L'exposition aux nanomatériaux, largement utilisés dans le secteur du bâtiment, notamment pour l'isolation thermique, seraient susceptibles de présenter les mêmes risques que l'amiante et de causer des lésions pulmonaires chroniques pouvant se développer en fibromes.


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    Selon une récente étude franco-chinoise, l'exposition aux nanomatériaux fibreuxfibreux, dont font partie l'amianteamiante et la laine de verre, pourrait causer des dommages pulmonaires, tels que les fibromes, en raison non pas de leur composition chimique mais de leur taille. 

    Résistant au feufeu, peu coûteux, élastique... l'amiante est un matériaumatériau qui a largement été utilisé dans la fabrication de câbles électriques, l'isolation thermiqueisolation thermique... mélangé aux résines ou encore aux ciments. Jusqu'à son interdiction en France en 1997. En cause, ses microparticules qui pénètrent profondément dans l'appareil respiratoire et que l'organisme ne parvient pas toujours à éliminer. Toutefois, le lien concret de cause à effet reste encore obscur.

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    Quelles différences entre amiante et amiante lié ?

    Une équipe de chercheurs franco-chinois, dont un chimiste du CNRS Christian Amatore, s'est intéressée aux conséquences sur la santé des nanomatériaux inertes et spécifiquement des nanofibres de verre, utilisés dans l'isolation thermique. Quelle est la raison de leur toxicité ? Selon les résultats des travaux publiés le 3 janvier dans la revue Nature Nanotechnology, c'est du côté des dimensions des particules qu'il faut chercher les causes. Mais pas du côté de leur composition chimique. En effet, les macrophages, ces grosses cellules du système immunitaire capables de détruire les cellules étrangères ou les micro-organismes, ne parviennent pas à s'allonger suffisamment pour assimiler des corps étrangers de trop grande dimension (plus de 15 micronsmicrons).

    Les caractéristiques géométriques et la dimension des nanomatériaux fibreux inertes peuvent générer des lésions pulmonaires à répétition. © Sofiko 14, Adobe Stock
    Les caractéristiques géométriques et la dimension des nanomatériaux fibreux inertes peuvent générer des lésions pulmonaires à répétition. © Sofiko 14, Adobe Stock

    Des risques comparables à ceux de l'amiante

    L'expérience a d'abord été menée in vitroin vitro puis vérifiée in vivoin vivo chez les rats. Ainsi, contrairement aux petits agents pathogènespathogènes facilement engloutis et décomposés, les nanomatériaux fibreux sont trop longs pour être soumis à la phagocytosephagocytose. « Cela conduit à une situation déjà connue sous le nom de "phagocytose frustrée", qui peut durer longtemps en fonction de la longueur et de la nature chimique de la fibre », notent les chercheurs.

    Image en microscopie électronique à balayage et pseudo-couleur : phagocytose par un macrophage (rouge) de nanofibres de verre (bleu) après 12 h de phagocytose frustrée ; barre d'échelle, 5 μm. ©Yu-Ting Qi et al., 2023, <em>Nature Nanotechnology</em>
    Image en microscopie électronique à balayage et pseudo-couleur : phagocytose par un macrophage (rouge) de nanofibres de verre (bleu) après 12 h de phagocytose frustrée ; barre d'échelle, 5 μm. ©Yu-Ting Qi et al., 2023, Nature Nanotechnology

    Résultats ? Cette phagocytose frustrée a engendré « des fuites de sécrétionssécrétions très nocives pour la paroi alvéolaire, que cette étude a permis de détecter, caractériser et quantifier pour la première fois, via des nanocapteurs électrochimiques, explique le CNRS dans un communiqué du 4 janvier. Une expérimentation sur des rats a ensuite permis de conclure qu'une inhalationinhalation régulière et sans protection de nanomatériaux fibreux inertes analogues, quels qu'ils soient, génère des lésions pulmonaires à répétition pouvant mener à terme au développement de fibromes », poursuit le communiqué.

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    Les nanotubes de carbone sont-ils aussi dangereux que l'amiante ?

    « Cette découverte questionne l'usage de feutres de nanofibres inertes dans le secteur du bâtiment, jugées jusqu'alors moins délétères que l'amiante qu'elles substituent mais qui pourraient en réalité présenter les mêmes risques pour la santé de ceux qui les manipulent », conclut le CNRS.