Les meilleurs spécialistes en microbiologie se réunissent depuis hier à la 50e conférence annuelle de l’ICAAC qui se tient à Boston. Au programme, des thèmes d’actualité comme la résistance des bactéries aux antibiotiques et les dangers pour la santé publique.

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    La 50e conférence annuelle de l'ICAAC qui se tient à Boston est l'occasion de partager, entre chercheurs et avec le public, les avancées de la science dans le domaine des antibiotiques. © DR

    La 50e conférence annuelle de l'ICAAC qui se tient à Boston est l'occasion de partager, entre chercheurs et avec le public, les avancées de la science dans le domaine des antibiotiques. © DR

    La résistancerésistance des bactéries aux antibiotiques devient un réel problème de santé publique, notamment depuis la récente découverte des bactéries NDM-1 (New Delhi metallo-β-lactamase 1), considérée comme encore plus menaçante que le staphylocoque doré. Si la bactérie a déjà tué un patient dans un hôpital pakistanais, elle a aussi été découverte sur le territoire britannique sur des patients revenant d'un séjour médical dans des pays asiatiques. Ces micro-organismes « super résistants » font monter d'un cran l'inquiétude des médecins et de la population, qui redoutent une propagation de la souche et une épidémie incontrôlable.

    Le manque de nouveaux antibiotiques est donc un sujet épineux. Pour en discuter, les meilleurs spécialistes mondiaux en microbiologie se réunissent à Boston à l'occasion de la 50e conférence annuelle de l'ICAAC (Interscience conference on Antimicrobial Agents and Chemotherapy), le plus ancien congrès de microbiologie mais aussi le plus prestigieux.

    La conférence accueille depuis hier et jusqu'au 15 septembre pas moins de 12.000 chercheurs, dont trois lauréats de prix Nobel : Peter C. Doherty (prix Nobel de physiologie ou de médecine en 1996 pour la découverte du mécanisme de défense contre des virus), Thomas A. Steitz (prix Nobel de chimiechimie en 2009 pour la résolutionrésolution de la structure du ribosome) et Barry J. Marshall (prix Nobel de physiologie ou de médecine en 2005 pour la découverte de la bactérie Helicobacter pylori et son rôle dans les pathologiespathologies gastriques).

    Les bactéries NDM-1 appartiennent entre autres à l'espèce d'<em>Escherichia coli</em>, une bactérie pourtant retrouvée naturellement dans notre tube digestif. Crédits DR

    Les bactéries NDM-1 appartiennent entre autres à l'espèce d'Escherichia coli, une bactérie pourtant retrouvée naturellement dans notre tube digestif. Crédits DR

    La faute aux laboratoires et aux médecins ?

    De nombreuses sessions de la conférence seront donc dédiées aux problèmes posés par la résistance aux antibiotiques et aux moyens à mettre en œuvre pour les gérer. Il faudrait notamment réussir à cibler d'autres voies moléculaires utilisées par la bactérie que celles ciblées par les antibiotiques actuels. Le challenge est d'obtenir une moléculemolécule qui soit à la fois efficace contre la bactérie, qu'elle soit facile à administrer mais sans être nocive pour l'homme.

    C'est ce délicat équilibre entre différents paramètres qu'il est difficile d'obtenir, d'autant que les financements pour accélérer la recherche ne se bousculent pas. Les laboratoires pharmaceutiques préfèrent s'intéresser entre autres aux médicaments contre le cholestérolcholestérol qui représentent un marché plus juteux. Les petites entreprises, quant à elles, s'attèlent plus volontiers à la recherche dans le domaine des antibiotiques, mais les avancées sont laborieuses.

    N'oublions pas non plus le rôle majeur des médecins et du public qui pourraient ralentir la progression de la résistance aux antibiotiques en cessant les prescriptions inutiles. Rappelons qu'ils ne sont efficaces que sur des bactéries et qu'ils ne sont d'aucune utilité en cas de maladie virale.

    D'autres sessions de la conférence seront dédiées au virus de la grippe H1N1 qui a tant fait parler de lui l'année dernière, et notamment à la virulence accrue observée chez les femmes enceintes. Espérons que ce congrès apporte des réponses et de belles promesses pour l'avenir de la microbiologie et de la médecine.