Depuis l’abandon de l’avion spatial Hermès en 1992, le développement d’un système de transport spatial habité n’est pas une priorité pour l’Europe. Depuis qu’il est à la tête de l’Agence spatiale européenne, Jean-Jacques Dordain répète qu’il préfère le réaliser dans le cadre d’une coopération internationale.

au sommaire


    S'exprimant lors du Salon du Bourget, Jean-Jacques Dordain, directeur général de l'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne, a réitéré sa conviction qu'une des principales leçons de l'expérience de la Station spatiale internationale est que les partenaires de l'ISS ont fait une « erreur collective en omettant de définir une politique commune pour y accéder ».

    Chaque partenaire a pris des décisions unilatérales qui se justifiaient chacune mais sans se concerter sur les besoins collectifs. Résultat, avec l'arrêt des navettes, tous dépendent aujourd'hui des seules capacités russes pour envoyer des Hommes à bord et les redescendre sur Terre, sans aucune autre solution de secours si, pour une raison ou une autre, le lanceur SoyouzSoyouz venait à être inutilisable.

    Cette situation n'est pas sans rappeler celle des années 1980, lorsque les États-Unis avaient confié la totalité de leurs lancements à la seule navette. Lorsqu'explosa Challenger en avril 1986, presque toute l'astronautique occidentale fut clouée au sol pour plusieurs années. Se pose également la question du retour d’orbite de charge lourde. Il existe trois vaisseaux ravitailleurs de la Station, l'ATV européen, le HTV japonais et le Progress russe, mais aucun n'est en mesure de le faire ! Une situation incongrue qui limite d'autant l'utilisation de l'ISS.

    Un module interopérable

    À l'avenir, Dordain souhaite une « politique commune et une contribution européenne à un système de transport spatial habité international ». L'idée serait de converger vers un concept modulaire permettant à chaque partenaire de concilier ses propres besoins à ceux des autres en développant un module interopérable. Dans ce schéma, l'Europe pourrait capitaliser sur le programme ATV en développant un module qui pourra devenir un élément d'futur véhicule spatial habité de la Nasa.

    En attendant, la priorité européenne est donnée à la pérennisation de l'accès à l'espace des satellites européens. L'Esa a en projet « d'européaniser le petit lanceurpetit lanceur VegaVega et d'augmenter sa performance ». En 2012 seront prises les décisions de financer le développement de l'Ariane 5ME 12 tonnes qui se fera seulement si « on démontre qu'en investissant dans ce lanceur on améliore la compétitivité d'ArianespaceArianespace sur le marché des lancements de satellites ouvert à la concurrence » et vraisemblablement celle du lanceur de nouvelle génération (NGL) qui doit succéder à l'actuelle famille Ariane 5Ariane 5. Sa modularité doit lui permettre de remplacer le Soyouz ST, lancé depuis la Guyane. Ce NGL vise les missions institutionnelles couvrant une plage de performance à partir d'un équivalent à 3 tonnes en orbite géostationnaireorbite géostationnaire (incluant ainsi le segment 4 tonnes en orbite héliosynchronehéliosynchrone), jusqu'à un équivalent de près de 8 tonnes en orbite de transfertorbite de transfert.