à hauteur de 850 millions de dollars en vue d'un lancement à l'horizon 2025.

    La mission Caesar vise à rapporter sur Terre un échantillon de la comète Churyumov-Gerasimenko, afin de mieux comprendre l'origine de la formation de la Terre et de ses océans, ainsi que l'apparition de la vie. Cette comète n'est pas inconnue. Elle a été étudiée avec le succès que l'on sait par la sonde Rosetta de l'ESA qui y a posé le module Philae lors d'un impact contrôlé et inédit. Si la Nasa décide de ne pas choisir cette mission, il est très probable que l'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne ou la Chine décident de financer une mission similaire (M5 pour l'ESA).

    Le saviez-vous ?

    La mission qui sera sélectionnée au printemps 2019 sera la quatrième mission du programme New Frontiers de la Nasa.Ces prédécesseurs sont :

    • New Horizons, qui a survolé Pluton en juillet 2015 et se dirige vers MU69 2014, un objet de la ceinture de Kuiper ;
    • Juno, qui tourne autour de Jupiter depuis juillet 2016 ;
    • Osiris-Rex, qui doit prélever des échantillons sur l'astéroïde Bennu en 2023 pour ensuite les ramener sur Terre.

    Comme nous l'explique Francis RocardFrancis Rocard, le directeur au Cnes, « Caesar est la suite logique de RosettaRosetta : je me doutais bien qu'une telle mission allait être décidée ». La difficulté est la température à laquelle il faut maintenir les échantillons. « C'est ce qui a tué la mission CNSR, ancêtre de Rosetta, qui prévoit un retour d'échantillon cométaire. » Mais comme l'instrument Rosina a très bien travaillé, « il est possible de se focaliser sur la partie réfractaireréfractaire de la comète, car Cosac, sur Philae, n'a pas pu faire de mesures, et c'est certainement ce qui nous manque aujourd'hui ». D'où cette mission Caesar, beaucoup plus simple, qui « rapportera des échantillons à température ambiante ».

    Quant à DragonFlyDragonFly, il s'agit d'un engin tenant du drone et de l'hélicoptère, qui explorerait la chimie prébiotique et l'habitabilité de dizaines de sites sur la lune géante de SaturneSaturne, Titan. Pour Francois Raulin, chercheur au CNRS et spécialiste d'exobiologie et de Titan, « c'est une excellente mission par son originalité (utilisation d'un drone) et par ses objectifs scientifiques : entre autres, analyser in situ la surface de Titan, en différents endroits, et avec des instruments d'analyse performants, ce que Cassini-Huygens n'a pu faire ».

    Une représentation du concept de la mission Caesar pour rapporter sur Terre des échantillons cométaires. © Nasa

    Une représentation du concept de la mission Caesar pour rapporter sur Terre des échantillons cométaires. © Nasa

    Deux missions présélectionnées pour des compétitions futures

    Parmi les dix autres missions en compétition qui n'ont pas été choisies, la Nasa en a sélectionné deux qui présentent un très grand intérêt mais aussi des difficultés techniques assez importantes. Plutôt que de voir ces deux projets disparaître, faute de budget, la Nasa va financer des études technologiques pour leur permettre de se présenter à de prochaines compétitions.

    La mission ELSAH (Enceladus Life Signatures and Habitability) vise Encelade, petit satellite de Saturne qui possède un océan interne et des sources hydrothermalessources hydrothermales, afin d'y étudier la compatibilitécompatibilité de ce milieu avec la vie ou une chimiechimie prébiotiqueprébiotique. Ce projet recevra des fonds pour mettre au point des technologies limitant la contaminationcontamination des engins spatiaux, afin de les rendre aptes à détecter la vie et ce dans la limite du faible budget des missions New Frontières (environ 850 millions de dollars).

    La seconde mission aidée est à destination de VénusVénus. Le projet VICI (Venus In Situ Composition Enquêtes) ambitionne un atterrissage sur cette planète pour étudier la composition des roches. En raison des températures et des pressionspressions élevées qui règnent à la surface de Vénus, la duréedurée de vie de la sonde sera très courte. Les fonds de la Nasa serviront à développer des composants capables de résister aussi longtemps que possible à ces conditions très difficiles.