Dans le domaine de l’accès à l’espace, 2024 s'annonce palpitante avec plusieurs lancements et événements majeurs prévus dans le monde. Voici une première partie des grands moments attendus pour cette année qui commence.
au sommaire
En 2024, SpaceXSpaceX ne sera plus le seul acteur majeur sur la scène occidentale des lanceurs, avec l'arrivée de trois nouveaux dont la mise en service est prévue pour au cours de l'année.
Europe : Ariane 6 prête à ouvrir un nouveau chapitre de l’histoire des Arianes
Après un retard de plus de quatre ans, l'Europe nourrit l'espoir de voir décoller Ariane 6 à l'été 2024. Ce lanceur marque un tournant significatif dans l'histoire d'Ariane, divergeant considérablement de la période d'Ariane 5Ariane 5. Bien qu'Ariane 6Ariane 6 ne puisse égaler la performance d'Ariane 5, devenue le lanceur de référence sur les marchés des lancements de satellites ouverts à la concurrence, elle permettra à l'Europe de retrouver son autonomieautonomie spatiale, perdue depuis plusieurs années.
États-Unis : nouvelle donne sur la scène spatiale
Aux États-Unis, SpaceX ne sera plus l'unique protagoniste. VulcanVulcan d'ULA et New GlennNew Glenn de Blue Origin se préparent à entrer en service avec une architecture similaire à Ariane 6 mais se distinguant par leur approche partiellement réutilisable, une différence significative par rapport à la stratégie d'Ariane 6.
Vulcan est un lanceur à deux étages dotés de boosters d'appoint qui utilisent trois moteurs différents. L'étage principal sera propulsé par deux moteurs BE-4 de Blue Origin fonctionnant au gaz naturel liquéfié et à l'oxygène liquide, tandis que l'étage supérieur sera équipé de deux moteurs fonctionnant avec un mélange d'hydrogène et d'oxygène liquide. Quant aux propulseurspropulseurs d'appoint, ils seront équipés de moteurs à propergol solide. Ce lanceur sera partiellement réutilisable. À la différence de SpaceX, qui récupère la totalité de l'étage principal de son Falcon 9, ULA ne récupérera que la partie basse du Vulcan qui comprend le moteur, la baie de propulsion et l'avionique.
Pour son premier vol, Vulcan vise la LuneLune, avec à son bord, l'atterrisseur Peregrine d'Astrobotic, et suivra le lancement du Dream Chaser de Sierra Space qui ravitaillera la Station spatiale internationaleStation spatiale internationale. Ce véhicule qui ressemble à un avion, et en sera vraiment un dans sa version habitée, bénéficie de plusieurs contrats de la NasaNasa pour ravitailler l'ISS. Dans un futur proche, il sera également utilisé pour la desserte de la station spatiale Orbital Reef.
Haut de 95 mètres, le New Glenn sera capable de lancer quelque 13 tonnes sur une orbite de transfertorbite de transfert géostationnaire. Ce lanceur n'est évidemment pas une évolution du New Shepard, qui est un étage suborbital capable d'emporter une capsule habitable destinée aux voyages touristiques suborbitaux et à des expériences scientifiques. New Glenn sera un lanceur à deux étages, voire trois si la configuration de la mission le nécessite. L'étage principal sera réutilisable, comme l'est celui du Falcon 9 de SpaceX. Il pourra aussi bien se poser sur la terre ferme qu'en pleine mer sur un navire. Cet étage sera propulsé par sept moteurs BE-4. Son premier vol est prévu dans le courant de l'été.
Ces deux lanceurs promettent d'apporter une nouvelle dynamique au paysage spatial des États-Unis, que SpaceX a rendu, certes, passionnant mais monotone !
Toujours aux États-Unis, cap sur la Lune
Outre ces nouveaux lanceurs, l'année 2024 aux États-Unis sera marquée par le premier vol habité du Starliner de Boeing à destination de la Station spatiale au printemps, suivi de près par la mission Artemis 2 autour de la Lune de la Nasa, initialement prévue vers la fin de l'année mais qui devrait être décalée de quelques mois.
SpaceX : défis et innovations en continue
Chez SpaceX, l'année 2024 ne sera pas simplement une suite de lancements records, comme cela a été le cas pour les années 2023, 2022... L'attention se portera principalement sur le développement du Starship, promettant des voyages habités vers la Lune, Mars et au-delà. Après deux vols d'essais en 2023 aux succès relatifs, l'année 2024 devrait voir ce lanceur voler plusieurs fois. L'innovation atteindra son apogéeapogée avec des démonstrations de transfert de carburant en orbite, illustrant l'audace constante de SpaceX dans le domaine spatial.
Inde : persévérance dans les vols habités
L'Inde maintient son cap sur le vol habité, contrairement à l'Europe, qui semble avoir abandonné l'idée d'être autonome en la matièrematière. Après le test réussi du système d'éjection de sa future capsule habitée lors du vol TV-D1 (CES, Crew Escape System, octobre 2023), l'Agence spatiale indienne s'apprête à effectuer un vol d'essai orbital sans astronauteastronaute en vue d'un vol habité dès 2025.
Japon : attente et incertitudes
Au Japon, le retour en vol du lanceur H3 suscite une grande attente en raison d'un calendrier de lancement chargé. Après un vol inaugural malheureux, se soldant par la perte du lanceur et de son satellite, le H3 devrait effectuer au moins deux vols en 2024. Ce qui devrait rassurer l'Agence spatiale japonaiseAgence spatiale japonaise qui prévoit de l'utiliser pour le lancement de la sonde de retour d'échantillons MMX (en collaboration avec le Cnes) à destination de PhobosPhobos et du cargo spatial HTV-XHTV-X. Ce cargo est une version améliorée et modernisée de l’HTV qui a été utilisé de 2009 à 2020 pour essentiellement ravitailler le segment nippon de la Station spatiale internationale. Une version adaptée à des voyages à destination de la Lune pourrait être réalisée afin de ravitailler le Gateway de la Nasa.