Grâce à un faible courant électrique alternatif, des chercheurs californiens ont pu soulager les symptômes de patients souffrant de dépression majeure. C’est un espoir de voir émerger de nouveaux traitements, sans les effets secondaires des antidépresseurs.
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[EN VIDÉO] La dépression, symptômes et traitement ? La dépression est une maladie de plus en plus fréquente, qui ne doit pas être...
La dépression est un trouble psychiatrique fréquent. En France, d'après l'Inserm, une personne sur cinq souffre de dépression à un moment donné de sa vie. Or, les traitements de la dépression ne seraient efficaces que dans 70 % des cas. De plus, les médicaments antidépresseursantidépresseurs ont souvent des effets secondaires, d'où l'intérêt de trouver d'autres solutions pour améliorer la qualité de vie des patients. Dans ce contexte, la stimulationstimulation transcrânienne apporte un nouvel espoir.
Dans cet essai cliniqueessai clinique, les scientifiques de l'UNC School of Medicine (Caroline du Nord) ont testé la stimulation transcrânienne à courant alternatifcourant alternatif (tACS). Cette technique utilise des électrodes attachées au cuir chevelucuir chevelu qui envoient un faible courant électriquecourant électrique alternatif. Avec cette méthode, les chercheurs ont ciblé une région particulière et des ondes précises du cerveaucerveau.
Des travaux précédents ont montré que les patients souffrant de dépression présentaient un déséquilibre des oscillations alpha : ces ondes, qui se trouvent entre 8 et 12 HzHz sur l'électroencéphalogrammeélectroencéphalogramme, seraient plus actives dans le cortex frontalfrontal gauche, ce qui donnerait lieu à une « asymétrie frontale alpha » chez les dépressifs. D'après le communiqué de l'UNC School of Medicine, les ondes alpha sont plus fréquentes quand nous fermons les yeuxyeux, rêvons, méditons ou réfléchissons : quand le cerveau se coupe des stimuli sensoriels, visuels ou auditifs.
L'idée des chercheurs était donc de cibler ces ondes pour les resynchroniser avec les oscillations alpha du cortexcortex frontal droit, et ainsi réduire les symptômessymptômes de dépression. Pour ce faire, ils ont recruté 32 patients souffrant de dépression majeure. Leurs symptômes ont été évalués grâce à la « Montgomery-Åsberg Depression Rating Scale » (MADRS), qui donne une mesure de la dépression.

Réduction des symptômes dépressifs chez 70 % des patients
Les participants ont été répartis en trois groupes. Dans le groupe placeboplacebo, les patients ont eu une fausse stimulation électrique, brève, qui mimait un début de séance tACS. Dans le groupe contrôle, les participants ont suivi une séance de tACS à 40 Hz, c'est-à-dire une fréquencefréquence qui, pour les scientifiques, ne devrait pas agir sur les ondes alpha. Enfin, le troisième groupe a eu le traitement tACS à 10 Hz ciblant les ondes alpha. L'expérience s'effectuait en double aveugle.
Chaque participant a suivi ce traitement pendant 40 minutes, et durant cinq jours de suite. Les chercheurs ont réalisé des électroencéphalogrammes pour relever les modifications des oscillations alpha. Les participants ont répondu à des questions pour tester leurs symptômes dépressifs, immédiatement après l'intervention, puis deux semaines plus tard et un mois plus tard.
Chez les patients traités avec la tACS à 10 Hz, les chercheurs ont trouvé une baisse des oscillations alpha du cortex frontal gauche, ce qui permettait de synchroniser ces ondes avec celles du cortex frontal droit. Mais il n'y avait pas de baisse significative des symptômes dépressifs chez ces patients au bout d'un mois. En revanche, quand les symptômes étaient testés deux semaines après l'intervention, 70 % des patients avaient une réduction de 50 % des symptômes dépressifs, d'après les mesures de l'échelle MADRS. De telles réductions n'ont pas été observées dans les deux autres groupes.
