Au cœur du désert du Sahara subsistent quelques lacs qui n'ont jamais été asséchés depuis plus de 4.000 ans malgré les conditions d'extrême sécheresse. Ces lacs contiennent les seules archives climatiques de la région. Leur étude permet de retracer l'évolution du climat sur les derniers millénaires mais également de comprendre les systèmes climatiques qui influencent cette région du Globe.
[EN VIDÉO] Nuée de sable du Sahara sur la France Ce phénomène arrive plusieurs fois par an mais cette fois-ci il est particulièrement dense et étendu, donnant droit à des images spectaculaires.
Comprendre l'histoire climatique du Sahara, qui représente le plus grand désert chaud du monde, est capital pour mieux appréhender les processus qui régissent la dynamique du système climatique. Cependant, cet objectif scientifique se heurte à un problème majeur qui est la pauvreté des archives climatiques dans cette région du globe. Dans ce domaine, notre connaissance du Sahara durant la période Holocène, débutée il y a 11.700 ans, est actuellement très incomplète, les marqueurs de l'évolution climatique du passé étant très rares dans la zone continentale intérieure.
C'est tout particulièrement le cas pour les derniers 3.000 ans. Cette lacune de données vient principalement de l'aridification de la partie nord de l'Afrique qui a débuté dès le milieu de l'Holocène et a engendré un assèchement total des lacs de la région. Or, les environnements lacustres, par les processus sédimentaires qui y règnent, représentent des zones d'archives climatiques majeures.
Les lacs, archives climatiques
Les conditions environnementales influencent en effet la nature des dépôts sédimentaires qui vont s'accumuler au fil du temps au fond des lacs. L'évolution du climat, et en particulier de la température et de la pluviométrie, peut ainsi être lue dans les strates sédimentaires des anciens lacs. Mais un lac asséché n'est plus en mesure de remplir ce rôle d'archivage. L'érosion, qui prévaut alors, peut de plus entrainer une perte de l'information précédemment archivée.
En conséquence, il n'existe actuellement que très peu de données sédimentaires permettant de reconstruire le paléoclimat de la région saharienne sur les derniers milliers d'années. Les seuls lacs connus actuellement pour avoir accumulé un enregistrement sédimentaire de bonne qualité sont les lacs d'Ounianga dans le nord-est du Tchad.
Miraculeusement échappés de l’assèchement depuis plus de 4.000 ans
Cette région contient en effet deux oasis (Ounianga Kebir et Onianga Serir) qui sont aujourd'hui des sites classés par l'Unesco du fait de la présence, unique dans cette région du Globe soumis à un climat hyper-aride, de 18 habitats aquatiques permanents. Une situation exceptionnelle puisque, aujourd'hui, les pluies y sont extrêmement rares : de l'ordre de 10 millimètres de pluie annuellement entre 1970 et 2000. Ces maigres précipitations représentent la limite d'influence du régime climatique estival qui domine la région du Sahel, quelque 300 kilomètres au sud.
Cet apport d'eau est cependant largement insuffisant pour compenser l'évaporation des lacs d'Ounianga. Leur assèchement n'est évité que grâce à la décharge continue d'un aquifère fossile, qui a été rechargé pour la dernière fois au début de l'Holocène, il y a environ 10.000 ans, alors que la région connaissait des conditions climatiques très humides. À cette époque, le Sahara était alors une vaste savane, jalonnée de nombreux lacs, avec un important réseau de rivières. Les lacs d'Ounianga sont donc les vestiges de cette période humide africaine désormais révolue.
Sécheresse extrême dans le Sahara il y a 4.200 ans
Une équipe de scientifiques s'est intéressée aux dépôts sédimentaires présents au fond du lac Teli, le plus grand lac permanent de l'oasis Ounianga Serir. Grâce à l'analyse des dépôts et à la datation au 14C des sédiments de ce lac, les scientifiques ont réussi à reconstruire l'évolution paléohydrologique du bassin. Les résultats, publiés dans Science Advances, montrent qu'il y a 4.200 ans, le Sahara a connu un épisode d’hyper-aridité similaire, voire plus extrême, que l'actuel. L'enregistrement sédimentaire continu atteste que le lac étudié n'a cependant pas connu d'assèchement durant les derniers milliers d'années grâce à l'apport en eau souterraine de l'aquifère fossile, même si les scientifiques notent des variations du niveau du lac en lien avec les variations temporelles des pluies et de l'évaporation de surface.
Des conditions peu arides entre 1.250 et 1.400
Sur le dernier millénaire, période sur laquelle il n'existait quasiment aucune donnée jusqu'à présent, les chercheurs montrent qu'entre 950 et 1250, le Sahara et le Sahel n'étaient, étonnamment, pas particulièrement secs. Une importante période de sécheresse aurait cependant prévalu avant, entre 550 et 750. On retrouve les conditions les moins arides entre 1250 et 1400, période qui correspond au début du petit âge glaciaire (PAG) en Europe et au développement de fortes moussons tropicales. De même, au sommet de cette période de refroidissement globale du climat, entre 1450 et 1800, le Sahara ne présentait pas des conditions excessivement arides.
