Des protéines manufacturées et optimisées pour réduire au silence les virus de différentes souches de grippe ont été conçues par des scientifiques américains. Ces résultats, très préliminaires, constituent une nouvelle piste à exploiter pour contrer les épidémies grippales, y compris les plus mortelles.

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    La grippe A existe sous de très nombreuses formes, que l'on nomme en fonction de deux protéines de surface : l'hémagglutinine (H) et la neuraminidase (N). On cherche à développer des médicaments efficaces contre toutes ces souches simultanément, la piste des protéines manufacturées est une des possibilités. © Dan Higgins, CDC, DP

    La grippe A existe sous de très nombreuses formes, que l'on nomme en fonction de deux protéines de surface : l'hémagglutinine (H) et la neuraminidase (N). On cherche à développer des médicaments efficaces contre toutes ces souches simultanément, la piste des protéines manufacturées est une des possibilités. © Dan Higgins, CDC, DP

    • À lire, notre dossier complet sur la grippe 

    La grippe est loin d'être une maladie anodine, surtout lorsqu'elle se propage en épidémies mondiales. Les dernières en date ont d'ailleurs semé le trouble. La grippe aviaire (H5N1) d'abord, débarquée en 2003, est très meurtrière (taux de mortalité de près de 60 %), mais heureusement pas transmissible d'Homme à Homme. Puis la grippe A (H1N1), en 2009, est en revanche un peu son opposé : très contagieuse, elle n'aurait fait que 17.000 victimes à travers le monde, quand la grippe saisonnière aux États-Unis seulement emporte plus de 35.000 personnes chaque année.

    Cependant, la panique s'est emparée d'une partie des chercheurs et des autorités sanitaires après l'annonce fin 2011 par deux équipes scientifiques de la mise au point de virus de la grippe H5N1 devenus contagieuxcontagieux entre furets, des mammifèresmammifères qui modélisent bien la transmission chez l'Homme. D'où l'intérêt de proposer de nouvelles solutions thérapeutiques, au cas où la nature produise un tel fléau.

    C'est en ce sens que vont les travaux de chercheurs de l'université d'État du Michigan, qui ont créé des protéines capables de cibler les régions clés de virusvirus de plusieurs souches grippales, dont les variants H5N1 et H1N1 (grippe espagnolegrippe espagnole et grippe A). Leurs résultats sont publiés dans la revue Nature Biotechnology.

    Le virus de la grippe espagnole observé au microscope électronique à transmission est l'un des virus les plus mortels. Il est stocké dans certains laboratoires de très haute sécurité. Mais on essaie de mettre au point des traitements qui permettraient d'y survivre s'ils venaient à être recréés dans la nature. © Cynthia Goldsmith, CDC, DP

    Le virus de la grippe espagnole observé au microscope électronique à transmission est l'un des virus les plus mortels. Il est stocké dans certains laboratoires de très haute sécurité. Mais on essaie de mettre au point des traitements qui permettraient d'y survivre s'ils venaient à être recréés dans la nature. © Cynthia Goldsmith, CDC, DP

    Des protéines qui neutralisent le virus de la grippe

    Déjà dans leurs précédents travaux, ils s'étaient aidés d'un logiciellogiciel pour concevoir des protéines capables de bloquer l'activité virale en se liantliant aux sites qui, évoluant beaucoup, rendent difficile la mise au point de traitements toujours fiables. Dans ce nouveau travail, leur système a été optimisé et a débouché sur des moléculesmolécules plus efficaces.

    Pour parvenir à de tels résultats, les auteurs sont partis de fragments d'ADN de manière à disposer de millions de variants de leurs protéines. Après identification, les plus efficaces ont été sélectionnées afin de voir aussi quelles mutations étaient les plus bénéfiques.

    Le principe thérapeutique de cette découverte consisterait à injecter les protéines en question dans les cellules infectées afin qu'elles neutralisent le virus de la grippevirus de la grippe. L'intérêt majeur, c'est justement qu'elles ciblent différentes souches, y compris certaines des formes épidémiques les plus dangereuses. Ainsi, un seul traitement aurait un large spectrespectre d'action.

    Cette étude est encore très préliminaire et ne débouchera pas de si tôt vers le médicament tant attendu. Elle met cependant en lumièrelumière une nouvelle piste à creuser de manière à proposer une solution thérapeutique radicale, capable de contrôler les variants grippaux les plus dangereux. Rappelons qu'il y a près d'un siècle, la grippe espagnole tuait entre 30 et 100 millions de personnes à travers le monde. Et le potentiel criminel de la souche H5N1 serait encore plus important...