La plupart des stratégies de lutte contre le réchauffement climatique se concentrent sur les émissions de CO2. Pourtant, le gaz carbonique n’est pas le seul responsable. S’attaquer aux rejets de méthane et de suie limiterait également le phénomène tout en améliorant la santé de la population et la productivité agricole, affirme une étude américaine.

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    Le réchauffement climatique ne dépend pas que des émissions de CO2. Le méthane (qui contribue à la production d'ozone) et la suie (ou d'autres noirs de carbonecarbone) jouent également des rôles non négligeables. Respectivement 30 % et 20 % du phénomène seraient causés par ces deux éléments, contre 50 % pour le gazgaz carbonique. Pourtant, tous les efforts actuels pour réduire la production des gaz à effet de serre et limiter l'augmentation des températures se concentrent sur le dioxyde de carbone, avec de maigres résultats.

    Une équipe de chercheurs, dirigée par David Shindell, climatologueclimatologue à la NasaNasa, explique qu'il serait possible d'agir plus efficacement en réduisant les émissionsémissions de méthane et de suie. Cette étude, publiée dans la revue Science, a également sélectionné 14 méthodes (parmi plus de 2.000 suggestions) qui seraient fortement bénéfiques pour le climat et à moindre coût.

    Les industries pétrolières et carbochimiques sont particulièrement visées, mais pas seulement. L'étude suggère notamment de placer des filtres à particules sur chaque voiturevoiture diesel, d'améliorer les stations d’épuration actuelles ou... de ventiler les rizières. En effet, des micro-organismesmicro-organismes fixés sur le riz produiraient 60 millions de tonnes de méthane par an, soit 20 à 40 % de la production mondiale. La ventilationventilation des rizières limiterait la croissance des bactériesbactéries anaérobies (vivant en absence d'oxygène), celles qui produisent ce gaz. La plupart des mesures peuvent être appliquées rapidement et dès aujourd'hui. Les frais liés à leur utilisation seraient rapidement compensés par les gains qui en résulteraient.

    Il serait possible de réduire de 40 % le volume de méthane rejeté dans l'atmosphère annuellement en utilisant des technologies existantes. Une bonne action pour lutter contre le réchauffement. © Nasa GISS, Flickr, CC by 2.0

    Il serait possible de réduire de 40 % le volume de méthane rejeté dans l'atmosphère annuellement en utilisant des technologies existantes. Une bonne action pour lutter contre le réchauffement. © Nasa GISS, Flickr, CC by 2.0

    Pollution : moins de morts et plus de rentabilité

    Lutter contre les rejets de méthane et de suie présente d'autres avantages. La qualité de l’air ne peut que s'améliorer. La mort prématurée de 700.000 à 4,7 millions de personnes par an pourrait ainsi être évitée. L'agriculture en ressortirait également grandie. La diminution de la pollution à l’ozone pourrait augmenter le rendement agricole de certaines cultures. Les chiffres cités estiment cet accroissement de productivité à 135 millions de tonnes par an en 2030.

    Les scientifiques sont parvenus à ces conclusions en couplant deux modèles informatiques développés par le Nasa's Goddard Institute for Space Studies (GISS, New-York) et par le Max PlanckMax Planck Institute for Meteorology (MPI-M, Hambourg). La réduction des émissions de méthane serait bénéfique pour l'ensemble de la planète puisqu'il circule longtemps dans l'atmosphère. Une diminution de la production de suie aurait des effets à plus petite échelle. Les particules retombent rapidement.

    L'applicationapplication de toutes les mesures préconisées permettrait de réduire le réchauffement climatique de 0,5 °C  d'ici 2050. L'objectif fixé par le G8, limiter le réchauffement à maximum 2 °C, pourrait ainsi être tenu.