Bien qu'elles soient étudiées depuis longtemps, les cellules cancéreuses n'ont pas encore révélé tout leurs mystères. Pour la première fois, une cellule cancéreuse a été observée en train de se défendre contre un lymphocyte d'une façon surprenante ! Elles développent des tentacules qui aspirent l'énergie vitale de leur rivale.


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    Les cellules cancéreuses déploient des trésors d'inventivité pour échapper à leur pire ennemie, l'immunité. Mais la technique que viennent d'observer les scientifiques du Birgham & Women's Hospital et du MIT est simplement extraordinaire. C'est la première fois qu'elle est observée et photographiée grâce à un microscope électronique à balayage. Sur le cliché, on peut apercevoir deux cellules : la cellule cancéreuse et un lymphocyte T.

    Le rôle du lymphocyte T est de tuer directement la cellule maligne s'il y est cytotoxiquecytotoxique, ou de coordonner les autres effecteurs de l'immunité anti-cancéreuse si c'est un lymphocyte TCD4. La cellule cancéreuse a une technique imparable pour empêcher le lymphocyte d'agir. Elle développe un long et fin tentacule qui va puiser littéralement l'énergieénergie vitale de son adversaire. Les détails de cet observation inédite sont parus dans Nature Nanotechnology.

    Le long nanotube entre le lymphocyte T et la cellule cancéreuse. À droite, une image au microscope confocal où les mitochondries sont représentées par les points verts dans le nanotube. © <em>Nature Nanotechnology</em>
    Le long nanotube entre le lymphocyte T et la cellule cancéreuse. À droite, une image au microscope confocal où les mitochondries sont représentées par les points verts dans le nanotube. © Nature Nanotechnology

    Un nanotube qui aspire l'énergie des cellules

    Ce « tentacule » est un nanotubenanotube extrêmement fin, entre 100 et 1.000 nanomètresnanomètres de large. Dans certains cas, plusieurs nanotubes peuvent s'assembler pour en former un plus gros. Grâce à lui, la cellule cancéreuse entre en contact physiquephysique avec le lymphocyte et perce sa membrane. Les deux cellules sont connectées. Un marquage spécifique des mitochondries, les usines énergétiques des cellules, a permis d'observer que ces dernières sont subtilisées au lymphocyte et voyagent dans le nanotube jusqu'à la cellule cancéreuse.

    Elle aspire véritablement son énergie. Cette structure très délicate a pu être observée dans des co-cultures de lymphocytes et de cellules cancéreuses. « C'était très excitant car ce genre de comportement n'a jamais été observé avant chez les cellules cancéreuses. C'était un projet compliqué car les nanotubes sont fragiles et nous avons dû manipuler les cellules très doucement pour ne pas les casser », explique Hae Ling Jang, un des scientifiques qui a participé à cette étude.

    D'autres cellules communiquent par nanotube

    D'autres cellules ont déjà été observées en train de « tendre la main » vers une autre. C'est le cas par exemple des neurones qui déploient aussi des nanotubes entre eux dans lesquels des mitochondries voyagent. Cette observation a été faite par les scientifiques de l'Institut Pasteur en 2019 et ces ponts pourraient aussi être liés à la transmission de certaines pathologiespathologies, virusvirus, bactériesbactéries ou protéinesprotéines mal repliées entre les cellules.

    Ces nanotubes constituent une potentielle cible thérapeutique contre le cancercancer. En présence d'un inhibiteur des nanotubes, les cancers grandissent beaucoup moins vite chez des souris de laboratoiresouris de laboratoire. Ces moléculesmolécules pourraient être combinées avec d'autres médicaments d'immunothérapieimmunothérapie anti-cancéreuse pour améliorer l'efficacité du traitement, et in fine améliorer la survie des patients.