Les anciens habitants du Sahara se délectaient de tilapias, silures et autres poissons, lorsque la région était encore recouverte de lacs et de marais. Mais, au fur et à mesure de l'assèchement de la région, ils ont dû changer de régime alimentaire pour se tourner vers la chasse et l'élevage.
Le Tadrart Acacus, au sud-ouest de la Libye est aujourd'hui l'une des régions les plus arides du monde. Balayée par les vents et recouverte de dunes de sable, la température moyenne y dépasse les 40 °C l'été et la pluviosité est d'à peine 0 à 20 mm par an. Durant la période de l'Holocène, entre 12.000 et 6.000 ans avant J.C, le Sahara était pourtant une vaste savane, avec une végétation luxuriante, des lacs et des marais peuplés d'hippopotames, de crocodiles et de poissons.
Un festin de tilpias et de silures
Les poissons sont alors tellement abondants qu'ils constituent la très grande majorité du régime alimentaire des habitants, révèle une nouvelle étude parue le 19 février dans Plos One. Les chercheurs ont analysé 17.500 fossiles datant de 10.200 à 4.650 ans prélevés près du site de Takarkori, et ont constaté que 80 % des restes d'animaux appartenaient à des poissons d’eau douce (tilapias et silures), avec des marques montrant qu'il s'agit de déchets alimentaires humains.
Les autres fossiles appartiennent à 19 % à des mammifères (bovins, moutons, gazelles, gros rongeurs...), le 1 % restant étant constitué d'oiseaux, reptiles, amphibiens et mollusques. Si le poisson était logiquement courant au menu des populations au bord des côtes, « la quantité de poissons que nous avons trouvée est sans précédent dans le Sahara central », révèle à Newsweek Savino di Lernia, de l'université Sapienza de Rome et coauteur de l'étude.
L’assèchement progressif des lacs
L'étude met surtout en évidence le changement rapide de climat intervenu dans le Sahara à cette époque. Alors que les arêtes de poisson représentent 90 % des restes datés de 10.200 à 8.000 ans, cette proportion chute brutalement à 40 % dans la période la plus récente (5.900 à 4.650 ans). « La quantité de poissons diminue avec le temps concomitamment à une augmentation de la contribution des mammifères, ce qui montre que les habitants de Takarkori se sont progressivement concentrés sur la chasse et l'élevage », décrivent les auteurs. Un changement de régime contraint par l'assèchement de la région, qui a débuté vers 8.000 ans avant J.C.
Plusieurs lacs autour du site ont alors subi des baisses de niveau importantes, jusqu'à disparaître complètement autour de 5.500 ans. Les habitants ont cependant pu continuer à pêcher dans la rivière, comme le montre la proportion croissante de silures par rapport au tilapia, une espèce mieux adaptée aux rivières et aux salinités élevées. « Il est cependant étonnant de constater que le poisson reste un pilier de l'alimentation des éleveurs, même à la période la plus récente, indique Savino di Lernia. Ce qui montre que ces derniers étaient d'excellents pêcheurs ».
Poissons, chèvres, fonio et yaourts
Cette découverte apporte un indice supplémentaire sur le mode de vie des habitants d'Afrique à l'Holocène. Le Tadrart Acacus est bien connu pour ses peintures rupestres décrivant la faune de l'époque : éléphants, girafes, autruches, chevaux... Le site de Takarkori a révélé une quantité impressionnante d'informations. On y a notamment découvert les premiers signes en Afrique de la culture de céréales et du stockage de graines, des preuves de fabrication de yaourt et de bouillies sur des tessons de poterie, ainsi que des restes humains, naturellement momifiés, de pasteurs du Néolithique. Aujourd'hui, les rares nomades qui parcourent le désert avec leurs dromadaires ont intérêt à faire des réserves d'eau.
- À l’époque de l’Holocène, le nord du Sahara était une vaste savane parsemée de lacs et de rivières.
- Le poisson était alors à la base du régime alimentaire des habitants.
- Au fur et à mesure de l’assèchement de la région, les habitants se sont progressivement tournés vers la chasse et l’élevage.