Cette étude permet de mieux comprendre la dynamique climatique de la région et notamment l'influence à grande échelle des moussons tropicales de l'Afrique de l'ouest, mais également la modulation à plus court terme par la circulation dans l'océan Atlantique.
Bolivie, le désert de Salvador Dalí Le désert de Salvador Dalí — ou pour faire plus court, le désert de Dalí — de trouve en Bolivie, dans la réserve de faune andine Eduardo Avaroa, à 4.750 mètres d’altitude. Et c’est sans aucun doute l’un des déserts les plus surprenants du monde. Une terre qui regorge de minéraux aux couleurs surnaturelles. Des crêtes montagneuses arides. Des rochers et des cailloux posés là, comme tombés du ciel. Une véritable plongée dans l’œuvre délirante de l’artiste espagnol. Il ne manque plus que des arbres morts, des cygnes-éléphants et quelques montres dégoulinantes… © marches-lointaines.com, Flickr, CC by-nc-sa 2.0
Tunisie, les dunes de Ksar Ghilane L’oasis de Ksar Ghilane est l’une des portes qui ouvrent sur le désert du Sahara tunisien. Le lieu était déjà habité à l’époque romaine mais l’oasis doit son existence à un forage pétrolier qui a permis, en 1953, d’y découvrir une nappe phréatique cachée à 700 mètres de profondeur. Aujourd’hui, elle est devenue très touristique mais la beauté des dunes voisines vaut probablement le détour. On les découvre d’ailleurs dans toute leur splendeur sur cette photographie, prise en fin d’après-midi. À cette heure de la journée, les dunes de Ksar Ghilane prennent en effet une magnifique teinte orangée animée de jolis reflets dorés. © Alain Bachellier, Flickr, CC by-nc-sa 2.0
Egypte, l'étonnant désert blanc Situé à une cinquantaine de kilomètres au nord de l’oasis d’Al-Farafra en Égypte — dans le nord-est du Sahara, donc —, le « désert blanc » offre des paysages splendides et uniques en leur genre. Au Crétacé en effet, la mer a déposé ici une couche d’alluvions calcaires. Lorsqu’elle s’est retirée, petit à petit, elle a laissé derrière elle une roche ressemblant à de la craie. Une roche qui s’est ensuite retrouvée soumise aux attaques des vents, notamment. Et c’est l’érosion qui a, au fil des siècles, créé dans le sable ces formes étranges que nous pouvons aujourd’hui admirer. Des sortes de champignons géants, aux tons jaunes, ocre et blancs. © gyst, Flickr, CC by-nc-sa 2.0
Chili, le magnifique désert d’Atacama Malgré la présence de lagunes salées, le désert d’Atacama, situé au nord du Chili, est un désert hyperaride. Certaines régions ne voient pas la moindre goutte de pluie pendant 50 ans. Il présente de fait un niveau élevé d’endémisme végétal et se démarque par l’adaptation de certaines espèces à la survie dans des conditions figurant parmi les plus dures de la planète. Ici est notamment aussi installé l’observatoire astronomique du Cerro Paranal qui abrite le Very Large Telescope. Et c’est ici également que la Nasa a testé certains véhicules destinés à l’exploration de Mars. © mariusz kluzniak, Flickr, CC by-NC-ND 2.0
Sahara, le désert sauvage de l’Erg Chigaga L’erg Chegaga constitue l’erg le plus grand du Sahara au Maroc. Mais il reste sauvage car assez difficile d’accès. L’occasion donc d’y vivre quelques expériences exceptionnelles pour ceux qui voudront s’y aventurer. Rappelons que le Sahara — qui signifie d’ailleurs tout simplement « désert » en arabe — est le plus grand désert chaud du monde. Il couvre plus de 8,5 millions de kilomètres carrés. Depuis 1991, le Maroc administre la plus grande partie du Sahara occidental mais reste sous tension. © Melanie K Reed Photography, Flickr, CC by-nc-sa 2.0
Chine, le désert des lacs mystérieux Le désert de Badain Jaran est le troisième plus grand désert de Chine. Il s’étend sur environ 49 000 kilomètres carrés. On y trouve d’incroyables dunes — les plus hautes du monde — qui peuvent s’élever jusqu’à 500 mètres de hauteur. Mais le plus étonnant, c’est qu’entre ces dunes se faufilent de nombreux lacs. On en compterait plus de 140 ! De quoi valoir à ce surprenant désert, le nom de « désert des lacs mystérieux » en mongol. Autre curiosité, plus géologique que touristique : des analyses ont pu montrer que l’eau que l’on trouve dans ce désert est issue de la fonte de neiges sur des montagnes situées à des centaines de kilomètres de là. © Guo Qi, Flickr, CC by-NC-ND 2.0
