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Evolution projetée de la température en surface pour la fin du XXIè siècle (2090-2099) par rapport à la période 1980-1999, selon les projections moyennes obtenues avec plusieurs modèles de la circulation générale couplés atmosphère-océan. Source : Giec
Un an après le petit accord de Bali et dans le difficile contexte de la crise financière mondiale, les deux semaines de négociations de l'UNFCCC (United Nations Framework Convention on Climate Change)) qui viennent de s'ouvrir lundi 1er décembre à Poznan, dans l'ouest de la Pologne, marquent l'ultime étape d'une série de conférences annuelles organisées sous l'égide de l'ONU. C'est véritablement le début d'un compte à rebours au terme duquel les 192 du pays signataires de la Convention de l'ONU sur les changements climatiqueschangements climatiques (CNUCCC) devront obligatoirement aboutir à Copenhague en décembre 2009.
La prise de résolutionsrésolutions est urgente et la partie loin d'être gagnée. Car depuis la création en 1988 du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (Giec), les émissionsémissions mondiales de gaz à effet de serre n'ont jamais été aussi importantes tandis que de nouveaux acteurs entraient en lice. Le premier d'entre eux est sans conteste la Chine. Après avoir ratifié le protocole de Kyoto mais obtenu des exemptions, ce pays s'est hissé en haut du podium, devenant le premier pollueur mondial.
Si les émissions de gaz à effet de serre se sont légèrement améliorées du côté des pays industrialisés entre 1990 (année de référence dans les négociations) et 2006, avec une réduction de 4,7 %, le bilan est nettement moins reluisant si l'on ne considère que la période 2000 - 2006, marquée par une augmentation de 2,3 % dans la foulée des anciens pays de l'Est (+7,4 %).
Tout au fond de la classe, là où se tiennent par tradition les plus mauvais élèves, on aperçoit les pays d'Amérique du Nord avec (par référence à 1990) une augmentation de 21,7 % pour le Canada, 14,4 % pour les Etats-Unis, ainsi que l'Australie (28,8 %). L'Europe du Sud fait figure de cancre avec une hausse des émissions espagnoles de 50,6 % et portugaises de 40 %.
Elévation de la température moyenne du globe entre 1860 et 2000. Les lignes colorées indiquent les tendances pour des périodes différentes : jaune, 25 ans ; orange, 50 ans ; bleue, 100 ans ; rouge, 150 ans. Source : Giec
Dans son premier rapport, le Giec prévoyait une augmentation probable des températures au niveau mondial de 1,8°C à 4°C d'ici l'an 2100 relativement à 1990, alors que la température s'est accrue de moins de 1°C au cours du dernier siècle. Le protocole de Kyoto, entré en vigueur en 2005 et qui s'applique pour la période 2008 - 2012, a bien été signé par 183 états mais il n'est cependant contraignant que pour les 37 pays industrialisé qui se sont engagés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 5,2 % à l'horizon 2012.
Les experts scientifiques estiment que limiter la hausse des températures à 2°C implique de commencer à faire décroître les émissions de gaz à effet de serre à partir de 2015 au plus tard, puis de véritablement renverser la tendance d'ici à 2050.
Les enjeux du sommet de Poznan
L'objectif principal du sommet de Poznan est d'obtenir un accord global sur la politique économique de chaque pays, mais aussi sur le système d'échange de quotas de gaz à effet serre. En effet, ce dernier impose actuellement aux industriels de réduire leurs émissions polluantes, tout en leur permettant de continuer à émettre du CO² sous le couvert d'un rachat de quotas. La Pologne, l'Italie, et surtout l'Allemagne, ne se satisfont plus de ces exemptions payantes, et réclament en chœur des quotas gratuits. « C'est en investissant dans les technologies propres que l'on créera de l'emploi, pas en exemptant les industriels du principe de pollueur-payeurprincipe de pollueur-payeur ! » s'indigne dans Libération le député européen Claude Turmes (Luxembourg).
La communauté internationale réunie à Poznan, forte de quelque 9.000 délégués de 185 pays de la planète entière, semble consciente de l'enjeu de cette réunion qui doit jeter les bases d'un accord global devant être conclu fin de 2009 à Copenhague. Le ministre polonais de l'environnement Maciej Nowicki s'est attaché à convaincre les participants de l'importance de leur tâche, jugeant que « l'humanité par ses comportements a déjà poussé le système de la planète TerreTerre jusqu'à ses limites ».
Les avertissements porteront-ils leurs fruits ? Ce n'est pas sûr. Les 11 et 12 décembre prochains, les chefs d'Etat de l'Union européenne doivent se réunir afin de tenter une ultime conciliation autour du « paquetpaquet » climat-énergieénergie. Une rencontre au sommet où chaque responsable, nul n'en doute, considérera ses propres spécificités et aura à cœur de démarrer d'excellentes résolutions... après son voisin.
Une nouvelle représentation
Au cours de ce sommet l'équipe Bush représente les Etats-Unis pour la dernière fois. Cette fin de règne est vécue comme un soulagement par la plupart des membres, encouragés par la résolution du président élu Barack Obama qui s'est engagé à ramener les émissions de gaz à effet de serre des Etats-Unis à leur niveau de 1990 d'ici 2020. Mais le président élu n'est pas à Poznan...
Contrairement aux politiques, les scientifiques sont déjà d'accord entre eux. D'accord pour prévoir, à la quasi-unanimité sécheressessécheresses, inondationsinondations, migrations massives, extinctions d'espècesespèces, pandémiespandémies, etc. D'accord aussi pour estimer que le coût de ce qu'ils considèrent non comme un défi, mais une conséquence, sera gigantesque et engloutira plusieurs centaines de milliards d'euros par an. Et enfin d'accord pour promettre les pires plaies à la planète si les diplomates se perdent en vaines négociations ou vaguesvagues promesses.