Un oméga-3 appelé DHA, souvent retrouvé dans le poisson, est indispensable au bon fonctionnement des spermatozoïdes. Il est impliqué dans la fusion des vésicules formant l’acrosome. Et peut-être dans la communication entre neurones ! Des chercheurs ont tenté d'évaluer son action et son aide possible dans le traitement de l'infertilité.

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    Pour franchir la zone pellucide de l'ovule et assurer la fécondation, le spermatozoïde utilise les enzymes de l'acrosome. Mais cette structure particulière ne peut exister sans l'oméga-3 DHA. © DR

    Pour franchir la zone pellucide de l'ovule et assurer la fécondation, le spermatozoïde utilise les enzymes de l'acrosome. Mais cette structure particulière ne peut exister sans l'oméga-3 DHA. © DR

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    Comme Rome, les spermatozoïdesspermatozoïdes ne se construisent pas en un jour. Chez l'homme, pas moins de 10 semaines sont nécessaires pour transformer une cellule germinale de base, appelée spermatogonie, en spermatozoïde mobile, suite à de nombreuses modifications biochimiques. 

    Parmi ces changements, on constate l'apparition d'une sorte de capsule à l'avant de la tête du spermatozoïde, nommée acrosomeacrosome, indispensable à la pénétration de la cellule dans l'ovule. Il se forme par la fusion de plusieurs vésicules contenant une batterie d'enzymes, de protéines et d'autres molécules. Parmi elles, un acide gras oméga-3oméga-3 appelé DHADHA (acide docosahexaénoïque).

    Ce DHA est produit de manière endogène par le foie mais se retrouve également dans l'alimentation, notamment dans des poissons comme le thon ou le saumon. Les testicules, le cerveau, les yeux ou encore le cœur en ont absolument besoin pour fonctionner de façon optimale.

    Du poisson pour retrouver la fertilité

    Des chercheurs américains de l'université d’Illinois ont pu montrer que sans cet oméga-3, il n'y avait pas de spermatogenèse. Ils sont allés plus loin en caractérisant son niveau d'action pour en déduire sa fonction. Les résultats ont été publiés dans Biology of Reproduction.

    En inhibant l'expression du gène Fads2 chez des souris, indispensable à la synthèse de DHA, ils ont constaté une infertilité chez les rongeurs... qui a pu être palliée par un régime alimentaire contenant ce précieux oméga-3. 

    Cependant, il est un peu prématuré de conclure qu'une alimentation enrichie en produits de la mer suffirait à régler certains problèmes de fertilité masculine. D'une part, l'expérience a été menée chez la souris, alors qu'on sait qu'il faut se méfier des extrapolations ; d'autre part, il s'agirait de compenser un défaut ou un déficit de production endogène, chose non avérée chez les mâles humains infertiles.

    Cette image, vue en microscopie focale, montre les vésicules d'acrosine (en rouge) qui sont réparties dans toute la cellule mais qui commencent à former un ensemble plus homogène en haut de l'image. Cette situation est la situation saine. Le DHA va alors aider à fusionner toutes ces molécules pour former un acrosome efficace et permettre au spermatozoïde de réussir la fécondation. © <em>Biology of Reproduction</em>

    Cette image, vue en microscopie focale, montre les vésicules d'acrosine (en rouge) qui sont réparties dans toute la cellule mais qui commencent à former un ensemble plus homogène en haut de l'image. Cette situation est la situation saine. Le DHA va alors aider à fusionner toutes ces molécules pour former un acrosome efficace et permettre au spermatozoïde de réussir la fécondation. © Biology of Reproduction

    Pas de DHA, pas d'acrosome sur les spermatozoïdes

    L'expérience ne s'arrête pas là. Les chercheurs ont voulu comprendre à quel niveau le DHA intervenait en observant la formation de l'acrosome. Une coloration à l'acide de Schiff (pour mettre en évidence les polysaccharides) complémentée par une mise en évidence de l'acrosine (une enzyme caractéristique de l'acrosome), par immunohistochimie, a révélé des détails intéressants.

    En microscopie confocale à balayage laser, ils ont repéré l'acrosine dans des vésicules réparties dans tout le volume de la cellule. Or, chez des souris non-déficientes dans la synthèse de l'oméga-3, ces vésicules sont regroupées en un même endroit pour former l'acrosome. Ils en ont donc conclu que le DHA était impliqué dans la fusionfusion des différentes vésicules.

    Des répercussions dans d’autres domaines d’étude

    Pour les auteurs de l'étude, cette découverte pourrait avoir une portée plus importante encore. « Il est logique de penser que l'oméga-3 est impliqué dans la fusion des vésicules dans d'autres organes du corps, commente Manabu Nakamura, co-auteur de l'étude. Le cerveau en contenant tellement, nous nous demandons si des carences ne joueraient pas un rôle dans l'apparition de la démence par exemple. Toutes les communications entre neuronesneurones au niveau du cerveau impliquent des fusions de vésicules. »

    À l'avenir, les chercheurs de l'Illinois vont continuer à se focaliser sur le sperme. Mais Nakamura a fourni des souris déficientes en DHA à d'autres laboratoires pour que ceux-ci regardent de plus près son mode d'action dans l'encéphale et dans la rétine.