Le vaste sujet de l’avenir de notre consommation alimentaire est ponctué d’étranges innovations farfelues. En parallèle de la production d’imitations végétales de produits carnés, maintenant courantes, des entreprises se donnent depuis quelques années l’objectif de commercialiser de la viande synthétique. Peut-on réellement manipuler les gènes et ressusciter les saveurs oubliées de la viande préhistorique ?


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    Au-delà des doutes que peut susciter la viande de culture, développée en laboratoire à partir des années 2010 dans le but de produire des steaks de chair et de sang sans aucune souffrance animale et qui promet de se faire bientôt une place dans l'industrie alimentaire, la prouesse technique qui a été nécessaire à sa concrétisation est indéniable. Mais, Vow, une startup de viande de culture basée à Sydney, en Australie, aurait réalisé un exploit encore plus surprenant, celui de recréer de la viande... de mammouth

    Comment créer de la viande préhistorique ?

    Avant tout, ce curieux projet a pour but de démontrer les possibilités de l'agricultureagriculture cellulaire, de faire prendre conscience de l'impact désastreux de l'agriculture industrielle sur la biodiversitébiodiversité et l'environnement, et de relancer la discussion collective sur le sujet. Ainsi que de réaliser un coup médiatique retentissant. 

    Pour le mener à bien, les scientifiques de l'institut australien de la bioingénierie de l'Université du Queensland qui ont collaboré avec l'entreprise ont assemblé un drôle de puzzle. Ils ont utilisé l'ADN du pachyderme éteint dont le génome avait été séquencé et qui était disponible dans une base de donnéesbase de données publique. 

    L'entreprise dispose de cultivateurs aux conditions ultracontrolées qui leur permettent de produire des tissus à partir de cellules. © Vow
    L'entreprise dispose de cultivateurs aux conditions ultracontrolées qui leur permettent de produire des tissus à partir de cellules. © Vow

    Après avoir récupéré la séquence responsable de la production de la myoglobine, une protéine retrouvée dans les muscles et qui donne à la viande son goût et sa texturetexture caractéristiques, l'étape suivante fût de compléter les parties manquantes avec de l'ADN d'éléphant d'Afrique. Ce gène hybridehybride a ensuite été inséré dans des cellules souchescellules souches de mouton, des myoblastes responsables du développement de muscles, qui ont finalement été cultivés en laboratoire pour produire l'énorme boulette de 400 grammes. 

    Les véritables résultats de l'expérience

    D'après le docteur Ernst Wolvetang, chercheur émérite, dont l'équipe a mené l'expérimentation, « ce n'est qu'un gène parmi les 25 000 » composant les cellules qui est bien du mammouth (complété d'éléphant), « tous les autres appartiennent à un mouton ». On peut donc s’interroger sur le réalismeréalisme de cette boulette de mammouthmammouth composite, même si James Ryall, le chef de la direction scientifique chez Vow, déclare que la myoglobine a bien changé l'apparence physiquephysique des muscles de mouton. 

    L'entreprise n'en est pas à son premier projet fou puisque des tests avaient déjà été effectués pour produire de la viande de plusieurs animaux inhabituels comme le crocodilecrocodile, ou le paon. Leur viande de mammouth n'a cependant pas été goûtée, car la protéine musculaire qu'aucun humain n'a consommée depuis plusieurs milliers d’années pourrait entrer en conflit avec notre système immunitairesystème immunitaire. La boulette qui est devenue une sorte d'ambassadrice pour la viande de culture est en exposition au Nemo, le musée scientifique d'Amsterdam. 

    Voir aussi

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