La sexualité pendant la grossesse réveille bien des tabous et angoisses pour le couple. La fréquence de ses rapports peut s'en trouver parfois diminuée. À part certaines dispositions dues aux modifications anatomiques à prendre en compte, existe-t-il des contre-indications pour avoir une sexualité active durant la grossesse ?
au sommaire
Continuer de faire l'amour enceinte peut demander quelques adaptations pratiquo-pratiques, surtout à partir du deuxième trimestre. Mais existe-t-il des freins aux rapports sexuels ? Quid des risques pour la grossesse et le développement du fœtus ?
« Consciemment ou non, [la sexualité pendant la grossesse] peut générer des inquiétudes, des angoisses de possibles complications et modifier fréquemment le comportement sexuel des couples », décrit le Pr Patrice Lopès, gynécologuegynécologue à Saint-Herblain (Loire-Atlantique) et auteur. du livre Manuel de sexologie - Sexualité et grossesse, Édition Elsevier-Masson. En effet, pour certains, la sexualité pendant la grossesse peut « réveiller toutes les ambiguïtés, les craintes, les tabous de la sexualité quand seuls le désir et le plaisir en constituant la finalité, et ce d'autant que la présence du fœtus peut être considérée comme le témoin d'un acte que l'on a toujours voulu considérer comme intime ».
La grossesse peut aussi « être une excuse. Le corps transformé de la femme enceinte peut gêner l'homme et favoriser la confusion entre ce corps et l'objet de ses désirs ». Ainsi, « pour la femme comme pour l'homme, un refus des rapports sexuels peut s'exprimer ». À savoir que ce refus ne vient souvent pas de nulle part. « La sexualité avant la grossesse conditionne très fortement les relations sexuelles pendant la grossesse », atteste le Pr Lopès.
Au cours de la grossesse, « les conseils sont donc nécessaires pour amplifier l'harmonie du couple et éviter certaines difficultés ». D'autant que le post-partum peut aussi apporter son lot de difficultés. Ces dernières seront d'autant mieux « anticipées si l'on parle de la sexualité au cours de la grossesse ».
Plaisir intensifié au deuxième trimestre
À noter que pour 60 % des femmes, le désir sexuel reste le même avant et pendant la grossesse. Et le deuxième trimestre reste le meilleur moment pour en profiter. Il s'agit d'une « période privilégiée d'épanouissement physiquephysique et psychique. Le ventre s'est arrondi, mais ne constitue pas un obstacle à une vie sexuelle intense et harmonieuse d'autant que la libido peut s'intensifier, décrit le Pr Lopès. Le pouvoir de séduction de la femme est amplifié. Sur le plan physique, la congestion veineuse vaginale s'associe à une lubrification plus importante ».
Reste que « globalement, la sexualité diminue en fréquence et en intensité au cours de la grossesse », notamment pendant le 3e trimestre. « Au CHU de Nantes, la diminution de la fréquence des rapports sexuels est enregistrée pour deux tiers des femmes et au 9e mois chez 88,1 % d'entre elles », décrit le gynécologue.
Quelles peuvent être les complications possibles ?
Au-delà des obstacles, voire du rejet de la sexualité, existe-t-il des situations à risque ? En cas de certaines menaces de « fausses-couches ou d'accouchement prématuré », de « rupture prématurée des membranes, la pénétration sexuelle sera interrompue devant une grossesse multiple après 22 semaines d'aménorrhéesaménorrhées. En dehors de ces pathologiespathologies particulières -- les placentas insérés bas peuvent vous amener à éviter les rapports par pénétration -- , il n'y a pas de contre-indications à la sexualité », décrit le Pr Lopès.
Si aucune complication ne vous concerne, il s'agira simplement de rester plus calme que tonique lors de vos ébats. « Le col utérin est plus fragile et la douceur est recommandée lors de la pénétration pour éviter des réactions provoquées », conclut le Pr Lopès.