Inexorablement, le réchauffement climatique poursuit sa marche en avant. Les uns après les autres, les records tombent. Les chiffres sont alarmants. Mais la guerre n’est pas encore perdue.


au sommaire


    Il y a moins de dix ans, la probabilité estimée par les scientifiques de voir la température de notre Planète dépasser le fameux seuil des 1,5 °C au-dessus des moyennes préindustrielles avant 2020 était proche de zéro. Depuis, les choses ont changé. Le dernier bulletin sur les prévisions annuelles à décennales du climat à l’échelle mondiale publié aujourd'hui par l'Organisation météorologique mondiale (OMM) avance un chiffre qui fait froid dans le dosdos. Selon les experts, la probabilité d'un dépassement du seuil fixé par l'Accord de Paris sur le climat entre 2024 et 2028 est désormais de... 80 % !

    Plus 1,63 °C sur les 12 derniers mois !

    Nous jouons avec le feufeu. Le service de l’Union européenne pour le changement climatique Copernicus ainsi que le service national britannique de météorologie (Met Office) confirment déjà que le mois de mai 2024 a été le plus chaud des mois de mai jamais enregistrés sur la Planète. Avec une température moyenne de 1,52 °C au-dessus de celles de la période 1850-1900. Au-dessus, donc, du fameux seuil cible. Tout comme... tous les mois écoulés depuis juillet 2023 ! Ainsi, l'année glissante écoulée -- de juin 2023 à mai 2024 -- apparaît-elle comme la plus chaude jamais enregistrée. Elle atteint la température moyenne de 1,63 °C au-dessus des valeurs préindustrielles !

    « Cette série de records de chaleurchaleur mensuels sera bientôt considérée comme relativement froide. Toutefois, si nous parvenons à très brève échéance à stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre dans l'atmosphère, nous pourrions revenir à ces "basses" températures d'ici à la fin de notre siècle », assure Carlo Buontempo, directeur du service Copernicus. Il reste en effet important de souligner que ces dépassements temporaires ne signifient pas que l'objectif fixé par l'Accord de Paris est définitivement inatteignable. Le rapport de l'OMM évalue tout de même désormais à 47 % la probabilité que la température mondiale sur la totalité de la période 2024-2028 dépasse les 1,5 °C de réchauffement. Il y a un an seulement, cette probabilité sur la période 2023-2027 n'était pas évaluée à plus de 32 %.

    L’industrie fossile en ligne de mire

    La parution du rapport de l'OMM a été l'occasion, hier, d'un discours du secrétaire général des Nations unies. Parmi les mesures d'urgence qu'il appelle à prendre : des taxes sur les bénéfices de l'industrie des fossiles pour financer la lutte contre le réchauffement climatique et l'interdiction de toute publicité pour les combustiblescombustibles fossiles comme cela a déjà été fait pour le tabac, par exemple. « Les parrains du chaos climatique engrangent des bénéfices records et se régalent de milliards de dollars en subventions financées par les contribuables », rappelle António Guterres.

    Nous ne sommes pas seulement en danger. Nous sommes LE danger

    « Aujourd'hui, nous ne sommes pas à la place des dinosauresdinosaures. Nous sommes le météore. Nous ne sommes pas seulement en danger. Nous sommes LE danger. » À quelques heures des élections européennes et alors que des négociations ont lieu à Bonn (Allemagne) pour préparer la prochaine COP qui doit se tenir en Azerbaïdjan en novembre 2024, António Guterres a aussi mis en garde contre le risque de « détournement d'attention » que représentent les guerres et les conflits en cours dans le monde. « Nous ne pouvons pas les laisser nous détourner de ce qui constitue la menace existentielle de tous les temps pour l'humanité, à savoir le changement climatique ».

    Le seuil des 1,5 °C n’est pas seulement un chiffre

    Comme le rappellent les scientifiques de l'OMM, « 1,5 n'est pas seulement un chiffre ». Derrière cet objectif, il y a des réalités physiquesphysiques. Maintenir les températures sous ce seuil est essentiel pour limiter les conséquences du réchauffement climatique anthropique et des phénomènes météorologiques extrêmes. Essentiel aussi pour sauver des vies humaines.

    Voir aussi

    Pourquoi dépasser +1,5 °C change tout ? Des chercheurs préviennent que l’adaptation ne suffira pas

    Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMSOMS), le nombre de personnes exposées à des chaleurs extrêmes augmente déjà de façon exponentielle en raison du changement climatique dans toutes les régions du monde. En 20 ans, la mortalité liée à la chaleur a augmenté de 30 %. Durant l'été 2022, plus de 60 000 personnes sont mortes sous l'effet de la chaleur dans notre Europe. « L'action climatique ne peut décidément plus attendre. »