Quand on parle de récif, nous avons tous en tête l'image de la Grande Barrière de corail, au large des côtes australiennes, ou de certains atolls. Dans ces zones, la présence de récifs joue un rôle important dans la biodiversité des écosystèmes marins côtiers. En agissant comme une barrière qui absorbe l'énergie des vagues en provenance du large, ils permettent le développement de milieux protégés avec une forte diversité. Mais comment se forment les récifs ? Pourquoi n'en trouve-t-on pas partout ?
[EN VIDÉO] Les îles : le monde vu par Thomas Pesquet Découvrez quelques-unes des plus belles îles du monde vues de l’espace, à 400 km d’altitude, dans cette sélection de photos prises par Thomas Pesquet lors de son séjour à bord de la Station spatiale. Une odyssée qui emmène des îles coralliennes aux Cyclades, en passant par la Corse.
Un récif est une bioconstruction carbonatée, c'est-à-dire qu'il s'agit de structures calcaires entièrement construites par des organismes vivants. Les organismes constructeurs de récifs sont actuellement des coraux hexacoralliaires (principalement des Sclératiniés), mais les récifs fossiles nous montrent que ces organismes ont variés au cours du temps. En plus des récifs coraliens, d'autres bioconstructions carbonatées existent encore actuellement : les édifices coquilliers et les édifices microbiens qui sont constitués de stromatholites et de thrombolites.
Des conditions de développement très restreintes
Pour se développer, les organismes constructeurs des récifs coralliens requièrent des conditions environnementales très restreintes, ce qui explique que l'on ne les trouve pas dans tous les endroits du monde. La température de l'eau doit être toujours supérieure à 18 °C, la température optimale étant de 25 à 30 °C. La symbiose entre les organismes coralliens et des algues vertes unicellulaires (Zooxanthelles) nécessite de la lumière, ce qui limite la profondeur de développement des récifs coralliens à une profondeur de 30 à 40 mètres. Les eaux doivent être agitées et limpides, voilà qui explique que les récifs de coraux sont absents au niveau des estuaires qui déversent une grande quantité de sédiments dans l'océan, rendant l'eau turbide dans ces zones. De plus, ils ne sont pas adaptés à la présence d'eau douce et demandent une salinité assez élevée, supérieure à 27 ‰. Les coraux préfèrent également se développer sur un support solide. En conditions particulièrement calmes, ils peuvent néanmoins grandir sur des fonds sableux.
Forte sensibilité aux variations environnementales
Du fait de ces exigences environnementales, les récifs présentent une zonation assez précise. Leur profondeur de développement est liée à la diminution de l'énergie des vagues, de la lumière et de la température. Sur la façade du récif, on observe ainsi un étagement dans la morphologie des constructeurs en fonction de la profondeur : formes plates et branches dans les niveaux les plus profonds, sous la limite d'action des vagues, ensuite plus haut les formes massives en dômes, puis les formes encroûtantes au plus près de la surface. Cette zonation est très sensible aux variations environnementales et aux perturbations écologiques. Par exemple, une diminution de l'intensité lumineuse associée à une augmentation de la turbidité des eaux induit une diminution de la profondeur de chaque étage. Les coraux s'adaptent donc constamment aux variations de leur environnement.
Cette forte sensibilité fait que les coraux peuvent être utilisés comme des marqueurs des variations du niveau marin : l'observation des successions des formes coralliennes et leur datation permet d'avoir des informations sur les variations eustatiques au cours du temps.
Construction des récifs coralliens
Les récifs coralliens sont le résultat d'interactions complexes entre les polypes de l'organisme corallien qui secrète le squelette minéral (le corail), des algues unicellulaires et de nombreux micro-organismes (bactéries, champignons...). Les récifs de coraux peuvent se trouver au niveau des littoraux continentaux tropicaux, comme en Australie, ou autour d'îles volcaniques tropicales. Il existe plusieurs formes de récifs coralliens qui représentent, en fait, trois stades d'évolution résultant des variations relatives du niveau marin :
- les récifs frangeants qui bordent de très près la côte ;
- les récifs barrières, situés de quelques centaines de mètres à quelques kilomètres de la côte, discontinus et entrecoupés de passes. C'est le cas de la Grande Barrière de corail en Australie et de la ceinture de la Nouvelle-Calédonie ;
- les atolls, qui sont des îles en forme d'anneau, de nature entièrement coralliennes, enserrant un lagon peu profond.
