Si rien n’est fait pour inverser la tendance des émissions de gaz à effet de serre, le réchauffement des pôles pourrait s’accélérer au cours des deux à quatre prochaines décennies. Et ce avec des conséquences fâcheuses pour l’ensemble de la planète. C’est ce que nous apprennent aujourd’hui des chercheurs.


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    Ceux qui vivent dans les régions polaires racontent tous la même histoire. Ces dernières années, le paysage a changé. Et avec lui, l'ensemble de l'écosystème. Alors que notre planète se réchauffe peu à peu, l'Arctique frôle déjà la surchauffe. Là où les températures moyennes ont monté de 0,8 °C, celles de l'Arctique ont grimpé de 2 à 3 °C ! Avec des conséquences qui pourraient tous nous affecter.

    « Ce qui se passe en Arctique est profond et sans précédent », souligne Kristin Laidre, chercheuse en sciences polaires à l'université de Washington (États-Unis). Avec son équipe, elle a étudié les effets du réchauffement de l’Arctique - et de l'Antarctique - sur la faune, sur les moyens de subsistance traditionnels, sur la végétation de la toundra, sur la libération de méthane et sur la fontefonte des glaces, en mer et sur terreterre.

    Le saviez-vous ?

    Si l’Arctique se réchauffe à grande vitesse, l’Antarctique suit paisiblement la tendance mondiale. Et les chercheurs ignorent encore ce qu’il en adviendra à l’avenir. Ces deux dernières années toutefois, le continent a connu un record en matière de fonte des glaces à l’automne. La situation pourrait notamment coûter la vie aux mythiques manchots empereurs avant la fin de ce siècle.

    Les chercheurs se sont aussi intéressés aux conséquences qu'aurait, pour les régions polaires, un réchauffement globalréchauffement global de 2 °C. « Dans un scénario de statu quo, la Terre dans son ensemble pourrait atteindre ce jalon dans environ 40 ans, remarque Éric Post, chercheur à l'université de Californie (États-Unis). Mais l'Arctique s'y trouve déjà pendant quelques mois de l'année. La région pourrait atteindre un réchauffement de 2 °C sur une base annuelleannuelle moyenne de 25 ans avant le reste de la planète. Aujourd'hui, l'Arctique nous parle. La question est de savoir si nous voulons l'écouter. »

    Ce qui se passe en Arctique…

    Car l'on y observe déjà des bouleversements. L'été dernier, la banquisebanquise estivale a atteint son deuxième niveau le plus bas depuis le début des données satellites en 1979. Les températures record de juillet ont fait fondre les milliards de tonnes de glace de la calotte du Groenland. Et pendant ce temps-là, des incendies ont ravagé des millions d’hectares de forêts, de l'Alaska à la Sibérie.

    Tout cela alors que la phase de réchauffement la plus rapide reste encore à venir. Pour l'Arctique, un réchauffement global de 2 °C pourrait en effet signifier un réchauffement local de pas moins de... 7 °C, à certaines périodes de l'année !

    « Ce qui se passe en Arctique... ne reste pas en Arctique », prévient Michael Mann, chercheur à l'université de l'État de Pennsylvanie (États-Unis). Et c'est bien sûr avant tout la fonte de la banquise qui inquiète les chercheurs. Certains estiment même qu'un point de non-retour a d'ores et déjà été atteint. Selon ceux-là, quoi que nous entreprenions aujourd'hui pour limiter les émissionsémissions de gaz à effet de serregaz à effet de serre, « nous verrons bientôt des étés sans glace ». « Ce réchauffement spectaculaire aura un impact sur le jet-stream. Cela induira, pour nous, des épisodes météorologiques extrêmes plus violents et plus nombreux. »

    Parmi les autres conséquences attendues : la montée du niveau des mers, bien sûr, une libération accrue de méthane, un puissant gaz à effet de serre, l'intensification des feux de forêt, le dérèglement de la chaîne alimentairechaîne alimentaire avec des plantes qui poussent de plus en plus tôt, des perturbations du réseau trophique marin avec des conséquences pour les ours polairesours polaires notamment.