Cette étude pilote, qui paraît dans la revue Translational Psychiatry, visait à montrer que la technique était sûre et efficace. Flavio Frohlich, le chercheur qui a dirigé cette recherche, avait déjà travaillé sur des essais cliniques visant à tester la tACS pour la schizophrénieschizophrénie et la douleurdouleur chronique.
Dépression et stimulations du cerveau : un traitement durable
Article de Claire Peltier paru le 14 octobre 2010
Le traitement durable de la dépression est un challenge permanent pour les médecins. Selon une nouvelle étude, la stimulation magnétique transcrânienne semble être une technique efficace à long terme contre la maladie.
La stimulation magnétique transcrânienne (TMS) n'est pas nouvelle. Cette méthode de traitement non invasive consiste en la stimulation de certaines zones du cerveau spécifiques, grâce à des impulsions magnétiques. Pour traiter la dépression, les impulsions sont spécifiquement induites sur le cortex préfrontal gauche, une zone du cerveau connue pour être liée à cette maladie. Cette zone, qui mature plus tardivement que le cortex préfrontalcortex préfrontal droit, est en effet liée au ressenti et à la gestion des émotions positives.
Les impulsions, de même intensité que le champ magnétiquechamp magnétique créé par une machine d'imagerie par résonance magnétique (IRMIRM), traversent la boîte crânienneboîte crânienne pour activer les neuronesneurones. Des études ont déjà démontré l'efficacité de ces traitements sur la dépression, qui sont d'ailleurs approuvés par la Food and drug administration (FDAFDA) mais très peu d'études font état d'une réelle durabilitédurabilité de l'efficacité du traitement.
Une publication parue dans la revue Brain Stimulation vient palier ce manque. L'étude menée par les chercheurs du Rush University Medical Center a inclus 301 patients, traités aléatoirement par une série de TMS réelles ou simulées (placebo).

Seulement 10 % de rechute
L'évaluation de l'état des patients a été réalisée entre autres grâce à un questionnaire (Hamilton Depression Rating Scale ou HAMD) fréquemment utilisé par les scientifiques pour déterminer la sévérité d'une dépression. L'ensemble des réponses permet d'attribuer une note à un moment donné, un moyen d'évaluer précisément les évolutions de la maladie pour une même personne.
Dans ce cas, les patients ayant diminué leur score d'au moins 25 % après six semaines de traitement ont été considérés comme ayant bénéficié d'une profonde amélioration. Ils ont ensuite été soumis à une diminution progressive (pendant 3 semaines) des doses de TMS, associée à un traitement médicamenteux antidépresseur pour éviter toute rechute. Au total, 142 patients sont entrés dans la phase de transition et 121 d'entre eux n'ont pas rechuté au cours de ces trois semaines.
Parmi ceux-ci, qui ont donc bénéficié d'une réponse très positive au TMS, 99 ont accepté d'être encore suivis sur une nouvelle période de 6 mois pour tester l'efficacité du traitement à long terme. Seul un nombre limité de patients (10 %) a rechuté au cours de cette phase. Ces résultats indiquent que les effets de la TMS sont durables chez les patients qui répondent bien au traitement. Par ailleurs, l'utilisation de la TMS pour des patients dont l'état était en légère aggravation a permis d'éviter une rechute imminente de 32 patients sur 38 (84 %).
La TMS n'est pas efficace à 100 % mais permet néanmoins une amélioration à long terme de l'état d'une majorité de patients, si toutefois ces résultats initiaux sont confirmés. La TMS pourrait donc être généralisée, d'autant que les risques associés à ce traitement semblent faibles.
Ce qu’il faut
retenir
- Des chercheurs américains ont testé la stimulation transcrânienne à courant alternatif pour traiter des patients dépressifs.
- L’objectif était d'agir sur les ondes alpha dans une partie du cerveau.
- Deux semaines après le traitement, une réduction des symptômes a été observée chez les deux tiers des patients.