Mais cette fois les Réunionnais sont prêts. Il y a peu, l'opération Kass'Moustik a sensibilisé la population, qui se prépare au retour de l'épidémie. Pendant ce temps, la maladie est soupçonnée d'avoir déjà fait plus d'un million de victimes en Inde…

au sommaire


    Avec la fin de l'hiverhiver austral, les conditions deviennent à nouveau idéales pour que reprenne de plus belle l'épidémie de chikungunya, cette maladie virale transmise par les moustiquesmoustiques qui a sévèrement touché l'île de La Réunion, Mayotte et l'île Maurice, entre mars et juin 2005 dans un premier temps puis entre octobre 2005 et juin 2006. Au cours de ces périodes, 266 000 personnes ont été touchées (alors que l'île compte 700 000 habitants). Fièvres élevées et fortes douleurs articulaires, lesquelles peuvent persister plusieurs mois, affaiblissent considérablement les malades et peuvent être fatales aux personnes déjà affaiblies, ou âgées. Environ 250 décès sont imputés à cette maladie depuis janvier 2006.

    Le « chik », comme disent les Réunionnais, a fait son apparition en même temps que les beaux jours et la Cire (Cellule interrégionale d'épidémiologie Réunion-Mayotte) recense déjà 10 à 30 nouveaux cas par semaine. Ce taux reste bien en deçà d'une épidémie mais mieux vaut prévenir que guérir. Durant le dernier week-end, l'opération de sensibilisation Kass'Moustik a diffusé les règles à suivre pour limiter l'épidémie. Associations et pouvoirs publics se sont mobilisés. Des lycéens et des bénévoles sont allés répandre la bonne parole, tandis que le Ministre de la Santé, Xavier Bertrand, faisait le voyage sur l'île de La Réunion pour donner de la résonancerésonance à cette activité. Dans la foulée, un site officiel a été mis en place, sur lequel on peut récupérer des plaquettes d'informations et qui donnent des explications sur la maladie, mais finalement peu de conseils de préventionprévention. Le Ministre a annoncé des mesures à plus long terme : un service de prophylaxieprophylaxie sera mis en place par l'Etat et les collectivités locales, avec un effectif de 150 personnes en 2007 et de 200 en 2008.

    <em>Aedes albopictus</em> en pleine action. Simple transmetteur du virus, il prolifère en été partout où il trouve de l'eau stagnante. Une soucoupe oubliée dans le jardin lui suffit pour offrir un gîte à sa progéniture.

    Aedes albopictus en pleine action. Simple transmetteur du virus, il prolifère en été partout où il trouve de l'eau stagnante. Une soucoupe oubliée dans le jardin lui suffit pour offrir un gîte à sa progéniture.

    Sus à l'eau croupie

    Pour lutter contre ce fléau, il s'agit essentiellement de réduire le nombre de moustiques, transmetteurs de l'arbovirusarbovirus. Plusieurs espècesespèces sont soupçonnées d'être des vecteurs, le principal accusé étant Aedes albopictusAedes albopictus. Ces animaux pondent dans des eaux stagnantes et c'est sur ce point qu'il est facile d'agir : vider vases, soucoupes et pots de fleurs laissés dans les jardins, jeter avec les ordures tout ce qui peut devenir un récipient (pneuspneus, boîtes de conserve...) et, d'une manière générale, repérer tous les sites potentiels de ponte autour de chez soi. On conseille aussi les vêtements longs et de ne pas lésiner sur les anti-moustiques. Les femmes enceintes sont particulièrement mises en garde, d'autant qu'à partir du neuvième mois, le virusvirus peut se transmettre au fœtusfœtus.

    Pour l'instant, aucun médicament n'existe. Sanofi-Pasteur travaille sur un vaccinvaccin et un produit, à base de chloroquinine (aussi utilisé contre le paludismepaludisme), est en cours de test. Mais, a expliqué le Ministre, les essais n'ont porté que sur 75 patients volontaires alors qu'il en faut 250. Ce manque de volontaires ne provient que du trop petit nombre de malades pour l'instant. Mais d'autres pays ont hélas des réservoirs de volontaires potentiels bien plus vastes.. L'Inde est déjà fortement affectée : l'OMSOMS de l'Asie du Sud-Est y a déjà recensé plus de 1,25 million de cas suspects. Un test de détection de la maladie dans un échantillon sanguin, rapide et bon marché, a été mis au point par une équipe coréenne appartenant à la Green Cross, une organisation coréenne de recherche médicale. Il reprend une technique déjà utilisée dans ce genre de test et faisant appel à la PCR (Polymerase Chain ReactionPolymerase Chain Reaction) pour identifier facilement des gènesgènes de l'arbovirus responsable du chik.

    Les moustiques et leurs arbovirus sont donc attendus de pied ferme...