Au XIXe siècle, la guerre de Sécession a généré une situation de crise qui poussa les médecins en mal de médicaments à se tourner vers les plantes. Dans un guide, ils ont alors recensé 37 espèces utiles au traitement des infections. Des chercheurs confirment aujourd’hui l’efficacité de trois d’entre elles, au moins, contre des superbactéries, ces bactéries résistantes aux antibiotiques.


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    La guerre de Sécession, qui a fait plus de 600.000 morts aux États-Unis, n'a duré que 4 ans, de 1861 à 1865. Mais au plus fort de ce conflit, les médecins ont été confrontés à une pénurie de médicaments. Pour soigner les infections des blessés, ils se sont tournés vers la nature. Et des chercheurs de l'université Emory (États-Unis) ont étudié trois plantes figurant dans un guide des plantes médicinales traditionnelles qui circulait alors dans les hôpitaux de fortune.

    Ils se sont plus exactement intéressés à des extraits d'écorce et de galles du chêne blancchêne blanc, à des extraits de feuilles et d'écorces du peuplier tulipe et à des extraits de feuilles de canne du diable. Des extraits qu'ils ont ensuite testés sur trois espècesespèces dangereuses de superbactéries, des bactéries multirésistantes associées aux infections de plaies.

    La première, Acinetobacter baumannii, est particulièrement connue pour avoir infecté les troupes blessées au combat lors de la guerre en Irak. Elle résiste à la plupart des antibiotiques de première ligne et représente donc une menace majeure pour les soldats. La seconde, Staphylococcus aureus, est considérée comme la bactérie staphylococcique la plus dangereuse. Elle peut se propager par le sang et infecter des organes distants de la plaie. Enfin, Klebsiella pneumoniaeKlebsiella pneumoniae est une autre cause majeure d'infection à l'hôpital et peut entraîner des cas de pneumonie et de choc septique mettant en jeu le pronostic vital.

    Le guide des plantes médicinales publié aux États-Unis pendant la guerre de Sécession est un bel exemple d’éthnobotanique. Il montre comment les médecins peuvent se débrouiller lorsqu’ils sont limités à ce qui est disponible dans leur environnement immédiat. © Stephen Nowland,<em> Emory University</em>
    Le guide des plantes médicinales publié aux États-Unis pendant la guerre de Sécession est un bel exemple d’éthnobotanique. Il montre comment les médecins peuvent se débrouiller lorsqu’ils sont limités à ce qui est disponible dans leur environnement immédiat. © Stephen Nowland, Emory University

    Identifier les composés actifs

    Les tests menés en laboratoire par les chercheurs de l'université Emory ont montré que les extraits de chêne blanc et de peuplier tulipe peuvent inhiber la croissance de Staphylococcus aureusStaphylococcus aureus. Ils l'empêchent aussi de former des biofilms qui agissent comme des boucliers à antibiotiques. Les extraits de chêne blanc se sont aussi montrés capables d'inhiber la croissance d'Acinetobacter baumannii et de Klebsiella pneumoniae.

    Les extraits de canne du diable se sont, quant à eux, montrés particulièrement efficaces contre Staphylococcus aureus. Ils ont permis d'inhiber la formation de biofilms et de bloquer la détection du quorum, empêchant ainsi les bactéries de fabriquer des toxinestoxines et d'accroître leur virulence.

    Une aide précieuse à l'heure de la résistance aux antibiotiques

    Si aucun extrait n'a permis de réellement tuer les bactéries ciblées, les chercheurs estiment qu'à l'heure de la résistance aux antibiotiques, ces plantes pourraient tout de même apporter une aide précieuse en matièrematière de lutte contre les infections. Pour cela, il leur faudra sans doute identifier les composés responsables de leur activité antimicrobienne.