Les récifs frangeants représentent le premier type de récif à se développer. Ce type de récif peut évoluer en récif barrière dans deux cas. Le premier lorsqu'il y a une remontée du niveau marin : la profondeur relative des coraux augmente, les poussant vers la surface pour ne pas mourir. Le deuxième cas se produit lorsqu'une île volcanique commence à s'enfoncer (subsidence thermique) : en refroidissant, la lithosphère océanique sur laquelle repose le volcan s'enfonce, entraînant avec elle le récif corallien qui, là encore, va devoir croître vers le haut pour subsister.
À terme, l'île disparait totalement alors que les coraux continuent de s'élever pour se maintenir dans leur zone écologique favorable. Il ne reste alors plus que la barrière de corail qui affleure à la surface de l'eau, formant un anneau. Dans les séries anciennes, on retrouve de nombreuses formations récifales fossiles, dont les plus vieilles sont précambriennes (âge supérieur à 542 millions d'années). Il s'agit de stromatolithes, calcaires formés par des cyanobactéries.
La posidonie, le jardin de la Méditerranée La posidonie, ou Posidonia oceanica, tire son nom de Poséidon, dieu grec de la mer. Elle pousse sur les fonds entre la surface et 40 m de profondeur, et forme de vastes herbiers qui constituent l’écosystème majeur de la Méditerranée. Ces herbiers sont un lieu de frai et de « nurserie » pour de nombreuses espèces animales, et représentent une source de nourriture pour d’autres. La posidonie permet aussi de fixer les fonds marins grâce à l’entrelacement de ses rhizomes. Ceux-ci s’empilent d’une année sur l’autre, et contribuent à augmenter progressivement le niveau du fond (environ un mètre par siècle). Malheureusement, cette plante est aujourd’hui menacée par la pollution des rivages. © Nicolas Barraqué
Le spirographe, un ver à panache Le spirographe, ou Sabella spallanzanii, est le plus grand ver tubicole de Méditerranée. Il peut atteindre 40 cm de long. Son corps est situé dans un tube mou composé de mucus et de sable. Depuis la bouche de l’animal, de nombreux filaments colorés se déploient en couronne tentaculaire d’un diamètre de 10 à 15 cm. Dès que l’on s’approche de lui, il se rétracte pour ne ressortir que quelques minutes plus tard. Il se nourrit du plancton porté par les courants qu’il filtre avec son panache. On le rencontre jusqu’à 40 m de fond. © Nicolas Barraqué
Des gorgones rouges étincelantes Les gorgones rouges, ou Paramuricea clavata, se rencontrent de 20 à 100 m de profondeur. Souvent fixées sur les tombants, les ramifications colonisées de polypes filtrent l’eau au gré du courant pour capturer les micro-organismes en suspension. En juin et en juillet, quand la température augmente et en synchronisation avec la pleine lune, les colonies femelles relâchent les œufs dans un mucus. © Nicolas Barraqué
La langouste aux longues antennes Les langoustes forment la famille des palinuridés. Ce sont de grands crustacés décapodes caractérisés par un corps allongé, de longues antennes épineuses et l’absence de pinces. Les langoustes fréquentent en général les fonds rocheux, où elles peuvent trouver des abris. Elles se meuvent en marchant à l’aide de leurs pattes, mais peuvent aussi nager en se propulsant en arrière par de violentes contractions de l’abdomen. © Nicolas Barraqué
La girelle-paon multicolore La girelle-paon, ou Thalassoma pavo, est un poisson aux couleurs éclatantes. Elle possède un museau pointu, de grandes lèvres et une queue en forme de lyre. Son corps allongé prend différentes couleurs. Chez la femelle, le dos est jaune orangé avec une tache noire, et est hachuré de quatre à six bandes bleu ciel. Le ventre est jaune vif. Chez le mâle, le corps est plutôt vert, avec une large bande transversale bleue et mauve. Cette espèce évolue en groupe ou seule sur les fonds rocheux, les tombants et parfois dans les herbiers. © Nicolas Barraqué
