Une question que se posent souvent les femmes, lorsqu’elles attendent un bébé, est de savoir si le bébé ressent également les émotions qu’elles vivent. Les évènements stressants pour la mère le sont-ils aussi pour le fœtus ? D’un autre côté, l’optimisme lui est-il bénéfique ?


au sommaire


    La réponse doit être précise car il est clair que si l'on fait des chatouilles à la maman, ce n'est pas bébé qui va rire, et si la mère regarde un film triste, le bébé ne pleurera pas. Cependant, l'état d'esprit du moment peut avoir un impact sur le bébé que les femmes portent. Surtout si cet état d'esprit dure. En effet, les différentes études qui se sont intéressées à cette question apportent une réponse sans appel : oui, les événements vécus très tôt, c'est-à-dire pendant la grossesse, influenceront la santé future et le comportement du bébé. Que ce soient des évènements positifs ou négatifs. Dans ce dernier cas, pas d'inquiétude, nous verrons aussi qu'il existe des méthodes pour venir à bout du stress « gestationnel » !

    L’anxiété de la maman influence le comportement jusque dans la petite enfance…

    Dans une étude (O'Connor et al., 2003), c'est une cohorte de près de 10.000 femmes qui furent suivies pendant leur grossesse, ainsi que leurs enfants jusqu'à 80 mois après leur naissance. On évalua l'anxiété et le stress des femmes enceintes grâce à des questionnaires qu'elles devaient remplir à six occasions (pendant la grossesse, puis après l'accouchement à 2 mois, 8 mois, 2 ans et 3 ans). Les mamans devaient aussi dire 47 et 80 mois après l'accouchement comment elles percevaient leur enfant sur différents plans (inattention, hyperactivité, comportement, problèmes émotionnels), également à l'aide de questionnaires.

    La très grande majorité des enfants ne présentait pas de problèmes psycho-pathologiquespathologiques. On remarqua cependant que les enfants, dont les mères avaient été exposées à de hauts niveaux de stress en fin de grossesse (3e trimestre), présentaient beaucoup plus de troubles comportementaux et émotionnels à l'âge de 6 ans que les enfants des autres mères. Cet effet était comparable à celui obtenu aux 4 ans de l'enfant, suggérant que ce lien est persistant. Cette étude montre que le stress et l'anxiété anténatale ont un effet sur le fœtus et que cet effet dure pendant de nombreuses années. Il est probable que les hauts niveaux de cortisolcortisol (hormonehormone dite « du stress ») de la mère, dans ces périodes de stress, soient transmis au fœtus. Le bébé est alors exposé à des niveaux importants d'hormones du stress, ce qui aurait une implication sur son développement cérébral.

    Le foetus ressent-il le stress de sa maman ? © Zffoto, Shutterstock  
    Le foetus ressent-il le stress de sa maman ? © Zffoto, Shutterstock  

    D’autres travaux confirment et précisent cet impact

    Ici, ce sont environ 3.000 femmes et leurs enfants qui servirent à l'étude (Robinson et al., 2008). Celle-ci va également mettre en évidence que les tourments rencontrés pendant la grossesse vont entraîner des problèmes de comportement du type agressivité, instabilité ou dépression chez l'enfant.

    Mais quels sont ces événements stressants vécus pendant la grossesse et pouvant influencer la santé mentale des enfants jusqu'à l'âge de 2 ans ? Eh bien, il s'agit de la mort du conjoint, de la séparationséparation du couple, d'un licenciement de la maman ou du papa, de problèmes d'argentargent, d'un déménagement, de tabagisme ou pire encore : de la famine, de tremblements de terretremblements de terre, etc.

    D'autres psychologues (Rice, 2007) ont eu l'idée de faire une synthèse de tous les travaux ayant été menés dans ce domaine et leurs conclusions sont les suivantes : les mères qui ont vécu des stress importants dans le dernier trimestre de la grossesse ont des enfants qui ont davantage de problèmes émotionnels et ces problèmes peuvent également perdurer à l'adolescenceadolescence et à l'âge adulte. Ainsi, des chercheurs (O'Connor, 2003) ont démontré que les femmes ayant vécu des stress gestationnels avaient des enfants présentant un syndromesyndrome d'hyperactivité entre 4 et 15 ans plus important que les autres. En fin de grossesse, le cerveaucerveau est en plein développement ; il est donc possible que, sous l'effet prolongé des hormones du stress, il y ait une altération dans le processus de structuration de cet organe. Ceci entraîne alors un risque accru de psychopathologie chez l'enfant plus tard.

    Il est difficile de savoir si ce lien entre anxiété de la maman et problèmes psychologiques chez l'enfant ne tient pas d'une explication génétiquegénétique. Ainsi, certains gènesgènes transmis de la mère à l'enfant seraient en même temps responsables de l'anxiété de la mère et des troubles chez l'enfant. Quoi qu'il en soit, et bien que ce mécanisme ne soit pas bien connu, ce qui est certain en revanche, c'est bien le lien entre le stress de la maman et les problèmes psychologiques de l'enfant.

    Les résultats vont prouver que les deux types de relaxation réduisent de façon significative l’état d’anxiété et la fréquence cardiaque des femmes

    Futures mamans : re-po-sez-vous ! 

    Certains psychologues (Teixeira, Martin, Prendiville et Glover, 2005) ont alors eu l'idée de chercher une solution à ce problème. Ils soumirent 58 femmes enceintes à deux méthodes différentes. Dans un cas, il s'agissait de « relaxation active » : sous la direction d'un expert dans ce domaine, les femmes étaient invitées à se détendre en imaginant des scènes ou en écoutant un récit induisant un sentiment de confort important. L'autre méthode, dite de « relaxation passive », consistait simplement à s'asseoir tranquillement dans un fauteuil confortable équipé d'un repose-pieds pendant 45 minutes et à lire un magazine de mode féminine. Les chercheurs prélevèrent également deux échantillons de sang à chacune de ces femmes. Un premier avant l'expérience, un autre juste après. On mesura également différentes constantes (tension, poulspouls, etc.).

    Les résultats vont prouver que les deux types de relaxation réduisent de façon significative l'état d'anxiété et la fréquence cardiaque des femmes. Cependant, l'effet a été significativement plus important avec la première technique. Les spécialistes ont remarqué que les taux de noradrénalinenoradrénaline et de cortisol des futures mamans avaient considérablement baissé après l'expérience. On préconise aux femmes de se reposer.

    Des études précédentes (Field et al., 1999) ont démontré un effet bénéfique de la massothérapie sur la réduction de l'anxiété et l'amélioration de l'état d'esprit des futures mamans. Cette étude ajoute une nouvelle technique permettant de réduire le stress gestationnel. En guise de conclusion, si vous êtes enceinte, vous savez ce qu'il vous reste à faire : demander au futur papa de vous masser et vous relaxer le plus possible surtout en fin de grossesse...

    Pour aller plus loin :