Au début, le chikungunya semblait n'être rien de plus qu'une grosse grippe, non létale. Aujourd'hui, les symptômes de la maladie évoluent, et le virus transmis à l'homme par l'Aedes albopictus semble à même de provoquer péricardites et hépatites.

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    Aedes albopictus

    Aedes albopictus

    130 000 personnes ont été touchées par le chikungunya à la Réunion, dont 20 000 en l'espace d'une semaine. On dénombre 77 morts, directs ou indirects. Le ministre de l'Outre-mer a déclaré hier que l'île traversait une crise "hors norme ", et que la lutte contre le virus via la démoustication serait l'affaire de plusieurs mois, voire de plusieurs années.

    Le moustique vecteur du virus  <br />(Crédits : US Department of Agriculture)

    Le moustique vecteur du virus
    (Crédits : US Department of Agriculture)

    Une bataille de plusieurs mois, voire de plusieurs années…

    A l'occasion d'une conférence de presse à Saint-Denis-de-La-Réunion, le ministre de l'Outre-mer - François Baroin - a qualifié la crise que traverse l'île de "hors norme". 130 000 personnes infectées, 77 habitants décédés directement ou indirectement des suites de la maladie. Le bilan ne cesse de s'alourdir, et les arrêts de travail de se multiplier. En effet, le nombre de ces derniers a été multiplié par 4 depuis le début de l'année, et six sur 10 sont dus au chikungunya. Aujourd'hui, c'est toute une population et une vie économique qui sont paralysées.

    « C'est la première fois qu'une seule et même population sur un territoire grand comme La Réunion ... est frappée aussi rapidement, aussi puissamment, par un virus que l'on connaît aussi mal. », a jugé le ministre de l'Outre-mer. « Il ne faut pas se tromper, cette bataille va durer des mois et des années, s'agissant de la démoustication ». Ainsi, François Baroin prenait le contre-pied de sa déclaration du 4 janvier 2004, au cours de laquelle il affirmait, à l'instar de l'OMS et de nombreux médecins, que le chikungunya était «une maladie dont ne meurt pas, et qui ressemble à une grosse grippe ».

    Le chikungunya surprend tout le monde

    Le chikungunya, qui signifie "marcher courbé ", provoque fortes fièvres et rhumatismes. Il apparaît généralement au cours des saisonssaisons des pluies, quand les moustiquesmoustiques se multiplient. D'ordinaire, les symptômessymptômes apparaissent en moins d'une semaine, et, à l'heure actuelle, on ignore encore comment les traiter, hormis par l'administration d'anti-inflammatoiresanti-inflammatoires et d'antivirauxantiviraux. Le virus ne touche pas que l'île de La Réunion. Depuis le début de l'année, 864 cas sont recensés à Maurice, et un millier à Mayotte.

    Alors qu'on le croyait inoffensif, sauf chez les personnes fragiles (enfants en bas âge, femmes enceintes et personnes âgées), des médecins se demandent si le chikungunya ne pourrait pas provoquer des morts subitesmorts subites. En effet, les connaissances sont maigres à son sujet, et certaines personnes infectées ont contracté des péricarditespéricardites, ainsi que des méningo-encéphalitesencéphalites. D'autre part, le virus semble transmissible de la mère à l'enfant, et susceptible de réapparaître chez une même personne en l'espace de quelques semaines.

    Devant cette méconnaissance du virus, le ministre de la santé a appelé hier tous les laboratoires français à se mobiliser : "je recevrai l'ensemble des laboratoires pharmaceutiques de notre territoire, pour regarder dans toute la pharmacopée existante ce qui relève de leur laboratoire, les médicaments qui peuvent, non pas seulement prendre en charge la douleurdouleur, mais qui peuvent enrayer l'évolution du chikungunya".

    Sur l'île de la Réunion, une personne sur huit est touchée. Si on transposait cette situation en métropole, on atteindrait le nombre de 8 millions de personnes infectées. En l'état des connaissances actuelles, la seule protection reste de se couvrir des pieds à la tête, d'éviter les eaux stagnantes, et d'utiliser des insecticidesinsecticides. Face à cette menace, l'OMS se mobilise et compte envoyer un comité d'experts sur l'île pour "évaluer les mesures de luttes prises jusque là". En attendant, le chikungunya continue à "courber" La Réunion, et à surprendre les médecins...