L’oursin, le hérisson des mers Les oursins se déplacent lentement en utilisant leurs épines mobiles et leurs podia, des petits tubes situés entre les épines, remplis d’eau et qui font ventouse à leur extrémité. Ils raclent et déchiquettent les végétaux qui tapissent le fond de la mer à l’aide de leur bouche munie de mâchoires spéciales. Cet appareil masticateur, également appelé lanterne d’Aristote, est composé de cinq dents capables de creuser une roche tendre. © Nicolas Barraqué
La baudroie, spécialiste du camouflage La baudroie peut atteindre deux mètres de long, et est une spécialiste du camouflage. Son énorme tête est surmontée d’un leurre pour attirer ses proies. Ce poisson est parfois également appelé lotte, mais ne doit pas être confondu avec la lotte de rivière. © Nicolas Barraqué
Le poulpe joueur Le poulpe commun, ou Octopus vulgaris, est un animal assez répandu dans la baie de Saint-Raphaël. Il peut atteindre un mètre, voire le double lorsqu’il déploie ses tentacules, mais les plongeurs de Méditerranée croisent plutôt des individus de 30 cm de long. Le poulpe commun peut se promener jusqu’à 100 m de fond. © Nicolas Barraqué
Un bouquet d’anémones jaunes L’anémone jaune, ou Parazoanthus axinellae, est une espèce d’anémones de mer qui forme des colonies. Les polypes mesurent de l’ordre du centimètre et peuvent recouvrir plusieurs décimètres carrés. Cette anémone tire son nom du fait qu’elle peut vivre fixée sur les spongiaires Axinella. Cette interaction lui est bénéfique, mais elle est neutre pour son hôte. © Nicolas Barraqué
La grande rascasse rouge, un poisson nocturne Le chapon, encore appelé grande rascasse rouge ou Scorpaena scrofa, peut atteindre 40 cm de long. Il vit dans la roche, où il reste immobile et camouflé grâce à son mimétisme. Les chapons sont toujours prêts à saisir une proie qui passe trop près de leur grande bouche. Ils ont des périodes d’activité diurne avec peu de déplacements, mais sont plus actifs la nuit, au cours de laquelle ils absorbent le maximum de leur nourriture. © Nicolas Barraqué
La murène, un serpent-poisson La murène commune, ou Muraena helena, est reconnaissable à son long corps serpentiforme, pouvant atteindre 1,5 m. Elle est généralement de couleur brun violacé avec des marbrures blanches et jaunes, ne possède pas d’écailles et est recouverte d’un mucus. Elle n’a pas de nageoires pelviennes et ventrales. Ses nageoires anales et dorsales se sont transformées en une longue nageoire caudale. © Nicolas Barraqué
Les clochettes des clavelines Une colonie de clavelines ressemble à un véritable bouquet de clochettes transparentes et gélatineuses. Les individus, bien que de petite taille et rassemblés à la base, se distinguent aisément et mettent à nu leurs organes internes. Ils se développent sur des substrats rocheux, comme les parois, les pierres ou les coquilles. © Nicolas Barraqué
La mystérieuse île d’Or Située à l’est de Saint-Raphaël face au cap du Dramont, l’île d’Or bénéficie de fonds sous-marins exceptionnels. Cet îlot, composé de rochers roux caractéristiques de l’Estérel, est surmonté d’une tour de style médiéval, mais moderne. Selon la légende, elle aurait inspiré Hergé pour l’album de Tintin L’île noire. © Nicolas Barraqué
Le cantonnement de pêche du cap Roux Dans un souci de protection de la zone marine du littoral, la prud’homie de pêche et la commune de Saint-Raphaël ont instauré un projet de cantonnement de pêche dans la zone du cap Roux, située à l’est de la ville de Saint-Raphaël. Dans le même temps, le Laboratoire environnement marin littoral de l’université de Nice-Sophia Antipolis a entrepris un suivi scientifique de ce cantonnement. Les premiers résultats sont très positifs. © Nicolas Barraqué