Et si l’on considérait l’ensemble des êtres vivants non pas en fonction de leur type ou de leur habitat, mais de leur taille ? C’est ce qu’a fait une équipe de chercheurs, en analysant la distribution de la biomasse en fonction des tailles corporelles. Et il apparaît que ce sont les organismes infiniment petits ou très grands qui sont les plus nombreux.


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    De la bactérie au séquoia géant, en passant par le brin d'herbe, le chat, l'Homme et la baleine bleue... sans compter les espèces disparues au cours de l'histoire de la Terre, le monde du vivant admet une très vaste gamme de tailles différentes, du microscopique au géant. Ainsi, en considérant l'ensemble de la biomasse terrestre, c'est-à-dire toutes les espèces vivantes, qu'il s'agisse d'organismes marins ou terrestres, animaux, végétaux, champignonschampignons ou bactériesbactéries, on a la ferme impression que cette biomasse est distribuée de façon homogène sur l'ensemble des tailles corporelles existantes. Et pourtant, une nouvelle étude portant sur des analyses statistiques nous montre que c'est loin d'être le cas.

    La vie se distribue principalement autour des très petites et très grandes tailles

    Il apparaît en effet que certaines tailles sont bien plus courantes que d'autres et contrairement à ce que l'on pourrait penser, ce ne sont pas celles situées au milieu de la gamme. Dans un article publié dans la revue Plos One, une équipe de chercheurs a ainsi analysé la distribution des tailles de tous les groupes d'organismes formant la biomasse terrestre. Et plusieurs résultats intéressants ont été mis en évidence.

    Cinq années de travail auront été nécessaires à la compilation et à l'analyse des données concernant la taille des organismes vivants, de tout type. Le premier résultat majeur à être apparu est que pour chaque type d'espèce, ce sont les tailles situées aux deux extrémités de la gamme qui sont majoritaires. En d'autres termes, la nature semble favoriser les organismes soit de très petite taille (d'environ 10-15 grammes), soit de très grande taille (environ 107 grammes = 10 tonnes). Cette distribution bimodale semble cependant plus prononcée pour les organismes terrestres que pour les organismes marins. Mais les chercheurs notent cependant quelque chose d'intéressant : il semble exister une limite unique concernant la taille maximum observée dans les différents environnements de vie.

    La baleine à bosse fait partie des plus grands organismes vivants. © Tomas, Adobe Stock
    La baleine à bosse fait partie des plus grands organismes vivants. © Tomas, Adobe Stock

    Si l'on compare tous les groupes d'espèces, la taille maximum observée tombe en effet toujours dans une gamme relativement restreinte. Il n'existe ainsi pas une espèce présentant des mensurations totalement hors normes, ce qui suggère l'existence d'une loi universelle limitant la taille possible des organismes vivants. Cette loi dépend certainement des limitations imposées par l'environnement écologique, l'évolution des espècesévolution des espèces et les principes de biophysique.  

    Les bactéries nous sont invisibles, elles font cependant partie des organismes dont la taille est la plus représentée sur Terre. © peterschreiber.media, Fotolia
    Les bactéries nous sont invisibles, elles font cependant partie des organismes dont la taille est la plus représentée sur Terre. © peterschreiber.media, Fotolia

    Considérer la biomasse en fonction de la taille du corps pour comprendre l’évolution des écosystèmes

    L'étude révèle également de précieux détails concernant la distribution de la vie dans les différents écosystèmesécosystèmes. Par exemple, même si les coraux sont répartis de façon très inégale dans les océans, ils possèdent la même biomasse que l'ensemble des poissonspoissons. Or, ces deux types d'espèces interagissent intimement. Ce point illustre donc l'importance de considérer la balance qui existe entre les différentes biomasses dans les océans, notamment dans le cadre de l'évolution actuelle du climatclimat et des activités humaines.

    Pour les scientifiques, ces résultats pourraient d'ailleurs avoir d'importantes implications pour les prédictions des effets et impacts du changement climatiquechangement climatique. En effet, la taille des organismes vivants gouverne et influence de nombreux processus qui se jouent à la fois à l'échelle locale mais également à l'échelle du globe. C'est le cas par exemple de la vitessevitesse à laquelle le carbonecarbone est séquestré, un mécanisme qui dépend largement des micro-organismesmicro-organismes. La taille des organismes joue également sur la stabilité des différents écosystèmes dans lesquels ils vivent. Or, les pressionspressions environnementales actuelles peuvent entraîner une déstabilisation de la répartition de la biomasse selon la taille du corps (disparition des grands herbivores, par exemple). Un point à prendre en compte pour comprendre l'évolution future des écosystèmes.

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