Ce n'est encore qu'un modèle réduit mais il vole ! Il tire son énergie d'une pile à combustible utilisant l'oxygène de l'air et l'hydrogène de son réservoir. Rejets de gaz brûlés : zéro.

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    A l'origine, Koni Schafroth, ingénieur suisse, voulait faire un bel avion très rapide. L'équipe qu'il a réunie a planché sur un cahier des charges extravagant : deux places, un poids à vide de 400 kilogrammes, une vitesse minimale de 125 km/h mais des pointes possibles à Mach 0,85, soit près de 900 km/h, l'appareil devant être déclinable en version lourde, capable d'emporter 20 passagers. Pour la forme de l'engin, l'ingénieur et son équipe se sont inspirés... des poissonspoissons. Ainsi est né le SmartFish en 2003, réduit à ce stade à l'état de maquette mais déjà impressionnant, avec son allure de jet bionique, doté de vastes ailes complexes, presque deltasdeltas mais arrondies par des courbes multiples.

    Crédit  : SmartFish

    Crédit : SmartFish

    Il manquait encore un moteur. L'ingénieur voulait installer une turbine. Mais il fallait pour cela beaucoup d'argent, donc un sponsor. L'un d'eux, le Deutsches Zentrum für Luft- und Raumfahrt (DLR), un institut allemand de recherche aéronautique et astronautique installé à Stuttgart, a proposé une solution beaucoup plus originale : un moteur électrique faisant tourner une hélice carénée et puisant son énergieénergie dans une pile à combustiblepile à combustible alimentée par de l'hydrogènehydrogène de l'oxygèneoxygène embarqués dans deux réservoirs. SmartFish a changé de nom et est devenu HyFifsh, « Hy » pour hydrogène, bien sûr.

    Allure de jet

    L'objectif étant difficile à atteindre, les équipes suisses et allemandes ont quelque peu simplifié le problème. C'est un modèle réduit de 1,2 mètre qui a été testé et d'abord avec une batterie classique. Elle fait tourner un petite hélice carénée, souvent appelée turbine, comme il en existe dans le commerce pour les modèles réduits. Sans pales apparentes, les avions prennent alors une allure de jet. Un modèle de ce type est d'ailleurs fabriqué par une firme allemande, Schüebeler, qui est bien celui installé sur le prototype selon le magazine d'aéromodélisme RCPilot-Online.

    Après ces essais concluants, le DLR a monté une véritable pile à combustible capable de fournir une puissance 1 kilowatt au moteur électrique. C'est là une première. En 1988, Tupolev avait fait voler un TU-155 (déclinaisondéclinaison du TU-154) dont un moteur fonctionnait à l'hydrogène liquideliquide ou au gaz naturel liquéfiégaz naturel liquéfié. Mais le gaz était utilisé directement dans le moteur et non pour produire de l'électricité.

    Le prototype immaculé prêt au décollage…<br />Crédit  : DLR

    Le prototype immaculé prêt au décollage…
    Crédit : DLR

    Pour alléger le prototype du poids d'un réservoir, la pile du premier HyFish puise son oxygène dans l'airair ambiant. En revanche, l'hydrogène est embarqué dans un réservoir contenant 200 litres (ramené à pressionpression ambiante) et donnant à ce drone une autonomieautonomie de quinze minutes. C'est cet engin qui vient d'être essayé lors d'un premier vol, dont on sait pour l'instant très peu de choses, mais qui a été filmé. On pourra voir le HyFish à la prochaine Foire de Hanovre, du 16 au 20 avril.

    Koni Schafroth espère toujours passer à l'échelle supérieure et réaliser un véritable avion au moins à deux places, rapide et non polluant (la pile à combustible rejette de l'eau). Mais il attend d'autres sponsors...