Le satellite Goce, lancé en 2009, est devenu un outil capital dans l'étude géologique de l'Antarctique. Grâce aux données obtenues par l'appareil, les géologues ont ainsi pu déterminer qu'un pan entier du continent de glace est manquant, offrant une visibilité sur le passé de cette région peu explorée.


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    Que se cache-t-il sous le manteaumanteau neigeux de l'Antarctique ? C'est la question que se posent de nombreux géologuesgéologues, tant le sixième continent constitué de glace s'avère peu exploré et globalement méconnu. Mais une étude publiée par des chercheurs œuvrant sur la mission PolarGap, publiée dans Nature Communications Earth & Environment ce 9 mars 2022 explique qu'une mission en orbiteorbite basse menée grâce au satellite Gocesatellite Goce a permis de révéler qu'une partie de l'est de l'Antarctique manque à l'appel, d'une surface comparable à celle du Royaume-Uni. À la place, se trouve la baie de Pensacola, à proximité du massif du même nom. L'agence spatiale européenneagence spatiale européenne (ESA) a ainsi publié un communiqué éclaircissant les détails de l'étude de PolarGap.

    Le satellite Goce a effectué de nombreux survols de l'est de l'Antarctique, prenant le relais de la sonde Copernicus. © ESA
    Le satellite Goce a effectué de nombreux survols de l'est de l'Antarctique, prenant le relais de la sonde Copernicus. © ESA

    Un continent sous la glace

    Les conditions météorologiques extrêmes de l'Antarctique rendent difficiles les expéditions d'exploration sur cette gigantesque massemasse de glace et neige, dont la superficie atteint 14 millions de kilomètres carrés. À l'intérieur des terres, les températures peuvent parfois chuter à -60 °C, rendant la région particulièrement inhospitalière.

    Méconnu, l'Antarctique restait jusqu'alors un mystère sur le plan géologique. Mais le recueil de données de Goce permet d'en apprendre plus sur les couches inférieures du pôle Sud, sous l'impulsion du British Antarctic Survey, organisme britannique à la base de la mission PolarGap. Ses membres ont mené une campagne d'observation en s'appuyant sur Goce, dans l'objectif d'apporter des informations supplémentaires sur la topographie et la formation géologique de l'Antarctique.

    Les chercheurs ont constaté qu'un pan entier de l'Antarctique n'existait plus, remplacé par une gigantesque baie côtière. Les géologues expliquent que le bassin de Pensacola est constitué de roches plus récentes qu'attendues et qu'une grande partie de l'est de l'Antarctique se serait « détachée ». Tom Jordan, géophysicien au British Arctic Survey, explique dans le communiqué de l'ESA que l'origine de cette disparition d'une partie du continent de glace est due à un rifting event, soit la création d'une faille dans la zone où s'est formé l'océan Pacifique, il y a environ 650 millions d'années. 

    Une surface de 1.270 kilomètres carrés s'est séparée de l'Antarctique en 2021, dans la région de la barrière de Brunt, au nord-ouest du continent. © ESA, Nasa
    Une surface de 1.270 kilomètres carrés s'est séparée de l'Antarctique en 2021, dans la région de la barrière de Brunt, au nord-ouest du continent. © ESA, Nasa

    Goce au rapport 

    Le Gravity field and steady-state Ocean Circulation Explorer (Explorateur de gravitégravité de circulation océanique), lancé le 17 mars 2009 par l'ESA, a pour mission d'étudier le champ gravitationnel terrestre. Goce est équipé de trois instruments pour mener à bien sa mission d'observation de la Terreobservation de la Terre : un réflecteur laserlaser, un récepteur GPSGPS ainsi qu'un gradiomètre. Ce dernier permet à la sonde de détecter les variations du champ gravitationnel de la Planète selon les accélérations et décélérations de l'appareil. Grâce à ces instruments, l'ESA a pu dévoiler en 2010 une première géoïde de la Terre, permettant de visualiser les déformations subies par la Terre à cause de la pesanteur.

    Le géoïde permet de modéliser une surface sur laquelle les effets du champ gravitationnel sont visibles. © ESA
    Le géoïde permet de modéliser une surface sur laquelle les effets du champ gravitationnel sont visibles. © ESA

    Les données de Goce et de la mission PolarGap sont une avancée majeure dans la compréhension de l'histoire de l'Antarctique. Plus globalement, les chercheurs affirment que l'étude publiée le 9 mars devrait permettre d'analyser en détail la naissance de certains continents, à une époque où la carte de la Terre était encore bien éloignée de son aspect actuel.