Produire de la viande de culture à grande échelle est pour l'instant un obstacle majeur. Pour le contourner, une start-up israélienne utilise les plants de tabac comme bio-réacteurs afin de produire les facteurs de croissance complexes si onéreux et dont certains sont dérivés du bétail.


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    Au-delà de la question de l'autorisation de sa commercialisation sur le marché européen, tout l'enjeu de la viande de culture se trouve dans la capacité de ses producteurs à trouver une solution pour la fabriquer à grande échelle. En Israël, une entreprise pourrait y être parvenue, à l'aide d'un ingrédient que l'on n'attendait pas : le tabac ! Une trouvaille « What the Fuck » que l'on vous présente dans notre série « What The Food ».

    Retour en Israël. C'est ici même que le sujet de la viande in vitroin vitro a commencé à éclore. La start-upstart-up Aleph Farms est l'un des tout premiers laboratoires à avoir communiqué autour de la culture d'un steak à partir de cellules-souches. Il faut quitter l'agglomération de Tel-Aviv où cette production d'un nouveau genre étonne depuis sa création en 2017 pour découvrir la nouvelle étape qui se joue dans la saga de la viande de culture.

    Direction la frontière nord avec le Liban. Bienvenue chez BioBetter, une autre start-up qui s'est spécialisée dans la production du milieu de culture nécessaire à la reproduction des cellules pour, à terme, ressembler à un steak. Fondée par un chercheur d'une université de Jérusalem, l'entreprise propose une alternative économique à ceux qui espèrent commercialiser de la viande de laboratoire en faisant pousser des plantes de tabac.

    Le tabac, <em>Nicotiana tabacum</em>, est utilisé par cette start-up pour créer des facteurs de croissance d’origine non animale afin de réduire le coût de production de la viande artificielle. © Microgen, Adobe Stock
    Le tabac, Nicotiana tabacum, est utilisé par cette start-up pour créer des facteurs de croissance d’origine non animale afin de réduire le coût de production de la viande artificielle. © Microgen, Adobe Stock

    Avant de devenir un morceau de viande, les cellules ont besoin d'acides aminés, de nutriments, mais aussi de facteurs de croissance pour se reproduire. Ces derniers constituent des éléments très coûteux. Tout l'enjeu d'une production à grande échelle réside dans le simple fait de ne plus utiliser de sérum foetalfoetal prélevé dans les abattoirs.

    « Les entreprises travaillent actuellement pour rechercher une solution plus éthique et moins onéreuse sans sérum de fœtusfœtus bovin », nous avait confié Jean-François Hocquette, chercheur à l'Institut national de recherche pour l'alimentation (INRAE) en début d'année. Cette société privée vante les mérites économiques de sa technologie en précisant que la production de ces facteurs de croissance ne coûte qu'un seul dollar par gramme. 

    Israël est devenu une destination majeure pour les recherches autour de la « viande sans viande ». Selon Les Échos, le pays regroupe 10 % des entreprises travaillant sur ce sujet dans le monde. Les sociétés concernées ont investi plus de 500 millions de dollars en 2021, la plus grosse enveloppe derrière celles des start-up américaines (environ 700 millions de dollars).