Quel sont les effets sur l'environnement des tirs des lanceurs Ariane ? La question fait débat et, à l'occasion du Salon du Bourget, deux responsables de l'Esa expliquent à Futura-Sciences ce qu'a mis en œuvre le Centre spatial guyanais.


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    Comme toute activité humaine, le Centre spatial guyanais (CSG), d'où sont lancées les fuséesfusées Ariane et bientôt les SoyouzSoyouz russes, n'échappe pas à la question de son impact sur l'environnement. Le Cnes, propriétaire foncier du CSG, l'Esa, propriétaire des installations au sol d'Ariane 5Ariane 5 et ArianespaceArianespace, l'opérateur des lanceurs, ont mis en place une politique environnementale qui englobe tout le site et dont les objectifs sont de limiter autant que possible l'impact de l'activité du CSG sur la faunefaune et la flore locale et de maîtriser les impacts environnements du lanceur en vol. Différents paramètres sont donc mesurés, notamment ceux concernant la qualité de l'eau, de l'air, l'impact sur la faune aquatique, la végétation et l'avifauneavifaune, dont les oiseaux sont de très bon bio-indicateurs.

    Comme nous l'explique Luisa Innocenti, en charge de ces questions auprès de la Direction des lanceurs de l’Agence spatiale européenne, « l'impact de l'activité humaine sur son environnement n'est jamais nul ». Chaque activité humaine engendre forcément des conséquences sur le milieu qui l'entoure. Dans le cas du CSG, l'activité spatiale, qui comprend entres autres la production des éléments du lanceur, « n'occasionne pas ou très peu de nuisancenuisance sur le site. Quels que soient les paramètres mesurés, ils sont toujours meilleurs que les limites réglementaires ». Le CSG a mis en place « plusieurs dispositifs concernant le transport, le stockage et le remplissage des matériaux nécessaires à la propulsion des lanceurs et des satellites ».

    La construction du site de l’Ensemble de lancement Soyouz a nécessité de déplacer <em>Stachytarpheta angustofolia</em>, une plante protégée par arrêté ministériel. Elle a fait l’objet d’une transplantation, en février 2008, de la zone du carneau de l’ELS vers une zone sanctuaire. Un suivi est réalisé chaque année. © Cnes

    La construction du site de l’Ensemble de lancement Soyouz a nécessité de déplacer Stachytarpheta angustofolia, une plante protégée par arrêté ministériel. Elle a fait l’objet d’une transplantation, en février 2008, de la zone du carneau de l’ELS vers une zone sanctuaire. Un suivi est réalisé chaque année. © Cnes

    Le CSG et les textes de règlementation

    Cependant, « nous sommes conscients que ce type d'activité peut présenter des risques ». C'est pourquoi, explique Alex Agapit, chef de division SauvegardeSauvegarde et environnement au CSG, « le Centre spatial guyanais met tout en œuvre pour les maîtriser. La majorité de ces installations est soumise à des textes réglementaires, en particulier la loi de 1976 sur les installations classées pour la protection de l'environnement et la directive Seveso concernant les risques d'accidentsaccidents majeurs ».

    À l'instar de nombreux sites de l'Esa, le Centre spatial guyanais n'est pas peu fier d'avoir « obtenu la norme ISOISO 14001 ». Une norme qu'Arianespace compte bien obtenir dans un avenir relativement proche. Le CSG ne se conforme pas seulement aux lois et autres textes réglementaires. Il « entretient également des relations étroites avec diverses associations liées à la protection de la faune et de la flore guyanaise ».

    Lors des lancements d’Ariane 4 ou d’Ariane 5, un suivi de la qualité de l’air est systématiquement mis en place. Il est réalisé à l’aide d’un réseau de détection composé de 27 analyseurs des polluants de l’air répartis sur le centre, sur les sites d’observation rapprochés de Toucan, Agami, Kikiwi et sur les villes de Kourou et de Sinnamary. © Rémy Decourt

    Lors des lancements d’Ariane 4 ou d’Ariane 5, un suivi de la qualité de l’air est systématiquement mis en place. Il est réalisé à l’aide d’un réseau de détection composé de 27 analyseurs des polluants de l’air répartis sur le centre, sur les sites d’observation rapprochés de Toucan, Agami, Kikiwi et sur les villes de Kourou et de Sinnamary. © Rémy Decourt

    Les résultats sur l'impact des lancements sur la nature

    La surveillance environnementale mise en place lors des premiers lancements d'Ariane 5 et les mesures effectuées à chaque lancement montrent que « la faune et la flore sont peu impactées ». Il apparaît que « l'impact est localisé autour de la zone de lancement dans un rayon d'environ 1 kilomètre ». Pour la faune aquatique étudiée dans les deux cours d'eau principaux du CSG, les « variations naturelles saisonnières expliquent les variations observées ».

    Le CSG fait valoir que les alentours sont mieux protégés qu'ailleurs des activités humaines puisqu'elles sont interdites dans un rayon de plusieurs kilomètres. « Certaines espècesespèces d'oiseaux, comme les picolettes, sont très présentes alors qu'elles sont quasi-absentes ailleurs du fait de la pression de prélèvements ». D'autres espèces rares ne s'observent qu'au CSG, comme le grèbe à bec bigarré.

    Enfin, les lancements d'Ariane 5 et leurs impacts sur l'atmosphèreatmosphère et la couche d’ozone que traverse le lanceur « sont également très surveillés ». À chaque lancement, que ce soit vers l'est ou le nord, bien que le lanceur suive la même trajectoire, « l'impact sur l'atmosphère et la couche d'ozonecouche d'ozone n'est pas significatif », de sorte qu'il ne « provoque pas de trou qui ne se rebouche pas ». S'il y a baisse de la concentration d'ozone au passage du lanceur, elle est de courte durée, affirme Alex Agapit.