Bolivie, le désert de Salvador Dalí Le désert de Salvador Dalí — ou pour faire plus court, le désert de Dalí — de trouve en Bolivie, dans la réserve de faune andine Eduardo Avaroa, à 4.750 mètres d’altitude. Et c’est sans aucun doute l’un des déserts les plus surprenants du monde. Une terre qui regorge de minéraux aux couleurs surnaturelles. Des crêtes montagneuses arides. Des rochers et des cailloux posés là, comme tombés du ciel. Une véritable plongée dans l’œuvre délirante de l’artiste espagnol. Il ne manque plus que des arbres morts, des cygnes-éléphants et quelques montres dégoulinantes… © marches-lointaines.com, Flickr, CC by-nc-sa 2.0
Tunisie, les dunes de Ksar Ghilane L’oasis de Ksar Ghilane est l’une des portes qui ouvrent sur le désert du Sahara tunisien. Le lieu était déjà habité à l’époque romaine mais l’oasis doit son existence à un forage pétrolier qui a permis, en 1953, d’y découvrir une nappe phréatique cachée à 700 mètres de profondeur. Aujourd’hui, elle est devenue très touristique mais la beauté des dunes voisines vaut probablement le détour. On les découvre d’ailleurs dans toute leur splendeur sur cette photographie, prise en fin d’après-midi. À cette heure de la journée, les dunes de Ksar Ghilane prennent en effet une magnifique teinte orangée animée de jolis reflets dorés. © Alain Bachellier, Flickr, CC by-nc-sa 2.0
Egypte, l'étonnant désert blanc Situé à une cinquantaine de kilomètres au nord de l’oasis d’Al-Farafra en Égypte — dans le nord-est du Sahara, donc —, le « désert blanc » offre des paysages splendides et uniques en leur genre. Au Crétacé en effet, la mer a déposé ici une couche d’alluvions calcaires. Lorsqu’elle s’est retirée, petit à petit, elle a laissé derrière elle une roche ressemblant à de la craie. Une roche qui s’est ensuite retrouvée soumise aux attaques des vents, notamment. Et c’est l’érosion qui a, au fil des siècles, créé dans le sable ces formes étranges que nous pouvons aujourd’hui admirer. Des sortes de champignons géants, aux tons jaunes, ocre et blancs. © gyst, Flickr, CC by-nc-sa 2.0
Chili, le magnifique désert d’Atacama Malgré la présence de lagunes salées, le désert d’Atacama, situé au nord du Chili, est un désert hyperaride. Certaines régions ne voient pas la moindre goutte de pluie pendant 50 ans. Il présente de fait un niveau élevé d’endémisme végétal et se démarque par l’adaptation de certaines espèces à la survie dans des conditions figurant parmi les plus dures de la planète. Ici est notamment aussi installé l’observatoire astronomique du Cerro Paranal qui abrite le Very Large Telescope. Et c’est ici également que la Nasa a testé certains véhicules destinés à l’exploration de Mars. © mariusz kluzniak, Flickr, CC by-NC-ND 2.0
Sahara, le désert sauvage de l’Erg Chigaga L’erg Chegaga constitue l’erg le plus grand du Sahara au Maroc. Mais il reste sauvage car assez difficile d’accès. L’occasion donc d’y vivre quelques expériences exceptionnelles pour ceux qui voudront s’y aventurer. Rappelons que le Sahara — qui signifie d’ailleurs tout simplement « désert » en arabe — est le plus grand désert chaud du monde. Il couvre plus de 8,5 millions de kilomètres carrés. Depuis 1991, le Maroc administre la plus grande partie du Sahara occidental mais reste sous tension. © Melanie K Reed Photography, Flickr, CC by-nc-sa 2.0
Chine, le désert des lacs mystérieux Le désert de Badain Jaran est le troisième plus grand désert de Chine. Il s’étend sur environ 49 000 kilomètres carrés. On y trouve d’incroyables dunes — les plus hautes du monde — qui peuvent s’élever jusqu’à 500 mètres de hauteur. Mais le plus étonnant, c’est qu’entre ces dunes se faufilent de nombreux lacs. On en compterait plus de 140 ! De quoi valoir à ce surprenant désert, le nom de « désert des lacs mystérieux » en mongol. Autre curiosité, plus géologique que touristique : des analyses ont pu montrer que l’eau que l’on trouve dans ce désert est issue de la fonte de neiges sur des montagnes situées à des centaines de kilomètres de là. © Guo Qi, Flickr, CC by-NC-ND 2.0
