Curiosity est sain et sauf, il va bien mais rencontre toutefois des problèmes de mémoire. En attendant de trouver l'origine de la panne et de la réparer, le rover de la Nasa a basculé sur son deuxième cerveau.
Débarqué sur Mars le 6 août 2012, Curiosity a déjà vu le Soleil se lever au-dessus des collines qui l'entourent près de 2.200 fois. L'air de rien, le rover géologue a parcouru 20 kilomètres, depuis son site d'atterrissage jusqu'aux contreforts du mont Sharp, une montagne -- haute de 5.000 mètres sise au centre du cratère Gale -- qu'il gravit pas à pas depuis plusieurs années.
Cependant, le robot de la Nasa est à l'arrêt depuis le 15 septembre, la faute à des problèmes de mémoire dans son unité centrale. La défaillance a été constatée dans le cerveau B de Curiosity, lequel est aux commandes depuis cinq ans. L'astromobile d'une tonne a en effet rencontré des difficultés pour stocker des données scientifiques dans sa mémoire à long terme et aussi des données techniques sur tous les évènements d'une journée, des informations capitales pour les opérateurs qui leur permettent de suivre son état de santé. Son journal de bord est en effet incomplet depuis cette date.
Pour y remédier, les ingénieurs ont choisi de permuter le cerveau de Curiosity, de passer du B au A. Cette mesure n'est pas définitive et elle provisoirement appliquée le temps que l'équipe résolve ses problèmes, très gênants. En attendant, toutes ces précieuses données sont donc écrites sur son double, devenu ordinateur de secours.
Deux ordinateurs dans la tête de Curiosity
Le cerveau A de Curiosity était actif jusqu'au 200e jour martien d'exploration. Mais comme il était affecté par des problèmes matériels et logiciels qui rendaient le rover incontrôlable (voir article plus bas), les ingénieurs furent contraints de l'abandonner au profit du cerveau B. Depuis, la panne a été localisée et la partie défaillante mise en quarantaine. Aussi, la partie A est-elle actuellement tout à fait opérationnelle pour prendre le relais et stocker de nouveau les informations.
« Nous avons passé la semaine dernière à vérifier la face A et à la préparer pour l'échange », a expliqué le chef-adjoint de la mission MSL (Mars Science Laboratory), Steven Lee. Curiosity pourrait-il fonctionner avec le cerveau A, autrefois victime d'un bug ? « Il est certainement possible d'exécuter la mission sur l'ordinateur du côté A si nous en avons vraiment besoin mais notre plan est de revenir au côté B dès que nous pourrons résoudre le problème afin d'utiliser sa plus grande taille de mémoire ». Quand ? « Il est trop tôt pour dire dans quel délai. » Le super robot devrait retrouver toutes ses fonctions bientôt.
Après un bug, Curiosity reprend du service (non sans risques)
Article de Jeanlou Chaput publié le 6 mars 2013
Après le bug informatique qui s'est produit la semaine dernière sur Curiosity, l'ordinateur B permet au rover martien de reprendre peu à peu du service. Mais les scientifiques sont face à un choix : faut-il concentrer son énergie pour réparer l'unité centrale défaillante pour disposer d'un ordinateur de secours, ou bien tout miser sur l'ordinateur B pour poursuivre la mission, au risque de tout perdre en cas de nouvelle panne ?
Curiosity sort peu à peu de sa léthargie. Après avoir été mis en mode sans échec à la suite d'un bug informatique affectant l'ordinateur principal, les scientifiques du Jet Propulsion Laboratory (JPL) commencent progressivement à réveiller le rover martien en activant étape par étape l'ordinateur B, identique en tous points au premier.
Néanmoins, si le robot est désormais repassé en mode actif depuis quelques jours, il n'a pas encore pleinement retrouvé ses fonctions. En effet, l'ordinateur de secours doit être mis à jour sur la position du rover ou celle de son mât par exemple, ce à quoi s'attèlent les chercheurs depuis la Terre, à plus de 300 millions de kilomètres de distance, avec « des progrès encourageants », explique Richard Cook, l'un des spécialistes du projet, dans un communiqué. Si tout se passe comme prévu, Curiosity pourrait reprendre ses investigations dès la semaine prochaine.
Faut-il prendre le risque de compromettre la mission de Curiosity ?
Il faut cependant parler au conditionnel. Effectivement, même si l'on sait que la panne concerne la mémoire Flash de l'unité centrale principale, les causes de ce bug restent encore indéterminées. Les rayonnements cosmiques sont pointés du doigt, mais il est trop tôt pour être affirmatif.
