Ceux que les chercheurs ont surnommés les « produits chimiques éternels », les PFAS, on en trouve un peu partout dans notre quotidien. Des textiles aux emballages en passant par les ustensiles de cuisine ou les cosmétiques. Ils sont incroyablement persistants. Et dangereux pour notre santé. Les fabricants le savaient. Ils l’ont soigneusement dissimulé pendant plus de 30 ans !


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    L'industrie du tabac savait que son activité nuisait gravement à la santé publique. Cela ne l'a pas empêché de produire toujours plus de cigarettes. Les pétroliers et les gaziers savaient, de leur côté, que leurs produits allaient mettre le feu à la planète. Ils n'ont pas pour autant restreint leurs volumes de vente de combustibles fossilesfossiles. Jamais deux sans trois, dit l'adage. Et effectivement aujourd'hui, l'histoire semble vouloir une fois de plus se répéter. Des chercheurs de l’université de Californie (États-Unis) révèlent en effet que l'industrie chimique a habilement caché ce qu'elle savait de la toxicitétoxicité des PFAS.

    Le saviez-vous ?

    Des études estiment que des FPAS seraient mélangés au sang de plus de 97 % des Américains. Et en 2025, le Minnesota devrait être le premier État américain à les interdire.

    Les PFAS, ce sont ceux que l'on connaît aussi sous le nom très évocateur de « produits chimiques éternels ». Plus de 4 700 alkyls perfluorés et polyfluorés que l'on trouve dans nos vêtements, dans nos produits ménagers ou même dans nos préparations alimentaires. Surnommés ainsi parce qu'ils s'avèrent extrêmement persistants aussi bien dans l'environnement que dans le corps humain. Et le pire, c'est qu'ils peuvent provoquer des problèmes de santé de type maladie de la thyroïdethyroïde, obésitéobésité ou encore cancercancer.

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    PFAS : une limite planétaire dépassée avant même d’être définie !

    Selon les chercheurs qui ont analysé des documents de DuPont - un géant de la chimie a qui l'on doit le nylon, le TéflonTéflon ou encore le Lycra - et de 3M - l'inventeur du Scotch -, ces industriels connaissaient les dangers des PFAS et ont choisi de n'en informer ni le public, ni les régulateurs, ni même leurs propres employés. Les études qu'ils avaient menées montraient les effets néfastes des produits chimiques éternels sur la santé au moins 21 ans avant qu'ils ne soient rendus publics.

    Des preuves pour appuyer les actions de limitation de la production des PFAS

    Pour garder leur secret, les industriels de la chimie ont systématiquement classé leurs études « confidentielles », indiquant même parfois qu'ils « voulaient que les documents soient détruits ». Mais 45 années de ces archives ont été révélées par une action en justice intentée en 2018 par un avocatavocat spécialisé en environnement, Robert Bilott. Et les chercheurs ont ainsi pu analyser les stratégies de DuPont et de 3M pour protéger leurs produits.

    Ils montrent par exemple que dès 1961, un rapport présente « la capacité du Téflon à augmenter la taille du foiefoie des rats à faibles doses » et a conseillé que les produits chimiques « soient manipulés avec un soin extrême en évitant strictement le contact avec la peau ». En 1979, un autre rapport fait état de chienschiens « morts deux jours après ingestioningestion » de C8, l'autre nom de l'acideacide perfluorooctanoïque, un PFAS très répandu. Deux des huit femmes enceintes ayant travaillé à la formulation de cette substance chez DuPont ont donné naissance à des enfants porteurs de malformationsmalformations. Ce qui n'a pas empêché le même DuPont, en 1980 d'abord, puis dans un communiqué de presse daté de 1991, d'affirmer que « la toxicité du C8 est de l'ordre de celle du sel de table » et que « le C8 n'a aucun effet toxique ou nocif connu chez l'homme aux niveaux de concentration détectés ».

    Alors que l'attention du public était attirée sur la problématique à partir de la fin des années 1990, DuPont demandait instamment à l'Agence de protection de l'environnement américaine (EPA) de « dire rapidement » que « les produits de consommation vendus sous la marque Téflon sont sûrs et qu'il n'y a pas d'effets sur la santé humaine connus ». En 2004, l'EPA infligeait une amende de presque 16,5 millions de dollars à DuPont pour n'avoir pas divulgué ses conclusions. Un rien face aux revenus annuels de l'entreprise provenant du C8. De l'ordre du milliard de dollars !

    « De nombreux pays poursuivent des actions juridiques et législatives pour freiner la production de ces polluants éternels et nous espérons qu'ils seront aidés par la chronologie des preuves présentées dans notre étude », soulignent les chercheurs.