Namibie, des dunes de couleur rouge Au sud-ouest de la Namibie se trouve le désert côtier de Namib. Ce désert est considéré comme le plus vieux désert du monde. Il aurait en effet plus de 55 millions d’années. Et il abrite les dunes de Sossusvlei. Des dunes aux couleurs vives. Rouges notamment, à cause du trioxyde de fer (Fe2O3) qu’on y trouve. Des dunes qui avec leurs plus de 375 mètres de haut — contre à peine plus de 110 mètres pour la dune du Pilat — font partie des plus hautes dunes du monde. Certaines d’entre elles prennent la forme d’étoiles sous l’action de vents soufflant dans différentes directions. © mr.ahorn, Flickr, CC by-nc-sa 2.0
Niger, les dunes nigériennes du Sahara Il y a quelques millions d’années, on y trouvait des lacs. Aujourd’hui, ils sont asséchés et le Sahara, avec ses quelque neuf millions de kilomètres carrés, est devenu le désert le plus grand du monde. D’autant qu’il semble ne pas cesse de s’étendre. Et loin d’être uniforme, ses paysages sont riches et variés. Les couleurs éclatantes et changeantes des dunes de la région d’Arakao, au Niger, sont un exemple de son extraordinaire beauté. Là se trouve le site dit de la pince de crabe : un cirque de montagnes ouvert sur le Ténéré et par lequel s’engouffre un cordon de dunes blondes et ocre. © Michael Martin, CC by-sa 3.0
Maroc, les impressionnantes dunes orangées Pour pénétrer l’erg Chegaga, un étonnant désert de dunes orangées, il faut parcourir une cinquantaine de kilomètres de pistes entre pierres et sable. C’est ainsi que malgré le fait qu’il soit le plus grand erg du Sahara au Maroc, il reste aussi le plus sauvage. Rappelons que les ergs ont ceci de particulier que seul le sable superficiel de leurs dunes est balayé par les vents. Ils constituent quelque 20 % de la surface totale du désert du Sahara. Et le début de leur formation remonte à l’époque du Pléistocène. © Sylvain Bourdos, Flickr, CC by-nc-sa 2.0
Arabie saoudite, le parcours de sable d’Abou Dhabi Abu Dhabi, qui signifie littéralement « père de la gazelle », est le plus grand émirat des Émirats arabes unis. Il abrite un magnifique désert de sable que l’on appelle le Rub al-Khali, comprenez, « le quart vide ». Car s’il est magnifique, il est aussi l’un des endroits les plus arides de la planète. Dans la partie désert de Liwa, on peut découvrir celle qui est considérée comme la plus grande dune du monde. Le Tel Moreeb culmine à plus de 300 mètres de hauteur. Notez que le désert de Rub al-Khali accueille un rallye automobile, l’Abu Dhabi Desert Challenge, une course organisée chaque année par la Fédération internationale de l’automobile (FIA). © Visit Abu Dhabi, Flickr, CC by-nc-sa 2.0
Bolivie, le salar d’Uyuni, le désert de sel bolivien À plus de 3.500 mètres d’altitude, sur les hauts plateaux du sud-ouest de la Bolivie, repose un paysage tout à fait exceptionnel. Avec une superficie de quelque 10.500 km2, le salar d’Uyuni représente le plus vaste désert de sel du monde. Il s’est formé il y a environ 10.000 ans, par l’assèchement progressif du Lago Minchin, un lac préhistorique géant. En plein milieu du salar d’Uyuni se trouve une île composée de roches calcaires. On y découvre même des restes de coraux et de coquillages. Et surtout, il y pousse des cactus géants qui peuvent atteindre plus de 10 mètres de haut. Le salar d’Uyuni regroupe par ailleurs un tiers des réserves de lithium exploitables de la planète. © Martin St-Amant, Wikimedia Commons, CC by-sa 3.0
Espagne, les dunes de Maspalomas Le site dit des dunes de Maspalomas constitue une réserve naturelle spéciale protégée pour sa beauté et pour le riche écosystème qu’il abrite. Le site se décompose en une superbe plage, un champ de dunes envoutantes, un bois de palmier et un lac saumâtre. Un magnifique mélange de désert et d’oasis situé sur l’île espagnole de Grande Canarie. L’endroit est particulièrement prisé des touristes. Et certaines zones sont plus spécialement appréciées des nudistes. © szeke, Flickr, CC by-nc-sa 2.0
Chili, un lac salé en plein désert d’Atacama Considéré comme le désert le plus aride de la planète, le désert chilien d’Atacama cache pourtant des oasis à la faune et la flore abondantes, des lacs aux couleurs étonnantes et de nombreux volcans en activité. Ainsi, au milieu du désert, dans le salar d’Atacama se trouve un immense lac. Il est alimenté de rivières venant de la Cordillère des Andes. Au sud, une carrière exploite l’important gisement de lithium local. Et on y trouve quelques lagunes dans lesquelles il est possible de se baigner. Et même de flotter, compte tenu de leur concentration en sel. © Benjamin Jakabek CC by-nc 2.0