Les nouvelles du Groenland ne sont pas bonnes. En 2019, plusieurs milliards de tonnes de glace ont été perdues. En cause, non seulement la hausse des températures, mais aussi des conditions atmosphériques inhabituelles, révèlent des chercheurs. Des conditions qui pourraient devenir de plus en plus fréquentes sous l’effet du réchauffement climatique.


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    Le Groenland, c'est la deuxième plus grande masse de glace sur Terre. Une couverture de plusieurs kilomètres d'épaisseur. Qui a connu en 2019, un important déséquilibre. Une perte de 600 milliards de tonnes. Assez pour faire monter le niveau des océans de 1,5 millimètre, soit 40 % de l'élévation totale enregistrée l'année dernière.

    Pourtant, en 2019, ce que les chercheurs appellent le bilan de masse en surface (SMB) du Groenland -- chutes de neige versus fontefonte des glaces -- s'établit à 50 milliards de tonnes. Le volumevolume de glace de surface gagné sur l'année par l'inlandsis. Un chiffre qui semble positif. Mais qui marque tout de même une chute de 320 milliards de tonnes en dessous de sa moyenne de la période 1981-2010. Et qui ne suffit pas à compenser les pertes dues à la formation d’icebergs. Loin de là...

    Une étude publiée cette semaine par des chercheurs de l'université de ColumbiaColumbia (États-Unis) s'intéresse plus précisément aux causes de ce phénomène. L'augmentation des températures ne serait pas la seule responsable. Des conditions anticycloniques inhabituelles seraient en effet responsables de plus de la moitié de la glace perdue dans le Groenland en 2019. Ces conditions ont, par exemple, empêché la formation de nuages sur le sud de l'inlandsis. Et permis aux rayons du soleilsoleil d'atteindre directement la glace pour la faire fondre plus efficacement.

    En 2019, la quantité de glace de surface perdue depuis le début des relevés en 1948 est la seconde quantité la plus importante après 2012. En revanche, le bilan de masse en surface (SMB) est le plus faible jamais enregistré. Ici, un graphique montrant, en rouge, les chutes de neige, en jaune, la fonte des glaces et en bleu, le SMB avec la moyenne de la période 1981-2010 comme référence. © Tedesco <em>et al.</em>
    En 2019, la quantité de glace de surface perdue depuis le début des relevés en 1948 est la seconde quantité la plus importante après 2012. En revanche, le bilan de masse en surface (SMB) est le plus faible jamais enregistré. Ici, un graphique montrant, en rouge, les chutes de neige, en jaune, la fonte des glaces et en bleu, le SMB avec la moyenne de la période 1981-2010 comme référence. © Tedesco et al.

    Un ciel trop dégagé fait fondre la glace

    Mais moins de nuages, cela signifie également moins de neige fraiche. Plus exactement 50 milliards de tonnes de moins que sur la moyenne de la période 1980-1999. Ce déficit en chutes de neige a aussi laissé une glace exposée assombrie de poussières qui, de couleurcouleur sombre, absorbe la chaleurchaleur au lieu de la réfléchir comme le fait la neige blanche. De quoi accélérer encore un peu plus la fonte de la glace de surface.

    Ces conditions atmosphériques deviennent de plus en plus fréquentes.

    « Ces conditions atmosphériques deviennent de plus en plus fréquentes, s'inquiète Marco Tedesco, chercheur, dans un entretien à l’université de Columbia. C'est probablement le résultat des ondulations du jetstream qui, selon nous, sont liées notamment à la disparition de la couverture neigeuse en Sibérie, à la disparition des glaces de mer et aux différences de vitessesvitesses auxquelles les températures augmentent dans l'Arctique par rapport aux latitudes moyennes sous l'effet du réchauffement climatique. »

    Or les modèles climatiques actuels n'intègrent pas ces données. Et les simulations semblent ne pas tenir compte de la moitié des pertes de masses de glace dues au réchauffement climatiqueréchauffement climatique. Une situation que les chercheurs de Columbia appellent à rectifier. De manière d'autant plus urgente que le dégel total du Groenland pourrait faire monter le niveau des mers de pas moins de sept mètres !


    Groenland : 600 milliards de tonnes de glace ont fondu en deux mois

    Les glaces du Groenland fondent un peu plus chaque année à mesure que le réchauffement climatique s'intensifie. À l'été 2019, ce sont plus de 600 milliards de tonnes de glace qui ont fondu, faisant monter le niveau global des océans.

    Article de Julie KernJulie Kern paru le 20/03/2020

    Durant l'été 2019, particulièrement doux en Arctique, 600 milliards de tonnes de glace ont fondu au Groenland. C'est plus du double que la perte moyenne annuelleannuelle de glace entre 2002 et 2019. Un constat inquiétant dressé dans une étude publiée dans Geophysical Research Letters.

    les chiffres sont vraiment énormes

    « Nous savions que l'été passé a été particulièrement chaud au Groenland, faisant fondre la glace aux quatre coins de la calotte glaciairecalotte glaciaire. Mais les chiffres sont vraiment énormes », affirme Isabella Velicogna, premier auteure de l'étude.

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    En direct du Groenland : au cœur des changements en Arctique avec Florian Ledoux

    Des crevasses visibles au sud du Groenland en 2017. © Nasa, <em>Operation IceBridge</em>
    Des crevasses visibles au sud du Groenland en 2017. © Nasa, Operation IceBridge

    L'océan est monté de 2,2 millimètres en l'espace de deux mois

    C'est l'analyse des données recueillies par deux satellites de la NasaNasa, Grace et Grace-Fo, qui a pu mettre au jour cette fonte des glaces hors-norme. Les scientifiques ont appliqué une méthode, appelée « mass budget method », qui permet de calculer la différence des bilans de masse entre la calotte glaciaire et la glace qui s'écoule en périphérie.

    La fonte des inlandsis groenlandais a contribué à la montée des océans. Selon un rapport de la NOAA, l'Arctique perd près de 267 milliards de tonnes de glace chaque année (avant 2019). Cette eau ruisselle dans les océans et augmente leur niveau d'environ 0,7 millimètre par an.

    Avec les 600 milliards de tonnes de glace perdues en seulement deux mois, le niveau des océans est monté de 2,2 millimètres selon la Nasa

    De l'autre côté de la TerreTerre, en Antarctique, la glace fond aussi inexorablement, mais une zone à l'est du continent de glace semble grandir en raison de chutes de neige importantes.