L'ordinateur A étant pour l'heure hors service, Curiosity ne dépend que de l'ordinateur de secours. En cas de plantage de ce dernier, c'est toute la suite de la mission scientifique qui tombe à l'eau. Que faire dans ce cas ? Le dilemme auquel sont confrontés les chercheurs de la Nasa est de savoir s'il faut utiliser les ressources de B pour réactiver A et ainsi disposer d'un filet de protection, ou si l'on charge l'ordinateur B de finir la mission au risque de tout perdre.
Quoi qu'il en soit, les manœuvres devront être effectuées rapidement. Au mois d'avril, le rover se mettra temporairement en pause, car comme tous les deux ans environ, le Soleil sera intercalé entre la Terre et Mars, rendant ainsi toute communication impossible entre les deux planètes durant quelques semaines.
Autoportrait de Curiosity à Rocknest 84e jour sur Mars (Sol 84). Le 31 octobre 2012, la Nasa composait le premier autoportrait de Curiosity à partir des 55 images prises avec la caméra Malhi installée sur son bras articulé. Le rover pose sur le site baptisé Rocknest où il a prélevé ses premiers échantillons du sol. Il y a séjourné entre le Sol 55 et le Sol 100. Derrière lui, à droite, on aperçoit la base du mont Sharp. © Nasa, JPL-Caltech, MSSS
Premier panorama 360° de Mars en couleur Cette image est le premier panorama de Mars en vraies couleurs. Elle a été prise depuis le site d'atterrissage de Curiosity (le cratère Gale), lors de son troisième jour sur Mars (Sol 3, le 6 août 2012). Ce panorama a été réalisé avec 130 images prises par les caméras du rover. Celles-ci ont été assemblées pour créer ce premier panorama de la mission. On aperçoit, au premier plan, les traces au sol du souffle des rétrofusées avant qu’il ne fût déposé. Au centre, à l’horizon, la base du mont Sharp. © Nasa, JPL-Caltech, MSSS
Vue sur la baie de Yellowknife Sol 137 (24 décembre 2012). Vue partielle d’un panorama composé de 111 images montrant ici les dépôts lacustres de la formation de la baie de Yellowknife. L’affleurement le plus sombre au fond, devant les collines, est « Point Lake ». Curiosity a foré plusieurs roches au premier plan : « John Klein » et « Cumberland ». © Nasa, JPL-Caltech, MSSS
Selfie de Curiosity sur le site de Mojave Sol 868 (14 janvier 2015). Autoportrait près des collines Pahrump sur les premiers contreforts du mont Sharp (celui-ci est visible à l’arrière-plan à gauche). Le rover pose devant la roche forée baptisée Mojave. Au fond à droite, on aperçoit les bords du cratère Gale. © Nasa, JPL-Caltech, MSSS
Selfie de Curiosity à « Buckskin » Sol 1.065 (5 août 2015). Curiosity cet autoportrait à l’occasion du troisième anniversaire (en année terrestre) de son arrivée sur Mars, dans le cratère Gale. La roche qu’il a foré et devant laquelle il pose est nommée « Buckskin ». Depuis plusieurs mois, le rover d’une tonne arpente les reliefs à la base du mont Sharp. © Nasa, JPL-Caltech, MSSS
Curiosity à « Kimberley » Sol 580. La formation nommée « Kimberley » photographiée avec la caméra du mât de Curiosity. Les strates témoignent d’un écoulement de l’eau en direction du Mont Sharp — on l’aperçoit sa base à l’arrière-plan — à une période où il n’existait pas encore. © Nasa, JPL-Caltech, MSSS
Autoportrait de Curiosity devant « la dune de Namib » Sol 1.228 (19 janvier 2016). Curiosity pose devant la dune de Namib (appartenant à l’ensemble des dunes de Bagnold sur le flanc nord-ouest du mont Sharp) où il a passé plusieurs semaines à enquêter dessus. 57 images prises avec Malhi composent cet autoportrait. © Nasa, JPL-Caltech, MSSS
La dune « Dingo Gap » franchie par Curiosity Sol 538 (9 février 2014). Afin d’éviter d’endommager davantage ses roues, Curiosity a emprunté un chemin moins périlleux en direction du mont Sharp. Image prise avec la MastCam trois jours après avoir franchi la dune « Dingo Gap ». © Nasa, JPL-Caltech, MSSS
Curiosity à l’entrée de « Murray Buttes » Sol 1.421 (5 août 2016). Quatrième anniversaire de l’arrivée de Curiosity sur Mars. Panorama composé de 130 images prises par la caméra du mât. Le rover se tient à l’entrée de la zone baptisée « Murray Buttes ». La mesa visible à gauche mesure environ 60 mètres de long et 15 mètres de hauteur. Le sommet du mont Sharp apparait à gauche. À l’arrière-plan, au centre et à droite, on distingue les remparts du cratère Gale. © Nasa, JPL-Caltech, MSSS
