Si l'obésité est une maladie complexe imbriquant une multitude de facteurs, l'environnement alimentaire et le mode de vie peuvent accélérer son apparition. Une récente étude épidémiologique suggère que les adolescents américains consomment de plus en plus de calories provenant d'aliments ultra-transformés. Un constat peu étonnant en regard de l'augmentation de la prévalence du surpoids et de l'obésité dans le pays. 


au sommaire


    Deux décennies se sont écoulées depuis l'an 2000. Deux décennies où la prévalence de l'obésité n'a fait que croître aux États-Unis. Pour expliquer en partie cette augmentation, on peut se tourner du côté de la consommation d'aliments ultra-transformés (AUT). Ce sont des aliments qui répondent à des caractéristiques précises selon la classification Nova qui sert de modèle théorique pour discriminer les aliments bruts, les produits culinaires, les aliments transformés et les aliments ultra-transformés. Si le modèle fait l'objet de quelques critiques, il est largement utilisé dans la littérature scientifique. 

    Le saviez-vous ?

    À l'heure actuelle, une seule étude d'intervention a évalué l'impact de la consommation d'aliments ultra-transformés sur notre prise alimentaire globale. Elle suggère que ces derniers nous pousseraient à manger plus de calories sur la journée. Si ceci semble cohérent avec une partie de nos connaissances en physiologie, il faudra des reproductions de ce type d'expérience pour s'assurer de sa validité. 

    Plus d'AUT et moins d'aliments bruts

    Une récente étude transversale parue dans le Journal américain de l'association de médecine (JAMA) a étudié cette évolution en comparant des données obtenues entre 1999 et 2000 et entre 2017 et 2018. L'échantillon représentatif de la population adolescente des États-Unis comprenait des enfants âgés de 2 à 19 ans.

    Lorsque les chercheurs comparent les données récoltées à l'aide d'un rappel des dernières 24 heures (les individus énumèrent ainsi ce qu'ils ont mangé la veille, une méthode qui permet de minimiser les biais concernant la mémoire mais qui ne prémunit pas contre le manque de précision à propos des quantités), ils constatent que la consommation de calories provenant d'AUT est passée de 61,4 % à 67 %. À l'aide des informations récoltées et de la classification NovaNova, les scientifiques ont également pu comparer l'évolution en matièrematière de calories provenant d'aliments bruts qui a diminué, passant de 28,8 % à 23,5 %. 

    La consommation d'aliments ultra-transformés est corrélée à l'obésité dans de nombreux pays. © Drobot Dean, Adobe Stock
    La consommation d'aliments ultra-transformés est corrélée à l'obésité dans de nombreux pays. © Drobot Dean, Adobe Stock

    Que peut-on conclure de ces données ? 

    Ces données suggèrent donc que la consommation d'énergieénergie sous forme d'aliments ultra-transformés a augmenté tandis que celle consommée sous forme d'aliments bruts a diminué. Ceci est particulièrement vrai chez les personnes qui disposent d'un temps extrêmement réduit pour prendre leur déjeuner et chez les individus avec un faible niveau socio-économique. Ces derniers sont également les plus touchés par l'obésité. Cela étant, cette augmentation semble trop faible pour expliquer à elle seule l'accroissement inquiétant du surpoids et de l'obésité aux États-Unis.

    Des solutions émergentémergent comme les logos nutritionnels tels que le Nutri-Score. Mais pour endiguer l'augmentation de l'incidenceincidence de cette maladie (et non pas la maladie elle-même, dont le mode de vie n'est pas une cause nécessaire ni suffisante), il semble utile de repenser durablement notre environnement alimentaire afin qu'il nous incite à faire les meilleurs choix pour notre santé et ce dès le plus jeune âge.