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Depuis une trentaine d'années, différentes études montrent que la fertilité des hommes est en berne. La quantité et la qualité du sperme baissent, et les Français ne font pas figure d'exception. En décembre dernier, une étude menée à l'échelle nationale et visant une grande représentativité démontrait qu'entre 1989 et 2005, le nombre moyen de spermatozoïdes avait diminué d'un tiers.
Bien que l'ensemble de la communauté scientifique ne soit pas unanime à ce sujet, et qu'une partie d'entre elle pointe du doigt que ces chiffres peuvent être dus à des biais dans les méthodes utilisées, la question de la causalité éventuelle reste posée. On incrimine principalement le mode de vie et l'exposition à des moléculesmolécules toxiques tout au long de la vie. Parmi elles, les fameux perturbateurs endocriniens, qui jouent le même rôle dans l'organisme que les œstrogènesœstrogènes et risquent de féminiser les hommes, en aboutissant à des troubles du développement testiculaire par exemple.
Une étude australienne, présentée lors du congrès annuel de la Société européenne de reproduction humaine et d'embryologie (ESHRE, Londres, du 7 au 10 juillet), a été menée sur plus de 20 ans, et révèle des résultats nouveaux sur les causes possibles de l'infertilité masculine. Parmi elles, le tabagisme des femmes enceintes est avancé. Entre autres.
Le sperme d’un homme sur quatre présente des anomalies
Partons des chiffres. En tout, 2.900 Australiennes enceintes ont été sélectionnées pour l'étude, il y a plus de 20 ans. Elles ont scrupuleusement été interrogées sur leur mode de vie. Les enfants ont été régulièrement suivis, depuis le ventre de leur mère jusqu'à l'âge adulte. Au final, 423 hommes de 20 à 22 ans ont subi des tests complets pour établir la qualité et la quantité de leur sperme.
De nombreuses études signalent une baisse de la quantité et de la qualité du sperme des hommes depuis les dernières décennies. Plusieurs facteurs environnementaux seraient en cause, parmi lesquels le tabagisme de la femme enceinte. © Andrology University of Utah, Microscopy Lab, Nasa
Ces spermogrammes ne remplissent pas les critères minimaux définis par l'OMS pour un homme sur six en moyenne. Par exemple, 14,8 % des participants possèdent moins de 1,5 ml de liquide séminal, tandis que 17,5 % d'entre eux disposent de moins de 15 millions de spermatozoïdes par millilitre. La motilité des gamètesgamètes mâles n'atteint pas le seuil de 32 % chez 14,4 % des sujets. Globalement, 26,4 % des hommes testés présentent un spermesperme avec des anomaliesanomalies.
Tabagisme, retard de croissance ou obésité
Forts de ces résultats, les scientifiques de l'université d’Australie-Occidentale ont tenté d'établir des relations entre le passé de ces jeunes adultes et leur fertilité. Il en ressort que différents paramètres semblent influer sur la qualité du sperme. La vie in utero pourrait avoir un rôle important. En effet, ceux dont les mères ont continué à fumer durant leur grossesse (18,6 % des femmes enceintes) ou les bébés ayant eu un retard de développement sont plus enclins à connaître des anomalies dans leur spermogramme.
Le reste de la vie n'est pas à négliger non plus. Ainsi, des troubles de croissance durant l'enfance, associés à des troubles du développement testiculaire sont un facteur de risquefacteur de risque. Un surpoids pendant l'adolescenceadolescence ou encore une consommation de tabac ou de droguesdrogues telles que le cannabis affectent la fertilité.
La question des perturbateurs endocriniensperturbateurs endocriniens pourrait connaître quelques nouveaux éléments de réponse prochainement. Ces mêmes scientifiques, dirigés par Roger Hart, envisagent de faire pareille étude à partir d'échantillons de sang récoltés au début des années 1990 chez des femmes enceintes, pour établir les niveaux d'expositions in utero de leur fœtusfœtus, et tester la qualité actuelle de leur sperme.