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    La grippe espagnole ou grande grippe est responsable d'une des pandémies les plus mortelles rencontrée par l'humanité. Juste après la Première Guerre mondiale, entre 1918 et 1921,  une souche particulièrement virulente de virus de la grippe se développe et se diffuse dans le monde entier. À la différence des grippes saisonnières affectant les personnes plus fragiles (nourrissons et personnes âgées), cette maladie touche particulièrement les jeunes adultes entre 20 et 40 ans.  

    D'une contagiosité très élevée, elle aurait tué entre 20 et 50 millions de personnes en 2 ans.

    Les virus influenzainfluenza, responsables de la grippe, sont des virus enveloppés, à ARN simple brin. Les virus du genre A sont classés en sous-types selon la nature des glycoprotéines (H ou HA pour hémagglutinine et N ou NA pour neuraminidase) exprimées à leur surface. Selon les travaux d'un chercheur américain Mickael Worobey, publiés en 2014, le virus de la grippevirus de la grippe espagnole serait apparu par combinaison de la souche humaine H1N8 préexistante avec une souche aviaire portant les gènesgènes codant pour la protéineprotéine N1. Ce réassortiment aurait permis l'émergenceémergence d'un nouveau type H1N1 à l'origine de la pandémie de grippe espagnole.

    Le contexte particulier inhérent à la guerre, les mauvaises conditions sanitaires, l'affaiblissement des populations ont favorisé la propagation de ce nouveau virus, contre lequel les jeunes adultes n'étaient pas immunisés (exposition dans l'enfance à la souche H3N8 antigéniquement différente). Le taux de mortalité particulièrement élevé (entre 2 et 4 %) s'explique aussi par les nombreuses infections bactériennes (pneumoniepneumonie) aggravantes s'additionnant au virus à une époque où les antibiotiques n'existaient pas.

    La pandémie de grippe espagnole de 1918 a été terriblement meurtrière : ici des membres de La Croix Rouge évacuent une victime de la grippe espagnole à Saint-Louis, Missouri (États-Unis). © <em>St-Louis post Dispatch, Wikimedia Commons</em>, domaine public
    La pandémie de grippe espagnole de 1918 a été terriblement meurtrière : ici des membres de La Croix Rouge évacuent une victime de la grippe espagnole à Saint-Louis, Missouri (États-Unis). © St-Louis post Dispatch, Wikimedia Commons, domaine public

    La grippe espagnole : une fulgurante pandémie

    Différentes hypothèses, quant à l'origine géographique de l'apparition du virus, ont été proposées. L'une d'entre elles situe l'apparition du premier cas dans un camp militaire du Kansas en mars 1918. La proximité et le déploiement des militaires américains en Europe a favorisé la première vaguevague de l'épidémie. Celle-ci, peu mortelle mais très contagieuse, se termine durant l'été 1918. À la suite à une probable mutation, la seconde vague hautement virulente entraîne un nombre de décès largement augmenté dès l'automneautomne 1918. L'absence de prise de mesures spécifiques par les autorités, la censure en ce temps de conflit et les déplacements ferroviaires et maritimes en font une pandémie qui s'avère particulièrement meurtrière sur les populations non immunes (îles Fidji). Après quelques semaines d'accalmie, une troisième vague moins virulente sévit début 1919. Les derniers cas sont reportés en juillet 1921.

    Le saviez-vous ?

    En dépit de l’origine géographique identifiée pour les premiers cas, la grande grippe de 1918 a été surnommée « grippe espagnole » car l’Espagne, qui n’était pas engagée dans le conflit mondial, a été le premier pays à autoriser la publication d’informations sur l’épidémie.