Namibie, des dunes de couleur rouge Au sud-ouest de la Namibie se trouve le désert côtier de Namib. Ce désert est considéré comme le plus vieux désert du monde. Il aurait en effet plus de 55 millions d’années. Et il abrite les dunes de Sossusvlei. Des dunes aux couleurs vives. Rouges notamment, à cause du trioxyde de fer (Fe2O3) qu’on y trouve. Des dunes qui avec leurs plus de 375 mètres de haut — contre à peine plus de 110 mètres pour la dune du Pilat — font partie des plus hautes dunes du monde. Certaines d’entre elles prennent la forme d’étoiles sous l’action de vents soufflant dans différentes directions. © mr.ahorn, Flickr, CC by-nc-sa 2.0
Niger, les dunes nigériennes du Sahara Il y a quelques millions d’années, on y trouvait des lacs. Aujourd’hui, ils sont asséchés et le Sahara, avec ses quelque neuf millions de kilomètres carrés, est devenu le désert le plus grand du monde. D’autant qu’il semble ne pas cesse de s’étendre. Et loin d’être uniforme, ses paysages sont riches et variés. Les couleurs éclatantes et changeantes des dunes de la région d’Arakao, au Niger, sont un exemple de son extraordinaire beauté. Là se trouve le site dit de la pince de crabe : un cirque de montagnes ouvert sur le Ténéré et par lequel s’engouffre un cordon de dunes blondes et ocre. © Michael Martin, CC by-sa 3.0
Maroc, les impressionnantes dunes orangées Pour pénétrer l’erg Chegaga, un étonnant désert de dunes orangées, il faut parcourir une cinquantaine de kilomètres de pistes entre pierres et sable. C’est ainsi que malgré le fait qu’il soit le plus grand erg du Sahara au Maroc, il reste aussi le plus sauvage. Rappelons que les ergs ont ceci de particulier que seul le sable superficiel de leurs dunes est balayé par les vents. Ils constituent quelque 20 % de la surface totale du désert du Sahara. Et le début de leur formation remonte à l’époque du Pléistocène. © Sylvain Bourdos, Flickr, CC by-nc-sa 2.0
Arabie saoudite, le parcours de sable d’Abou Dhabi Abu Dhabi, qui signifie littéralement « père de la gazelle », est le plus grand émirat des Émirats arabes unis. Il abrite un magnifique désert de sable que l’on appelle le Rub al-Khali, comprenez, « le quart vide ». Car s’il est magnifique, il est aussi l’un des endroits les plus arides de la planète. Dans la partie désert de Liwa, on peut découvrir celle qui est considérée comme la plus grande dune du monde. Le Tel Moreeb culmine à plus de 300 mètres de hauteur. Notez que le désert de Rub al-Khali accueille un rallye automobile, l’Abu Dhabi Desert Challenge, une course organisée chaque année par la Fédération internationale de l’automobile (FIA). © Visit Abu Dhabi, Flickr, CC by-nc-sa 2.0
Bolivie, le salar d’Uyuni, le désert de sel bolivien À plus de 3.500 mètres d’altitude, sur les hauts plateaux du sud-ouest de la Bolivie, repose un paysage tout à fait exceptionnel. Avec une superficie de quelque 10.500 km2, le salar d’Uyuni représente le plus vaste désert de sel du monde. Il s’est formé il y a environ 10.000 ans, par l’assèchement progressif du Lago Minchin, un lac préhistorique géant. En plein milieu du salar d’Uyuni se trouve une île composée de roches calcaires. On y découvre même des restes de coraux et de coquillages. Et surtout, il y pousse des cactus géants qui peuvent atteindre plus de 10 mètres de haut. Le salar d’Uyuni regroupe par ailleurs un tiers des réserves de lithium exploitables de la planète. © Martin St-Amant, Wikimedia Commons, CC by-sa 3.0
Espagne, les dunes de Maspalomas Le site dit des dunes de Maspalomas constitue une réserve naturelle spéciale protégée pour sa beauté et pour le riche écosystème qu’il abrite. Le site se décompose en une superbe plage, un champ de dunes envoutantes, un bois de palmier et un lac saumâtre. Un magnifique mélange de désert et d’oasis situé sur l’île espagnole de Grande Canarie. L’endroit est particulièrement prisé des touristes. Et certaines zones sont plus spécialement appréciées des nudistes. © szeke, Flickr, CC by-nc-sa 2.0
Chili, un lac salé en plein désert d’Atacama Considéré comme le désert le plus aride de la planète, le désert chilien d’Atacama cache pourtant des oasis à la faune et la flore abondantes, des lacs aux couleurs étonnantes et de nombreux volcans en activité. Ainsi, au milieu du désert, dans le salar d’Atacama se trouve un immense lac. Il est alimenté de rivières venant de la Cordillère des Andes. Au sud, une carrière exploite l’important gisement de lithium local. Et on y trouve quelques lagunes dans lesquelles il est possible de se baigner. Et même de flotter, compte tenu de leur concentration en sel. © Benjamin Jakabek CC by-nc 2.0