Les paysages martiens vus par Curiosity Sol 1.454 (8 septembre 2016). Première des cinq images spectaculaires du paysage de Far West que Curiosity arpente depuis août 2016. Des mille-feuilles de grès sont visibles de part et d’autre de cette zone appelée « Murray Butes » située à la base du mont Sharp. Constituées par le vent il y a plusieurs milliards d’années, elles ont été mises à jour par l’érosion éolienne. À l’arrière-plan, on aperçoit au loin malgré la brume orangée, les remparts du cratère Gale. © Nasa, JPL-Caltech, MSSS
Le cratère Gale D’un diamètre de 154 km, ce cratère a été évalué comme favorable à la présence de traces de molécules organiques. Il a été choisi parmi une centaine de sites proposés dès 2006. Parmi les critères de choix : intérêt scientifique bien sûr mais aussi conditions d’atterrissage (altitude, présence ou non de pentes…). © Nasa/JPL-Caltech/Esa/DLR/FU Berlin/MSSS
Curiosity observe l'œuvre de l'érosion martienne Sol 1.454 (8 septembre 2016). Seconde des cinq images spectaculaires de « Murray Buttes » prises par Curiosity. Les mesas et buttes qui composent ce paysage sont l’œuvre du vent. Le sable durci en grès a ensuite été érodé par les mêmes forces. © Nasa, JPL-Caltech, MSSS
Curiosity : emplacement des caméras Emplacement des caméras sur le rover. Sept caméras se trouvent sur le mât de Curiosity : 4 caméras en noir et blanc, 2 en couleurs (Mastcam) et RMI (Remote Micro Imager). À l’extrémité du bras robotisé se trouve Mahli (Mars Hand Lens Imager) qui doit réaliser des clichés du sol martien. D’autres caméras (Hazcams : Hazards-Avoidance Cameras) sont destinées à l’évitement des dangers. À l’arrière du rover : Mardi (Mars Descent Imager). © Nasa/JPL-Caltech
Le parachute de Curiosity photographié par MRO Spectaculaire photographie faite par l'orbiteur MRO montrant la descente de Curiosity sous son parachute. La résolution de cette image est de 33,6 cm par pixel, ce qui permet de discerner facilement les détails du parachute comme l'intervalle entre les différentes bandes ou le trou central. © MRO/Nasa
Une des premières vues de Mars par Curiosity Une des premières images prises par l'une des hazcams (Hazard-Avaoidance Cameras) de Curiosity, montrant l’ombre du rover). Ces caméras fonctionnent en noir et blanc et utilisent un objectif fish-eye (très grand angle). Pour des raisons techniques, ce sont elles qui ont transmis les premières images. Les caméras couleurs ont ensuite pris le relais. © Nasa/JPL-Caltech
Première image couleur du paysage martien Image prise l’après-midi du 1er jour après l’atterrissage (6 août 2012), par l’instrument Mahli (Mars Hand Lens Imager). On peut voir le bord du cratère Gale, malgré un peu de flou sur l’objectif de la caméra (dû à la poussière lors de la descente terminale du rover). Le but de Mahli est d’obtenir des images à haute résolution de roches et du sol du cratère Gale. © Nasa/JPL-Caltech/Malin Space Science Systems
MSL et Orion, deux capsules pour l’exploration de Mars Image d’artiste montrant (à gauche) la capsule de la mission MSL et à droite la capsule Orion. Le rover Curiosity a été placé à l’intérieur de la capsule MSL, comme seraient installés de futurs astronautes envoyés vers Mars avec Orion. © Nasa/JPL-Caltech/JSC
Le mont Sharp, cible scientifique du rover Curiosity Ombre du rover sur le sol martien, avec en fond une des cibles scientifiques principales : le mont Sharp. Curiosity devra y monter pour étudier les couches inférieures de cette montagne martienne, car les scientifiques pensent qu’elles détiennent des indices des changements environnementaux passés. © Nasa/JPL-Caltech
Selfie de Curiosity à « Big Sky » Sol 1.126 (6 octobre 2015). Ce nouveau selfie se compose à l’instar des précédents, de dizaines de photos prises avec la caméra Malhi. Une fois encore, Curiosity pose devant une roche forée à dessein d’analyser sa composition. Celle-ci est nommée « Big Sky ». © Nasa, JPL-Caltech, MSSS