Un nouvel arthropode datant du Cambrien vient d'être décrit et il rivalise avec l'un des plus anciens super prédateurs connus.


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    Les radiodontes sont un groupe d'arthropodes qui s'est développé durant l'explosion cambrienne, il y a entre 541 et 530 millions d'années. Les espèces de radiodontes ont occupé l'océan mondial et ont présenté des formes et des comportements divers. Ce groupe comprend par exemple des espèces benthiquesbenthiques fouisseuses, des espèces nageuses et filtreuses, ainsi que des super prédateurs, ce qui implique que les multiples espèces de ce groupe occupaient différentes niches écologiques.

    Les multiples espèces de ce groupe occupaient différentes niches écologiques

    Une étude publiée dans le journal Royal Society Open Science vient de reporter la description d'une nouvelle espèce de radiodonte géant, Titanokorys gainesi. Les restes ont été trouvés au niveau de la formation fossile de Burgess Shale, dans le Parc national Kootenay, en Colombie-Britannique. Le nom de genre Titanokorys fait référence au terme titantitan, en raison de la grande taille de l'élément central de la carapace de cette espèce, et celui de korys signifie casque en grec. T. gainesi appartient au groupe des Hurdiidés qui est celui des radiodontes les plus diversifiés en morphologiemorphologie.

    Élément massif recouvrant la tête de <em>Titanokorys gainesi</em>. Échelle : 2 cm. © <em>Caron and Moysiuk</em>, 2021
    Élément massif recouvrant la tête de Titanokorys gainesi. Échelle : 2 cm. © Caron and Moysiuk, 2021

    À l'image des autres radiodontes, T. gainesi présente un cônecône oral composé de plusieurs plaques ornées de dents, une paire d'appendices frontaux et des rabats latéraux le long du corps supportant des branchies. Cette espèce possède également une épine antérieure. Sa longue tête est recouverte par une carapace composée de trois éléments. Selon l'un des auteurs de l'étude, Joseph Moysiuk, la tête chez cette espèce est tellement grande par rapport au reste du corps que les individus n'étaient « guère plus que des têtes nageuses ».

    Reconstruction de <em>Titanokorys gainesi</em>. De haut en bas : vues dorsale, ventrale, latérale et frontale. © illustration de Lars Fields, <em>Caron and Moysiuk, </em>2021
    Reconstruction de Titanokorys gainesi. De haut en bas : vues dorsale, ventrale, latérale et frontale. © illustration de Lars Fields, Caron and Moysiuk, 2021

    La carapace de T. gainesi est cependant plus large et plus aplatie que la moyenne de celles des autres espèces de radiodontes, ce qui laisse supposer aux auteurs que cette espèce était nectobenthique, c'est-à-dire qu'elle nageait à proximité du fond sous-marin.

    Un colosse des fonds marins

    Le fascinant aspect de cette découverte, comme le mentionne le premier auteur de l'étude, Jean-Bernard Caron, est la taille de T. gainesi. Il explique que cette espèce fait partie des plus grands animaux datant du Cambrien ayant jamais été découverts. Cet arthropode pouvait en effet mesurer jusqu'à 50 centimètres de long.

    Cette espèce fait partie des plus grands animaux datant du Cambrien ayant jamais été découverts

    Cela ne semble peut-être pas si grand au premier abord mais ce prédateur n'a rien à envier à Anomalocaris (également un radiodonte), dont la longueur approchait le mètre et qui est supposé être l'un des plus anciens super prédateurs.

    D'après Jean-Bernard Caron, l'énigmatique T. gainesi avait très certainement une grande influence sur l'écosystèmeécosystème benthique au Cambrien. Le colosse T. gainesi, dont la forme semble étrange parmi celles des animaux actuels, partageait l'environnement du Cambrien avec d'autres espèces aux morphologies tout aussi curieuses, parmi lesquelles des vers sans pattes.