Alors que les restrictions sanitaires sont quasi inexistantes et que la vaccination demeure très faible, l’Inde semble épargnée par une deuxième vague d’épidémie de Covid-19. Les scientifiques restent perplexes.
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À New Delhi, les cinémas, restaurants et coiffeurs grouillent de monde. Les écoles et universités ont rouvert et les gens se pressent dans les rues et les centres commerciaux. Les hôpitaux ne sont pas saturés et la vie semble quasiment normale.
Alors que l'Inde était à l'épicentreépicentre de l'épidémie de Covid-19 à l'automneautomne dernier, avec un pic à 97.000 nouveaux cas par jour en septembre 2020, le nombre de cas n'a cessé de régresser et se situe aujourd'hui autour de 12.000 cas quotidiens. Le 10 février, la capitale indienne n'a enregistré aucun nouveau cas, une première depuis le mois de mai 2020. Le nombre de morts est lui aussi en chute libre. « Depuis le 1er octobre 2020, le pays a connu une baisse sans relâche du taux de décès. Le taux de mortalité est aujourd'hui inférieur à 1,5 (1,43 %)), soit l'un des plus bas au monde », s'est vanté le 14 février le ministre de la Santé. Avec 10,9 millions de cas cumulés depuis le début de la pandémie, l'Inde figure certes au 2e rang mondial en matièrematière de contaminations, mais rapporté à sa population, elle fait partie de meilleurs élèves (7,8 cas pour un million, soit un taux presque sept fois inférieur à la France).
Les restrictions levées dès le mois de juin
Tandis que de nombreux pays font face à une deuxième voire une troisième vaguevague, l'Inde semble être sortie d'affaire sans nouveau confinement et sans avoir imposé une surveillance aussi stricte qu'en Chine. On ne peut pourtant pas dire que le respect des distanciations sociales soit particulièrement respecté. Après avoir imposé un confinement très strict au mois de mars, les autorités ont commencé à lever les restrictions dès le mois de juin pour relancer leur économie dans un état dramatique, alors même que l'épidémie était en plein essor.
Un système de santé défaillant
L'explication ne réside pas non plus dans la vaccination, qui a débuté il y a moins d'un mois : à peine 8,26 millions de doses ont été administrées, soit moins de 0,6 % de la population couverte (contre 4,5 % en France ou 22,2 % au Royaume-Uni, où la pandémie est pourtant loin de faiblir). Et alors que le pays est l'un des premiers fabricants de vaccins au monde, qu'il exporte dans de nombreux pays, sa population est elle-même réticente à se faire vacciner. Enfin, le système de santé indien est beaucoup moins bien pourvu que celui de la plupart des pays, avec une dépense par habitant de 73 dollars à peine, contre 4.690 dollars en France par exemple.
Une immunité collective ?
Le cas indien rend la plupart des épidémiologistes perplexes. Certes, le faible nombre de tests effectués et un recensement déficient des véritables causes de décès, surtout dans les zones rurales, peut expliquer en partie les bons scores du pays. Mais, même sous-estimée, l'épidémie n'en demeure pas moins sous contrôle. Selon les experts, il se pourrait que le pays ait atteint une certaine immunité collectiveimmunité collective. Une récente étude indique que 46,7 % de la population a déjà été contaminée au SARS-CoV-2SARS-CoV-2 dans l'état de Karnataka, situé au sud de l'Inde. Une autre enquête dévoilée par le gouvernement indien indique que 56 % des habitants de la capitale New Delhi ont déjà contracté le virusvirus, soit un taux de contamination bien supérieur aux chiffres officiels. Cette théorie de l'immunité collective est pourtant battue en brèche par le cas brésilien qui malgré un taux d'infection supérieur à 70 % continue de connaître une flambée de l'épidémie. De plus, au niveau national, le taux d'infection ne dépasse pas 21,5 % selon une étude de l’Indian Council of Medical Research. La jeunesse de la population et le climatclimat sont peut-être d'autres explications.
Les médecins comme les autorités restent donc sur leurs gardes. « Une seconde vague peut survenir à n'importe quel moment, nous devons y être préparés, car certains des variants pourraient passer à travers les défenses immunitaires mises en place », met en garde Jayaprakash Muliyil, sur le site Les Échos. Le port du masque est toujours recommandé, et le gouvernement vise 300 millions de personnes vaccinées d'ici le mois d'août.
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