Les hommes qui ont fumé du cannabis à un moment de leur vie ont plus de spermatozoïdes que ceux qui n’en ont jamais fumé. C'est le surprenant résultat d'une étude de l'université Harvard qui a aussi trouvé qu’il n’y avait pas de différences entre les anciens et les actuels fumeurs.


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    Le cannabis est aujourd'hui la drogue non-légale la plus consommée en France. D'après le site Drogues Info Service, près d'un adulte sur trois a déjà fumé du cannabis et 3,4 % des hommes de 18 à 64 ans sont des fumeurs réguliers. Des études ont déjà suggéré que le cannabis avait un effet négatif sur la santé reproductive (voir article ci-dessous, sur une étude avec seulement 22 hommes). Souvent, ces études portaient sur des animaux ou des hommes qui avaient une grosse consommation de cannabis.

    Ici, les chercheurs de Harvard ont étudié 1.143 échantillons de sperme provenant de 662 hommes dont l'âge moyen était de 36 ans et qui étaient suivis dans un centre de fertilité hospitalier. Ces échantillons avaient été récoltés entre 2000 et 2017 ; 317 hommes ont aussi fourni un échantillon sanguin qui a servi à doser leurs hormones. Les participants ont répondu à un questionnaire sur leur consommation de cannabis.

    Un spermogramme donne des informations sur la concentration des spermatozoïdes, leur motilité et leur morphologie. © vchalup, Fotolia
    Un spermogramme donne des informations sur la concentration des spermatozoïdes, leur motilité et leur morphologie. © vchalup, Fotolia

    Parmi eux, 55 % des participants avaient déjà fumé du cannabis, 44 % étaient d'anciens fumeurs et 11 % en fumaient toujours. Chez les hommes qui avaient fumé du cannabis, le sperme contenait en moyenne 62,7 millions de spermatozoïdes par mL. En revanche, chez les hommes qui n'avaient jamais fumé de joint, le sperme ne contenait plus que 45,4 millions de spermatozoïdes par mL. Il n'y avait pas de différences significatives entre les anciens fumeurs (63,5 millions/mL) et les actuels fumeurs (59,5 millions/mL).

    Une consommation modérée de cannabis ne nuirait pas à la fertilité

    Selon les critères retenus par l'OMS, un sperme de bonne qualité doit contenir au moins 15 millions de spermatozoïdes par mL. Chez les fumeurs de cannabis, seulement 5 % étaient en-dessous de seuil, tandis que 12 % des non-fumeurs n'atteignaient pas les 15 millions de spermatozoïdes par mL. De plus, chez les fumeurs de cannabis, un usage plus intensif semblait associé à des niveaux plus élevés de testostéronetestostérone. Mais les fumeurs avaient des niveaux plus bas de FSHFSH, l'hormone qui active la spermatogenèse.

    De faibles niveaux de consommation de marijuana pourraient bénéficier à la production de sperme

    Ces résultats vont donc à l'encontre des études qui tendent à montrer que le cannabis a un impact négatif sur le sperme. Comment l'expliquer ? Pour Feiby Nassan, principale auteure de cette étude parue dans Human Reproduction, « nos résultats étaient contraires à nos hypothèses initiales. Cependant, ils concordent avec deux interprétations différentes, la première étant que de faibles niveaux de consommation de marijuana pourraient bénéficier à la production de sperme en raison de son effet sur le système endocannabinoïdesystème endocannabinoïde, qui est connu pour jouer un rôle dans la fertilité, mais ces avantages sont perdus avec des niveaux plus élevés de la consommation de marijuana. »

    Le saviez-vous ?

    Le cannabis contient des cannabinoïdes comme le THC qui peuvent se fixer sur les récepteurs du système endocannabinoïde, CB1 et CB2.

    La chercheuse propose aussi une autre explication : « Une interprétation tout aussi plausible est que nos résultats pourraient refléter le fait que les hommes ayant des niveaux de testostérone plus élevés sont plus susceptibles d'adopter des comportements à la recherche de risques, notamment de fumer de la marijuana. »


    Effets du café et du cannabis sur la qualité du sperme

    Article du Dr OlivierOlivier Namy paru le 20 octobre 2003

    Une étude menée par des scientifiques Brésiliens démontre que boire du café rend les spermatozoïdes plus rapides. Ces travaux ouvrent la perspective d'utiliser la caféinecaféine dans certains traitements contre la stérilité.

    Cette étude a consisté en l'étude de la qualité du sperme de 750 hommes buvant plus ou moins de café. Pour cela les hommes ont été répartis en trois groupes en fonction de leur consommation de café. Entre une ou trois tasses par jour (petit buveur), entre 4 et 6 tasses par jour (buveur moyen), plus de 6 tasses par jour (grand buveur).
    Aucune différence dans la concentration ou la manière de se mouvoir des spermatozoïdes n'a été observée. De manière similaire, aucune variation du niveau des hormones sexuelles (testostérone) n'a été mise en évidence. En revanche, la mobilité des spermatozoïdes des hommes faisant partie du groupe des grands buveurs était significativement supérieure à celle des spermatozoïdes du groupe d'hommes ne buvant pas de café.

    Les scientifiques suggèrent que ces résultats pourraient aider à mettre au point de nouveaux traitements à base de caféine pour remédier à une faible qualité du sperme.

    Effet du cannabis

    En revanche, une autre étude a montré que fumer du cannabis avait un très fort effet négatif sur la qualité du sperme et affectait fortement la fertilité des hommes. Les résultats indiquent que fumer du cannabis réduit le nombre ainsi que le volumevolume de spermatozoïdes produit par les hommes. Un autre effet observé, a été une accélération temporaire de la vitessevitesse des spermatozoïdes avant qu'ils ne s'immobilisent totalement.

    L'effet délétère du cannabis se fait probablement par l'intermédiaire d'un composant appelé le tétra-hydrocannabinole (THCTHC) qui agit sur des récepteurs présents à la surface des spermatozoïdes humains. Il a aussi été montre que le THC pouvait empêcher les spermatozoïdes de se fixer sur l'ovuleovule. Cette étude a été réalisée sur 22 hommes ayant fumé du cannabis depuis 5 ans en moyenne.

    Il est probable que le cannabis puisse aussi affecter la fertilité des femmes. Peut-être en modifiant la concentration du THC au niveau de leurs organes reproducteurs.