Encelade, c’est une petite lune glacée qui tourne autour de Saturne. Et elle intéresse tout particulièrement les astronomes. Car ils imaginent pouvoir y trouver des traces de vie extraterrestre. Mais aujourd’hui, ce sont les fameuses rayures de tigre que l’on peut observer du côté de son pôle sud qui font la une. Les chercheurs pensent leur avoir enfin trouvé une explication.


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    Depuis quelques années, les astronomesastronomes à la recherche de traces de possible vie extraterrestre s'intéressent de près à Encelade, la lune glacée de Saturne. Les données recueillies par la mission Cassini suggèrent en effet la présence d'un océan d'eau liquide sous l'épaisse couche de glace qui couvre son pôle sud. Et en 2005, la mission de la Nasa a photographié d'énormes jets de glace d'eau et de vapeur émanant de quatre immenses crevasses parallèles observées dans la région. Des chercheurs y ont même découvert des indices de présence de molécules organiques.

    Ces crevasses sont uniques dans notre Système solaire. Les astronomes les ont affectueusement surnommées rayures de tigretigre et baptisées Bagdad, Le Caire, Damas et Alexandrie, en référence aux Contes des mille et une nuits. Elles sont séparées l'une de l'autre de quelque 35 kilomètres. Selon les chercheurs, elles sont au moins partiellement ouvertes sur l'océan liquide dissimulé sous la glace. Et elles mesurent 130 kilomètres de long. Des cicatricescicatrices de taille pour un satellite dont le diamètre ne dépasse pas 500 kilomètres.

    Des chercheurs de la Carnegie institution for science de Washington (États-Unis) nous propose aujourd'hui un scénario pour la formation de ces étonnantes structures justement du côté du pôle sud d'EnceladeEncelade. Elles résulteraient tout simplement de tensions accumulées à cet endroit. L'apparition d'une première fracture libèrerait ces contraintes, prévenant la formation de crevasses similaires du côté du pôle opposé.

    En 2006, des astronomes avaient suggéré que les rayures de tigre s’étaient initialement formées ailleurs et avaient ensuite migré vers le pôle sud à la faveur de l’apparition d’un point chaud créant une bulle de faible densité. La proposition d’aujourd’hui semble plus satisfaisante. © Nasa, Esa, JPL, SSI, Cassini Imaging Team
    En 2006, des astronomes avaient suggéré que les rayures de tigre s’étaient initialement formées ailleurs et avaient ensuite migré vers le pôle sud à la faveur de l’apparition d’un point chaud créant une bulle de faible densité. La proposition d’aujourd’hui semble plus satisfaisante. © Nasa, Esa, JPL, SSI, Cassini Imaging Team

    Une part de hasard

    Rappelons qu'Encelade subit de plein fouet les forces de marées gravitationnelles de sa planète, SaturneSaturne. À mesure que l'eau située sous l'épaisse coque de glace gèle avec le refroidissement du satellite, une seconde couche de glace se forme. Apparait alors un effet d'effort de traction qui va jusqu'à provoquer une fracture à l'endroit où la couche de glace apparait la plus fine. C'est-à-dire du côté de l'un des deux pôles. Et pour cela, le hasard semble avoir choisi le pôle sud.

    Une fois la première fissure apparue, un geysergeyser de glace a pulvérisé de la neige sur ses flancs. Un surplus de masse responsable de nouvelles tensions, elles-mêmes à l'origine des trois fissures suivantes, toutes parallèles. Selon la théorie, à quelque... 35 kilomètres les unes des autres.

    Quelque chose de spécial sur Encelade

    Des travaux plus approfondis devraient permettre de déterminer si les rayures centrales sont bien plus anciennes que les autres. Mais déjà, le modèle semble cohérent tant avec l'emplacement qu'avec l'espacement des crevasses. Et c'est finalement la petite taille d'Encelade qui expliquerait pourquoi ce paysage est unique. Sur des satellites plus massifs, en effet, le poids de la glace aurait tendance à refermer les fissures formées. De quoi encourager les astronomes à croire qu'il y a décidément bien « quelque chose de spécial sur Encelade ».