Pour sa première mission scientifique sur la face cachée de la Lune, la Nasa a choisi de la réaliser dans le cadre du programme Commercial Lunar Payload Services (CLPS). Cette huitième mission lunaire sera réalisée sous la responsabilité du laboratoire Draper. Elle prévoit l'alunissage d'un lander qui emportera trois instruments, dont deux seront réalisés en collaboration avec le Cnes. 


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    La Nasa choisit Draper pour effectuer la première mission américaine sur la face cachée de la Lune, prévue en 2025, et qui sera réalisée dans le cadre du programme Commercial Lunar Payload Services (CLPS). Ce dernier a été mis sur pied en novembre 2018 pour une période de dix ans avec un budget de 2,6 milliards de dollars à l'attention des entreprises du secteur privé. Cela peut concerner des start-upstart-up, des entreprises établies ou des laboratoires de recherche comme Draper. Ce programme a pour but de livrer du matériel scientifique et technologique sur la Lune pour le compte de la Nasa à prix fixe.

    Sept autres missions ont déjà été signées mais les délais apparaissent très incertains. L'avenir de l'une d'entre elles, Masten, est remis en question à la suite de nombreux licenciements, et la Nasa a récemment annoncé le report du lancement du rover Viper (Volatiles Investigating Polar Exploration Rover). À suivre donc.

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    Cette huitième mission CLPS a pour objectif de déposer, à horizon 2025, l'alunisseur Series-2 sur la face cachée de la Lune, plus précisément à proximité immédiate du cratère Schrödinger. D'un très grand intérêt scientifique, ce bassin, d'un diamètre d'environ 320 kilomètres, est l'un des plus récents bassins d'impact lunaires. L’impact à l'origine de sa formation a soulevé la croûtecroûte profonde et le manteaumanteau supérieur de la Lune dans son anneau sommital. Il a ensuite été le siège d'une grande éruption volcaniqueéruption volcanique.

    Le saviez-vous ?

    À ce jour, seule la Chine est parvenue à réaliser une mission scientifique sur la face cachée de la Lune en faisant alunir le rover Yutu-2 en janvier 2019.

    La face cachée de la Lune telle que la révèle le <em>Lunar Reconnaissance Orbiter</em> (LRO). © Nasa, GSFC, Arizona State University, DP
    La face cachée de la Lune telle que la révèle le Lunar Reconnaissance Orbiter (LRO). © Nasa, GSFC, Arizona State University, DP

    Trois instruments inédits sur la face cachée de la Lune

    Conçu par la filiale américaine de l'entreprise japonaise Ispace, Series-2 emportera trois charges utiles (95 kilogrammes) dont deux ont été réalisées avec des contributions françaises :

    • Farside Seismic Suite (FSS) : cet instrument, réalisé par le JPLJPL en collaboration avec le Cnes, vise à fournir les premières données sismiques lunaires depuis la face cachée de la Lune. Ces informations inédites pourraient aider les scientifiques à mieux comprendre l'activité tectonique de cette région, révéler la fréquence des impacts de petites météorites sur la face cachée de la Lune et fournir de nouveaux renseignements sur la structure interne de la Lune. Le capteurcapteur VBB (Very Broad Band) qui sera utilisé dans le cadre de cette mission sera l'un des trois capteurs du modèle de rechange du sismomètre SEIS actuellement posé sur Mars (dans le cadre de la mission Nasa InSightInSight). Il a été conçu par l'IPGP. Il est actuellement en phase de tests. Le JPL fournira quant à lui un capteur SP (Short Period). 
    • Lunar Surface Electromagnetics Experiment (LuSEE) est un instrument réalisé par le laboratoire des sciences spatiales de l'université de Californie également en collaboration avec le Cnes. Il a pour but d'analyser les phénomènes électromagnétiques créés par l'interaction du vent solairevent solaire et du plasma avec la surface lunaire. Concrètement, LuSEE utilisera des mesures de champs électriqueschamps électriques et magnétiques continus pour étudier les conditions qui contrôlent le potentiel électrostatiqueélectrostatique de la surface lunaire, lequel joue à son tour un rôle déterminant dans le transport de la poussière. Il utilisera également des mesures d'ondes de plasma pour caractériser l'ionosphèreionosphère lunaire ainsi que l'interaction du vent solaire et du plasma magnétosphérique avec la surface lunaire et les champs magnétiques crustaux. En outre, cette charge utile effectuera des mesures sensibles de radiofréquences pour mesurer les émissionsémissions radio solaires et planétaires.
    • Lunar Interior Temperature and Materials Suite (LITMS) est une suite de deux instruments d'étude des flux thermiques et de la conductivitéconductivité électrique du sous-sol lunaire à l'intérieur du site d'atterrissage (le bassin de Schrödinger.) La combinaison de ces mesures est un moyen de résoudre la structure thermique et la composition de la surface de la Lune. L'ensemble est réalisé par le Southwest Research Institute.