Les scientifiques disposent enfin d'un peu de recul pour estimer la durée de la réponse immunitaire contre le coronavirus. Selon une nouvelle étude parue dans Science, elle serait d'au moins huit mois.


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    Un an après la découverte de la Covid-19, les scientifiques commencent à avoir suffisamment de recul pour évaluer la duréedurée de l’immunité induite par l'infection virale à l'origine de la maladie. Menée entre New York et La Jolla en Californie, l'étude la plus récente sur le sujet, parue dans Science début janvier, apporte son lot de nouvelles données. Selon elle, les effecteurs de la mémoire immunitaire persistent plus de huit mois après l'apparition des symptômes de la Covid-19.

    La mémoire immunitaire se construit après une première rencontre, naturelle ou induite par la vaccination, avec un pathogène. Une partie des effecteurs de l’immunité s'emploie à éliminer le pathogène, tandis qu'une autre partie reste en retrait pour constituer un groupe de cellules mémoire qui seront prêtes à attaquer plus rapidement et plus intensément lors d'une prochaine infection par le même pathogène.

    Les anticorps sont l'une des armes de l'organisme contre le coronavirus. © Siarhei, Adobe Stock
    Les anticorps sont l'une des armes de l'organisme contre le coronavirus. © Siarhei, Adobe Stock

    L'immunité mémoire toujours en place six mois après l'infection

    L'évolution de ces effecteurs a été suivie chez 188 patients atteints de la Covid-19, 80 hommes et 108 femmes pendant huit mois. Les participants ont eu des formes asymptomatiques, symptomatiques modérées (la plus fréquente) et sévères de la maladie.

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    En premier lieu, les scientifiques se sont intéressés aux anticorps anti-SARS-CoV-2SARS-CoV-2 circulants. Bien qu'hétérogène entre les patients, la quantité d'anticorps est restée stable dans le temps du suivi, c'est-à-dire entre 20 et 240 jours après l'apparition des symptômes. Au bout d'un mois, 98 % des patients sont séropositifsséropositifs pour des anticorps anti-protéineprotéine S. À six mois, la quantité d'anticorps diminue mais reste présente pour 90 % des participants. Leur demi-viedemi-vie est estimée à 103 jours, soit un peu plus de trois mois.

    De leur côté, les anticorps neutralisants, ceux qui empêchent l'entrée du coronaviruscoronavirus dans les cellules, persistent également au-delà de six mois ; 90 % des participants sont encore séropositifs lors des analyses réalisées entre six et huit mois.

    Les scientifiques ont également analysé les cellules mémoire, les lymphocyteslymphocytes B, T CD8 et T CD4 spécifiques du SARS-CoV-2. Ces cellules apparaissent bien après les anticorps, environ un mois après l'apparition des premiers symptômes (contre une dizaine de jours pour les anticorps). Après six mois, 70 % des participants possèdent encore des lymphocytes T CD8 actifs contre le coronavirus (demi-vie estimée à 125 jours), et 92 % des lymphocytes T CD4 (demi-vie estimée à 94 jours). Les lymphocytes B mémoire apparaissent encore plus tardivement, ils commencent à se multiplier vers quatre et cinq mois après la survenue des symptômes avant que leur nombre se stabilise. Les scientifiques n'ont pas mesuré la demi-vie de ces cellules mais, selon toute vraisemblance, leur présence est durable. 

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    Ces résultats montrent que l'immunitéimmunité anti-coronavirus est bel et bien présente et cela jusqu'à huit mois minimum après les premiers symptômes. Dans ce cas, comment expliquer les cas de réinfection décrits dans la littérature scientifique ? Sur ce point, les auteurs de l'étude soulignent qu'ils ont observé beaucoup d'hétérogénéité entre les réponses immunitairesréponses immunitaires de leur cohortecohorte. Les réponses les plus faibles ne suffiraient donc pas à protéger d'une réinfection au coronavirus.