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Les chercheurs de l'Inra ont peut-être trouvé une nouvelle stratégie pour se débarrasser de la grippe. Au lieu de cibler le virus, ils évitent aux cellules de l'hôte de diriger son action contre le patient. Cette piste aboutira-t-elle ? © Randy Monceaux, Sanofi Pasteur, Flickr, cc by nc nd 2.0
- Un dossier pour tout savoir sur la grippe
La grippe est une maladie saisonnière fréquente, mais heureusement elle ne cause pas trop de dommages la majorité du temps. Malheureusement, sur les millions de personnes infectées chaque année en France, elle tue quand même entre 2.000 et 4.000 d'entre elles. À l'échelle mondiale, on est plutôt de l'ordre du demi-million, principalement des nourrissons ou des personnes âgées, l'immunité n'étant pas pleinement efficaces aux deux extrémités de la vie.
Pour les formes sévères de la maladie, il existe des traitements, essentiellement deux antivirauxantiviraux que sont le Tamiflu et le Relenza. Tous deux s'attaquent à la neuraminidase, une protéine du virusvirus qui contribue à sa dispersion dans l'organisme. Problème : le pathogènepathogène mute vite et certaines souches de grippe H1N1 montrent des signes de résistancerésistance. Que faire lorsque les médicaments ne seront plus efficaces ?
Des chercheurs de l'Inra, affiliésaffiliés à l'université Claude Bernard de Lyon, ont creusé une piste nouvelle et prometteuse qui consiste à empêcher le système immunitairesystème immunitaire d'induire une inflammationinflammation au niveau des cellules infectées. Cela mérite quelques explications...
PAR1, la molécule qui contribue à l’inflammation
Même si le lien qui unit la grippe et l’Homme remonterait à 4.500 ans environ, nous ne connaissons pas tout des modalités de pathogénicitépathogénicité de la maladie. Plusieurs études ont tout de même montré une corrélation entre le degré d'inflammation des poumonspoumons et la mortalité, suggérant que les symptômessymptômes de la maladie proviendraient non pas du virus lui-même mais de la réponse immunitaire dirigée contre les cellules infectées.
Le virus de la grippe pourrait ne pas être pathogène en lui-même. Mais la réaction immunitaire qu'il provoque crée une réaction inflammatoire déclenchée par PAR1, à l'origine des symptômes de la maladie. © S. Goldsmith et A. Balish, CDC, DP
Le travail dont il est ici question, publié dans le Journal of Clinical Investigation, est cohérent avec cette hypothèse. Dans un premier temps, les auteurs ont activé chez des souris la moléculemolécule PAR1 à l'aide d'un agonisteagoniste, une substance mimant ses effets. On suppose que cette protéine, retrouvée dans les cellules humaines, se trouve à l'origine d'une succession d'événements aboutissant à la réaction inflammatoire causée par les défenses de l'organisme. Effectivement, les rongeursrongeurs ainsi traités présentent une importante inflammation des poumons et un taux de survie en baisse.
Inhiber PAR1 pour guérir la grippe
Si PAR1 contribue à la sévérité de la grippe, réduire la protéine au silence pourrait-elle soigner la maladie ? C'est sur cette piste que les auteurs se sont lancés. Des doses mortelles de virus ont été inoculées à des souris de deux types : certaines ont été conçues pour ne pas exprimer PAR1 tandis que les autres, tout à fait classiques, ont reçu un traitement à base d'une molécule bloquant l'effet de la protéine.
Dans les deux cas, le résultat fut identique : les rongeurs étaient protégés contre la grippe, et ce, quelles que soient les souches testées, à savoir la H1N1, la H3N2, la H5N1H5N1 et la H1N1 résistante au Tamiflu. Aucune trace d'inflammation n'a été remarquée durant les 48 à 72 heures qui ont suivi l'injection des virus.
Cette découverte pourrait s'avérer importante dans la lutte contre la grippe. Éviter l'assaut frontalfrontal avec le virus et diriger l'action d'un traitement contre la réponse inflammatoire du patient limite les risques de résistance au médicament, créant une alternative plus qu'intéressante aux antiviraux classiques.
Autre avantage qui permettrait de gagner beaucoup de temps : cet inhibiteur de PAR1 est déjà en phase III d'essais cliniques, dans le cadre d'autres thérapiesthérapies. Ainsi, on sait que la molécule est bien tolérée par l'organisme humain. Reste à confirmer désormais qu'elle se montre tout aussi efficace en traitement de la grippe chez l'Homme que chez la souris !