Un article paru dans la revue Cell passe au crible la majorité des études d'intérêt publiées concernant l'immunité adaptative contre le SARS-CoV-2. S'il reste encore beaucoup d'inconnues, notre compréhension s'est considérablement affinée depuis le début de la pandémie de Covid-19. 


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    Les variations de la réponse immunitaire contre le SARS-CoV-2 sont hétérogènes comme en témoigne la diversité des formes que peut prendre l'infection. Deux scientifiques américains du centre de recherche sur les maladies infectieuses et les vaccins et du département de médecine - division des maladies infectieuses et de la santé publique  mondiale - à l'université de Californie ont rassemblé les données majeures publiées ces derniers mois à propos de l'immunité adaptative contre la Covid-19. 

    Un retard dans la réponse immunitaire 

    Malgré la diversité des réponses immunitairesréponses immunitaires selon les différents stades de l'infection et les caractéristiques des personnes infectées, les chercheurs proposent en début d'article un modèle relativement simpliste de la réponse immunitaire contre le SARS-CoV-2. Il semble que dans la majorité des cas, ce qui provoque une infection sévère c'est l'incapacité du système immunitaire inné à réagir rapidement, ce qui retarde inéluctablement la réponse immunitaire adaptative. Un modèle qui est soutenu par de nombreuses preuves empiriques, notamment les corrélations existantes entre les réponses interférons défectueuses et les formes graves de la maladie. Les scientifiques restent prudents et rappellent bien que ce champ de recherche est encore très actif et que des modèles alternatifs plausibles existent. D'un autre côté, ils jugent nécessaire de posséder un modèle fiable pour interpréter les données futures, la pandémiepandémie de Covid-19 ayant tué, à ce jour, plus de deux millions de personnes dans le monde. 

    Le modèle unifié de la réponse immunitaire au SARS-CoV-2 proposé par les scientifiques. © Cell
    Le modèle unifié de la réponse immunitaire au SARS-CoV-2 proposé par les scientifiques. © Cell

    Des cellules immunitaires plus importantes que d'autres 

    Les cellules qui semblent être à l'origine d'un meilleur contrôle de l'infection sont les lymphocyteslymphocytes T CD4. Ce sont des cellules immunitaires qui vont jouer plusieurs rôles comme la reconnaissance du virusvirus dans l'organisme, entraîner les lymphocytes B pour que ces derniers produisent des anticorpsanticorps adaptés, venir en aide aux lymphocytes T CD8 (qui sont des lymphocytes cytotoxiquescytotoxiques). Les lymphocytes T CD4 ont également été les cellules immunitaires les plus étudiées à tous les stades de l'infection dans la littérature scientifique avec les anticorps. 

    Une immunité préexistante possible ? 

    Bien qu'il soit un nouveau virus, le SARS-CoV-2 fait partie d'une famille de virus qui nous infecte couramment : les coronavirus. Des évidences épidémiologiques supportent aujourd'hui totalement le fait qu'une immunité croisée avec d'autres coronavirus soit présente. Les personnes infectées par le SARS-CoV-2 dont l'infection à un coronaviruscoronavirus a été confirmée en laboratoire au cours des trois années précédentes présentaient un risque significativement plus faible d'admission aux soins intensifs, après contrôle de l'âge et d'autres facteurs d'intérêts. 

    L'immunité croisée avec d'autres coronavirus nous protégerait contre le SARS-CoV-2. © Adobe Stock
    L'immunité croisée avec d'autres coronavirus nous protégerait contre le SARS-CoV-2. © Adobe Stock

    La mémoire immunitaire persisterait pendant quelques mois à plusieurs années 

    Une seconde infection contre le SARS-CoV-2 semble plus tenir de l'exception que de la règle lorsque l'on regarde l'ensemble des données publiées. Nous aurions bien une mémoire immunitaire qui se formerait face au SARS-CoV-2. La qualité de cette mémoire dépend de plusieurs facteurs comme la gravitégravité de l'infection. Même si beaucoup plus de données sur la mémoire immunitaire sont attendues dans les mois à venir, celles que nous possédons jusqu'à présent indiquent que la mémoire des lymphocytes T, la mémoire des lymphocytes B et les anticorps sont susceptibles de persister pendant des années chez la plupart des individus infectés par le SARS-CoV-2.

    Encore beaucoup d'inconnues 

    Les scientifiques ont réalisé un travail plus que conséquent durant l'année 2020. Nous possédons des données très utiles afin de mieux comprendre l'immunité des patients atteints par le SARS-CoV-2. Cela pourrait permettre à la recherche biomédicale de développer d'autres traitements en plus des vaccins disponibles.

    En revanche, il reste des points noirs tels que la variabilité de la charge viralecharge virale, la duréedurée de l'infection et les liens entre ces paramètres et l'immunité adaptative et la mémoire immunitaire. Pour les chercheurs, comprendre les manifestations hétérogènes de la Covid-19 reste une lacune majeure dans les connaissances, et explorer les relations entre ces phénomènes et l'immunité adaptative est une priorité. En outre, la durée de la mémoire immunitaire et de l'immunité protectrice contre le SARS-CoV-2 après la Covid-19 et en réponse aux vaccins Covid-19 sera une priorité majeure pour les années à venir.